À
l’occasion de la COP 30 et du 10e anniversaire de l’Accords de Paris, l’ADEME
dresse un bilan de l’évolution des perceptions et des attentes des Français
face aux enjeux climatiques et publie la 26e vague de son baromètre « Les
représentations sociales du changement climatique ».
Cette année, les
résultats révèlent que si les Français se montrent toujours favorables à des
actions fortes face au changement climatique, leur regard sur la capacité
collective d’action pour tenter d’en limiter les effets tend vers le
pessimisme.
Pour Sylvain Waserman, Président-Directeur général de l’ADEME : « Depuis l’Accord de Paris, nos concitoyens ont fait évoluer leurs habitudes de consommation, de mobilité, leurs usages de l'énergie...
Ce baromètre en témoigne : les Français déclarent avoir fait leur
part pour le climat. Mais il montre aussi une attente forte : celle d’une
accélération concomitante de l’action publique. Pour atteindre la neutralité
carbone d’ici 2050, l’État doit continuer d’accompagner, encourager et
amplifier ces transformations, partout sur le territoire ».
Un niveau d’inquiétude
important des Français vis-à-vis des conséquences du changement climatique
Près de huit Français sur dix accordent de l'importance à la protection de l'environnement, mais face à d’autres enjeux conjoncturels, les questions les plus importantes pour eux restent la hausse des prix (20%), les déficits publics et la dette (17%), l’immigration (14%), la sécurité des biens et personnes
(11%), devant l’environnement, la
transition écologique et la santé publique (8% chacun). Le problème
environnemental le plus préoccupant est le changement climatique (49%), loin
devant la dégradation de la biodiversité (33%), de la pollution de l'eau (28%)
et des sols (20%).
Quand plus d’un
Français sur deux déclarent aujourd’hui avoir déjà subi les conséquences du
réchauffement climatique là où il habite (52%), ils étaient moins d’un quart en
2015 (24%). Tandis que 52% considèrent que les scientifiques évaluent
correctement les risques climatiques, un quart de la population (25%) juge
qu’ils sous-estiment les risques et 22% qu'ils les exagèrent.
D’ailleurs, 72% des
Français se disent inquiets concernant le changement climatique, dont 27% très
inquiets. En 10 ans, le pessimisme sur le changement climatique et ses
conséquences a gagné du terrain : depuis 2016, est observée une hausse de 10
points des personnes qui ne pensent pas que le changement climatique sera
limité à des niveaux raisonnables d’ici à la fin du siècle (de 56% à 66%), et
qui anticipent que les conditions de vie deviendront extrêmement pénibles à
cause des dérèglements climatiques (de 55% à 65%). Un plus fort pessimisme
quant aux possibilités de s’adapter est aussi à noter : quand 40% avaient
l’espoir qu’on s’adaptera sans trop de mal en 2016, ils ne sont plus que 30%
aujourd’hui.
Des Français qui en
attendent davantage de la part des pouvoirs publics
Pour plus de six
Français sur dix, les actions mises en œuvre en France depuis l'Accord de Paris
ne sont pas à la hauteur des objectifs fixés.
76% jugent que la règlementation concernant la protection de l'environnement devrait être renforcée,
23% estiment qu’elle devrait être assouplie. Et pour les deux tiers
des Français, la priorité de la politique économique devrait être de réorienter
en profondeur l’économie en ne soutenant que les activités qui préservent
l’environnement, quand 33% estiment qu’il faudrait soutenir tous les secteurs,
même au risque de conséquences négatives sur certains objectifs
environnementaux.
Les acteurs considérés
comme les plus efficaces pour résoudre le problème du changement climatique
restent les États (49%) et citoyens (46%), suivi des instances internationales
(28%) et des entreprises (26%). Toutefois, parmi ceux qui agissent le plus, les
Français placent en tête les citoyens (41%), suivi des collectivités (32%), et
assez loin derrière, les États (26%), puis les associations (22%), les
entreprises (18%) et les instances internationales (17%).
Près de 8 Français sur
10 pensent que leur territoire sera obligé de prendre des mesures importantes
dans les prochaines décennies pour s'adapter au changement climatique. Parmi
ceux qui ont connaissance des mesures déjà prises (59%), 42% jugent qu’elles ne
sont pas suffisantes (+ 6pts par rapport à 2024).
Les Français se
déclarent, de manière stable depuis 10 ans, largement favorables à un ensemble
de politiques publiques ambitieuses en matière de transition écologique, en
particulier :
• 82% considèrent comme souhaitable le développement
des énergies renouvelables ;
• 77% sont favorables à l’interdiction de la
publicité pour les produits à fort impact environnemental ;
• 70% se prononcent en faveur d’une obligation des
propriétaires à rénover et à isoler les logements lors d'une vente ou d'une
location ;
• 67% se déclarent favorables à obliger la
restauration collective publique à proposer plus de menus végétariens,
biologiques et/ou de saison ;
• 62% sont pour taxer davantage le transport aérien
au profit du train.
Des Français qui se
sont beaucoup mobilisés ces dernières années et qui montrent des signes
d’essoufflement
En 10 ans, les Français
ont beaucoup fait évoluer leurs pratiques. Par exemples :
• baisser la température de leur logement de 2
ou 3°C l’hiver :
+19pts, 48% à 67% aujourd’hui
• consommer moins : +19pts, 37% à 56%
• limiter leur consommation de viande : +14pts, de39% à 53%
• acheter des légumes de saison : +13pts (de 58% à 71%)
• choisir des produits avec moins d’impacts sur
l’environnement :
+11pts (de 28% à 39%).
Mais aujourd’hui une
hausse de la résistance à changer son mode de vie s’observe : quand 12%
déclaraient en 2016 qu’ils accepteraient des changements à condition qu’ils
restent dans des proportions modérées, n’étant pas prêts à accepter des
changements radicaux, ils sont 19% aujourd’hui.
Des jeunes démobilisés
?
En dehors des pratiques
de mobilité, les jeunes déclarent avoir adopté moins de pratiques écologiques
que leurs ainés. Par exemples :
• Trier les déchets : 96% des plus de 65 ans
déclarent le faire, contre 51% des 18-24 ans
• Baisser la température de son logement de
deux ou trois degrés l’hiver : 79% des plus de 65 ans déclarent le faire,
contre 40% des 18-24 ans
• Acheter des légumes de saison : 87% des plus de 65 ans
déclarent le faire, contre 40% des
18-24 ans
• Limiter la consommation de viande : 62% des plus de 65 ans déclarent le faire, contre 37% des
18-24 ans.
En parallèle, 19% des 18-24 déclarent faire leur maximum, contre 31% des Français en moyenne, et 27% ne sont pas prêts à accepter des changements radicaux dans leur mode de vie, contre 19% en moyenne.


