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Quelles réponses au harcèlement moral au travail ?

Exclusion des temps forts de l'entreprise, isolement, remarques désobligeantes voire insultes....  

Le harcèlement moral au travail est une réalité. Si les raisons de ces comportements échappent aux victimes, la recherche " That wasn't our deal : A psychological contract perspective on employee responses to bullying " révèlent que ces mêmes victimes de harcèlement ont une forte tendance à tenir les employeurs responsables de leur souffrance plutôt que l'harceleur. De même, elle souligne que les réactions des victimes divergent en fonction de leur sexe.

Les chercheures formulent une action sur 3 niveaux pour accompagner les entreprises dans ce défi.


1/ Un seul responsable pour la victime
 : l'employeur !

A travers 2 études menées en France et en Grèce auprès de plus de 300 participants, la recherche "That wasn't our deal: A psychological contract perspective on employee responses to bullying » démontre que les employés harcelés sont fermement convaincus que ces épisodes relèvent de la responsabilité de l'entreprise et non de l'harceleur, quels que soient l'intitulé du poste, le secteur d'emploi ou le type d'entreprise. « Les théories de l'échange social et les théories d'attribution intégrées proposent et testent un modèle dans lequel le lien entre le harcèlement moral au travail et la satisfaction professionnelle et personnelle s'explique par une rupture du contrat psychologique », décrypte Helena González-Gómez, enseignante-chercheure de NEOMA Business School et co-auteure de cette recherche. En somme, l'employé est convaincu que l'organisation n'a pas réussi à tenir ses engagements, avec à la clé insatisfaction professionnelle et débordement sur la vie personnelle


2/ Des réactions qui divergent en fonction du genre

L'étude souligne également que les réactions face au harcèlement diffèrent en fonction du sexe et de l'âge de la victime. « Nos conclusions montrent que les hommes ont tendance à affronter le harcèlement différemment des femmes. En cohérence avec les stéréotypes des hommes durs et forts, ceux-ci tendent à tenir l'harceleur ou encore eux-mêmes pour responsables plutôt que l'entreprise. Quant aux femmes, elles se plongent dans des états émotionnels préjudiciables et accusent l'entreprise d'être à l'origine de la situation », précise Helena González-Gómez. Des réactions particulièrement prononcées chez les employés ayant davantage d'ancienneté.


3/ Quelles mesures adopter en tant qu'employeur
 ?

Par conséquent, il revient aux organisations d'intervenir si elles veulent que leurs employés soient heureux et satisfaits. Que peut-elle proposer pour minimiser le risque de rompre (implicitement) ses promesses à cause du harcèlement et de ses conséquences néfastes ? Comment réagir face aux victimes de harcèlement, hommes et femmes, de différents groupes d'âge ?

La première réponse naturelle serait de dire que les employés doivent discuter entre eux de leurs problèmes (Il est à noter que la Californie impose désormais aux grandes organisations - employant plus de 50 personnes - de former des managers à la prévention du harcèlement professionnel).

Autre piste de réflexion potentielle : une « politique zéro tolérance » pour empêcher le harcèlement au travail avant même qu'il n'apparaisse.  « Toutefois, si on prend un exemple outre-Rhin, même les politiques de lutte contre le harcèlement mises en place par la Deutche Bank n'ont pas empêché la société de faire les gros titres, avec le procès intenté par Helen Green, une ancienne secrétaire de l'entreprise, qui a gagné près d'1 million de livres de dommages et intérêts après avoir été victime de harcèlement ». Ce genre de cas et les conclusions contrastées de la recherche menée par cette équipe de chercheuses montrent que la prise en charge du harcèlement sur le lieu de travail s'avère bien plus complexe.


Les travaux font émerger 3 stratégies pour faire face à ce phénomène indésirable, qui portent à la fois sur l'organisation, la sensibilisation et la communication.

- Premièrement, faciliter la tâche des employés qui veulent signaler le harcèlement en éliminant toute bureaucratie. Les victimes ne doivent rencontrer aucun obstacle pour exprimer leurs problèmes.
- Deuxièmement, proposer aux femmes une formation spéciale les aidant à se défendre et à affronter un harceleur. Expliciter le fait que l'entreprise entend protéger les femmes. Proposer aux hommes un accompagnement visant à comprendre les racines profondes du statut masculin et les stéréotypes de prévention du harcèlement.
- Troisièmement, ne pas oublier les employés avec de l'ancienneté - en instaurant un canal de communication spécial pour eux et ne perdez pas leur savoir précieux.

« Même si le harcèlement moral au travail peut être répandu, il existe des solutions pour y faire face, et comme ce projet le démontre, les organisations doivent comprendre le phénomène et prendre position », conclut Helena González-Gómez.

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