La seconde édition de l’Observatoire Cetelem de l’Habitat 2025 confirme l’attachement des Européens à leur logement, ainsi que leur volonté de l’optimiser sur le plan énergétique.
Néanmoins, elle met en lumière les paradoxes auxquels sont confrontés les ménages, qui se heurtent à des obstacles majeurs pour engager la transition énergétique : contraintes budgétaires, complexité des démarches et incertitude quant au retour sur investissement.
Au travers de l’analyse des freins et des motivations, l’étude identifie
5 leviers pour débloquer la mutation vers un habitat plus durable.
Un attachement au
logement fragilisé par la pression financière
89% des Européens (86%
des Français) déclarent être attachés à leur logement et 92% s’en disent
satisfaits, en hausse de 3 points (91% des Français). Le logement apparaît donc
comme un véritable refuge : un espace de stabilité et de réassurance dans un contexte
marqué par des crises successives et une incertitude généralisée qui semble
s’installer durablement. C’est dans ce cocon que chacun cherche à se protéger,
à se reconstruire et à retrouver un sentiment de contrôle sur son quotidien.
L’attachement au
logement repose sur une diversité de critères. En France, la plupart de ces
critères présentent un équilibre relatif entre importance perçue et niveau de
satisfaction. Cependant, certains se distinguent par des écarts significatifs
entre ce que les Français jugent essentiel et leur niveau de satisfaction : le
prix, le sentiment de sécurité et la performance énergétique.
Face à la hausse des
coûts, 59% des Français souhaitent modifier leurs habitudes pour réduire leur
consommation d’énergie. L’investissement dans de nouveaux équipements (40%) et
a fortiori la réalisation de travaux (42%) sont plus en retrait, signe d’un arbitrage
raisonné des efforts. L’Espagne, le Portugal, l’Italie et la Pologne témoignent
d’une dynamique plus forte que l’Allemagne, la France, l’Angleterre et la
Belgique.
Economie et confort :
les moteurs concrets de la rénovation
La pression sur le
pouvoir d’achat est généralisée, et elle influence directement les décisions
liées à la rénovation du logement. Ainsi, 44% des Français effectuent des
travaux de rénovation pour réaliser des économies. Dans le même temps, 47%
citent le confort comme principale motivation. Le confort devient donc une
priorité essentielle, un confort général, en toutes saisons, face aux
fluctuations thermiques et à la qualité de l’air, souvent liée aux systèmes de
chauffage.
Dans ce contexte, la
conscience écologique comme moteur principal de la rénovation enregistre une
baisse significative de 9 points depuis l’an dernier (9% contre 11% en Europe,
en recul de 10 points). Ce n’est pas que la dimension environnementale ait disparu,
mais plutôt qu’elle semble désormais intégrée et acquise. Les Français sont
passés à l’action : ils ont compris l’importance de cette transition, qui ne
constitue plus un sujet de débat, mais une réalité incorporée dans leurs choix.
Cinq leviers pour
débloquer le passage à l’acte
La rénovation
énergétique n'est pas qu'une question de technique ou de financement : c'est un
ensemble de leviers, humains, économiques et politiques, qui, mis en cohérence,
permettent de passer de l'intention à l'action.
1. La pédagogie pour
combler le déficit d’information
56% des Français
estiment ne pas être suffisamment informés sur le coût réel des travaux à
prévoir, un chiffre nettement plus élevé que chez nos voisins européens (49%).
Mieux informer constitue donc un levier déterminant pour faciliter le passage à
l’acte et faire en sorte que la rénovation énergétique cesse d’être une
préoccupation abstraite pour devenir une décision concrète et accessible.
L’entourage joue
également un rôle décisif dans le passage à l’acte de rénovation : 73% des Français sont
influencés par des discussions avec leurs proches. Ils sont, en revanche, moins
sensibles aux échanges avec des professionnels (62%). Ce sont les artisans, les
installateurs et les acteurs de proximité qui exercent l’influence la plus
forte : ils inspirent confiance, car ils incarnent la compétence sur le
terrain. Les médias (44%) et les réseaux sociaux (35%) ont, quant à eux, une
influence bien plus faible.
