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[Baromètre] La précarité hygiénique : facteur d’exclusion sociale qui persiste et s’aggrave 

À 2 mois de la prochaine journée mondiale de la précarité menstruelle attendue le 28 mai prochain et à 10 mois de la mise en vigueur de la loi AGEC, avec ce 2ème baromètre, Dons solidaires appelle à continuer la mobilisation forte de l'ensemble des acteurs politiques, économiques pour venir en aide aux populations les plus fragiles.

Le baromètre "Hygiène et Précarité en France"
Dons Solidaires/ IFOP dresse ici un état des lieux de l'évolution de la précarité hygiénique et de son impact sur l'estime de soi et l'insertion sociale. 

« En 2019, Dons Solidaires et l'IFOP, par la première étude française sur l'Hygiène et la Précarité, ont tiré la sonnette d'alarme face à une problématique grave et méconnue : plusieurs millions de personnes ne peuvent accéder à des produits de première nécessité tels que les produits d'hygiène. La crise que nous vivons actuellement marque une progression inquiétante de la précarité et aggrave encore ces difficultés. C'est ce que nous avons souhaité mesurer dans la réédition de cette étude », déclare Dominique Besançon, Déléguée Générale de Dons Solidaires.
  
Engagée dans la lutte contre le gaspillage et l'exclusion sociale depuis sa création en 2004, l'association Dons Solidaires continue de se mobiliser fortement sur ce sujet qu'elle a largement contribué à faire émerger dans les débats publics depuis 2019 : le manque d'accès aux produits d'hygiène pour les personnes les plus démunies et ses conséquences sociales. Pour actualiser les données de mars 2019, et en mesurer les évolutions, l'institut IFOP a repris la même méthodologie : un double sondage national composé de deux échantillons - l'un représentatif de la population française et l'autre, exclusivement composé de personnes en situation de précarité, sondées à travers le réseau d'associations partenaires de Dons Solidaires. Ce baromètre a pour objectif de devenir un référentiel de mesure de l'évolution de la précarité hygiénique afin d'interpeler et de mobiliser les pouvoirs publics, de sensibiliser les entreprises du secteur ainsi que le grand public.

La précarité hygiénique, une réalité bien ancrée

Les données de l'étude de 2021 concernant l'accès à l'hygiène restent préoccupantes. Par manque d'argent, 7% des français se lavent les cheveux avec autre chose que du shampoing (vs 6% en 2019), 6 % n'utilisent pas ou contrôlent leur consommation de papier toilette (vs 7% en 2019) et 4% se lavent sans utiliser de gel douche ou de savon (idem 2019). Au total, ce sont 3 millions de français qui aujourd'hui se privent toujours de produits d'hygiène de base faute de moyens.

Le renoncement aux produits de base est d'autant plus inquiétant qu'il est largement plus fréquent parmi les bénéficiaires d'associations et reste un marqueur de grande précarité. Globalement le taux de renoncement de cette population est 4 fois plus élevé que pour le panel national.

« Quand il manque de l'argent, je ferme les yeux au supermarché ; j'achète seulement à manger et je dis à mes enfants : lave-toi avec l'eau ! On fait avec les moyens du bord. » Aïcha, maman de 5 enfants, bénéficiaire de l'association Together We Can.
 

Apparence et hygiène : du jugement au mal-être

L'apparence et l'hygiène sont des critères déterminants de jugement des autres…
Le sentiment de malaise par rapport à l'apparence est répandu dans la population : 69% des français déclarent qu'une mauvaise odeur corporelle donne une mauvaise opinion d'une personne, (vs 73% en 2019).

… entrainant un mal-être qui va jusqu'à l'exclusion sociale.
10 millions de français soit 17% de la population renoncent à sortir en raison de leur apparence. Une situation qui concerne davantage les plus précaires avec un taux de 28% chez les bénéficiaires d'association.


La précarité hygiénique, une situation qui s’est dégradée pour les publics les plus fragiles : les femmes, et les jeunes enfants 

1/ Précarité menstruelle : les voyants au rouge
1,7 million de femmes en France, soit 9% de la population, sont victimes de précarité menstruelle. Une situation encore plus préoccupante chez les 18-24 ans qui sont 15% à être concernées.
Sujet longtemps tabou, la précarité menstruelle est une réalité que le baromètre de 2019 a permis de mettre en exergue.  Bien que la problématique soit dorénavant prise en compte par les acteurs publics et privés, 1,7 million de femmes (9%) ne disposent toujours pas de suffisamment de protections hygiéniques. 
La situation est encore plus préoccupante chez les 18-24 ans qui sont 12% à renoncer à l'achat de protections hygiéniques par manque d'argent et 15% à ne pas changer régulièrement de protections hygiéniques (vs 8% des femmes).

« Quand je n'ai pas de protections hygiéniques, système D, je mets du tissu. Pour mes filles c'est différent, elles vont à l'infirmerie du collège mais ça les gêne de demander. » Léa, mère célibataire, bénéficiaire de l'association Together We Can.
 

2/ L’accès aux produits d’hygiène chez les jeunes enfants, un marqueur fort d’inégalités dès la naissance
Même si les renoncements se font d'abord sur l'achat de jeux d'éveil (54%) ou de vêtements (52%), 16% des parents d'enfants en bas-âge ont des difficultés à acheter des couches pour leurs bébés. C'est 2,5 fois plus courant chez les bénéficiaires d'associations (37%).
Et la situation s'est fortement dégradée depuis un an : 1 parent de jeunes enfants sur 5 (22%) déclarant avoir plus de difficultés à acquérir des couches depuis le début de la crise sanitaire et plus d'1 parent sur 2 (56%) dans le cas des bénéficiaires d'associations.

3/ La précarité hygiénique renforce le mal-être des jeunes… 
La crise sanitaire a particulièrement touché les jeunes de moins de 25 ans qui sont aujourd'hui 1 sur 10 à renoncer à l'achat de produits d'hygiène de base faute de moyens. Ce renoncement les conduit à adopter des stratégies de contournement en se lavant par exemple les cheveux avec autre chose que du shampoing pour 10% ou les dents sans dentifrice pour 9%.

« Il m'arrive de me laver les cheveux avec du gel douche parce que je n'ai pas autre chose. Je dilue les produits aussi, pour les faire durer plus longtemps », Tabara, étudiante, bénéficiaire de l'épicerie sociale du Mans.
 
 
Ce 2ème baromètre « Hygiène et Précarité en France » le confirme, la précarité hygiénique est une réalité ancrée aujourd'hui au sein de la population française et semble s'inscrire dans la durée. La démarche barométrique est donc nécessaire pour avoir un référentiel et suivre l'évolution des indicateurs afin de continuer de mobiliser les acteurs publics et privés. 

Dons Solidaires est au cœur du dispositif dans son rôle de trait d'union entre les entreprises, les institutions, les associations et leurs bénéficiaires. L'engagement de tous doit perdurer, s'amplifier, pour permettre aux plus vulnérables d'accéder aux produits d'hygiène indispensables à la dignité de chacun.
 
Tous unis pour le don - Tous unis pour l'hygiène.
 

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