Par Alexandra Richert, Présidente
d'Advocaciz, cabinet spécialisé en RP.
Alors que l’Assemblée
nationale a, une nouvelle fois, avancé l’entrée en vigueur du congé
supplémentaire de naissance au premier janvier deux mille vingt-six, rien n’est
stabilisé : le Sénat défend toujours deux mille vingt-sept et aucun décret
n’est publié. Une réforme censée promouvoir l’égalité parentale demeure donc
techniquement impréparable pour ceux qui devront l’appliquer concrètement.
Encore une fois, les
TPE sont sommées de s’adapter à des décisions prises dans l’urgence, sans
visibilité opérationnelle ni outils pour organiser le fractionnement, les
remplacements ou l’évaluation des coûts. Le dispositif semble pensé pour les
grandes entreprises dotées de services RH, pas pour des structures où une
absence de plusieurs semaines représente vingt pour cent à trente pour cent de
l’effectif et peut désorganiser l’activité du jour au lendemain.
Et surtout, la réforme
ignore totalement les chefs d’entreprise eux-mêmes, pourtant parents comme les
autres. Aucune indemnité spécifique, aucune solution de remplacement, aucune
égalité réelle. Une politique familiale ne peut être juste si elle ne s’applique
qu’aux salariés et oublie ceux qui portent l’entreprise.
Pour les responsables
de TPE, trois garanties sont indispensables pour éviter que la mesure ne
devienne une nouvelle charge impossible à absorber :
• Neutralité de
trésorerie,
sans aucune avance de salaire demandée aux entreprises.
• Souplesse
organisationnelle,
avec un fractionnement réellement adaptable aux cycles d’activité.
• Prise en compte
explicite des dirigeants, aujourd’hui exclus du dispositif.
Sans un cadre clair,
des garanties financières et un accompagnement adapté, l’allongement du congé
pourrait provoquer surcharge pour les équipes restantes y compris le chef
d’entreprise, hausse des coûts de remplacement, retards ou pertes de clientèle,
dégradation de la trésorerie.
Les TPE ne peuvent absorber seules une réforme aussi lourde, aussi floue et aussi éloignée des réalités du terrain. Une égalité parentale durable ne sera possible qu’avec un dispositif réellement accessible à toutes les familles et soutenable pour toutes les entreprises.