2. Les travaux : la
preuve par les résultats
Les travaux de
rénovation énergétique fonctionnent, et les Français en ont conscience. 60% de ceux qui ont
réalisé des travaux constatent une baisse de leur facture d’énergie, et 75%
jugent que cette baisse est à la hauteur de leurs attentes, voire supérieure.
Ce sont des chiffres essentiels, car ils ancrent la rénovation dans le concret :
un investissement visible, mesurable et rentable.
3. La valeur du
patrimoine : un moteur rationnel
Investir dans la
rénovation énergétique, c’est aussi investir dans la valeur de son bien. 87%
des Français en sont convaincus : les travaux réalisés dans un logement ont un
impact direct sur sa valeur immobilière, mais aussi sur le loyer – qu’ils le
paient ou qu’ils le perçoivent. Par conséquent, ils sont 58% à en attendre un
retour sur investissement dans un délai inférieur à 5 ans. C’est une logique à
la fois économique et écologique : mieux isoler, c’est préserver son confort
immédiat tout en consolidant son patrimoine. À long terme, la performance
énergétique devient un critère de valorisation à part entière, au même titre que
la surface ou la localisation.
4. Les aides publiques
: un levier essentiel
Si seulement 11% des
Français connaissent les aides financières existantes et savent comment les
obtenir, ces dispositifs jouent pourtant un rôle déterminant. Si elles venaient à
disparaître demain, 60% des propriétaires français réduiraient ou renonceraient
à leurs travaux. Par ailleurs, 80% des Français ne connaissent pas précisément
les réglementations en vigueur. Ces résultats montrent que la transition énergétique
n’est pas seulement une affaire de conviction, mais aussi une question d’accès.
Sans incitation, la dynamique s’essouffle. Or, avec des dispositifs stables et
lisibles, les Français s’engagent. La constance de l’État est donc la condition
de la confiance des ménages.
5. Le financement :
l’intégration comme solution
Les deux principaux
freins à la rénovation énergétique aujourd’hui sont le coût, particulièrement
en France, et la complexité des démarches, souvent vécues comme un véritable
parcours du combattant. En réalité, la contrainte financière agit comme l’arbre
qui cache la forêt : elle cristallise les abandons, mais masque une série
d’autres obstacles tout aussi décisifs. Ainsi, 68% des Français déclarent avoir
renoncé à des travaux pour des raisons financières. Mais ce chiffre ne doit pas
occulter les 32% qui abandonnent leur projet pour des raisons non financières :
lourdeurs administratives (20%), propositions jugées peu rassurantes (18%),
pénurie d’artisans qualifiés (15%), ou encore un manque d’information (15%).
Concernant le
financement, le crédit, à première vue, reste un mot qui fait peur. 55% des Français ne
trouvent pas normal d’y recourir pour financer des travaux de rénovation
énergétique. Mais tout change lorsque le financement est intégré au parcours :
55% estiment qu’une solution de crédit proposée directement par l’entreprise
réalisant les travaux serait un atout, et 56% apprécieraient qu’une offre de
financement soit intégrée au devis. Autrement dit, le frein n’est pas le crédit
lui-même, mais la complexité administrative.
« L’étude montre que la question n’est plus « pourquoi agir ? » mais « comment agir concrètement ? ». Les Européens sont prêts à s’engager dans la transition énergétique, mais leurs décisions demeurent bridées par des contraintes financières et administratives, ainsi que par une exigence de rentabilité rapide. Simplifier les parcours, rendre les aides plus accessibles et mieux informer les ménages apparaissent comme des leviers décisifs pour accélérer la transformation », explique Flavien Neuvy, Directeur de l’Observatoire Cetelem.


