Via son comité scientifique et ses échanges constants avec les acteurs de terrain, MedInTechs, le grand rendez-vous de l’innovation en santé, met en lumière un enjeu majeur : l’arrivée imminente de l’intelligence artificielle agentique dans le monde médical.
Cette technologie, capable de coordonner plusieurs « agents »
spécialisés pour accomplir des tâches complexes, est déjà à l’œuvre dans
l’industrie ou la logistique. En santé, elle représente la prochaine grande
rupture : et la France doit s’y préparer dès aujourd’hui.
« L’IA
agentique s’installe déjà ailleurs. Si la santé n’anticipe pas, elle sera
contrainte d’utiliser des outils qu’elle n’aura ni conçus ni maîtrisés » explique Stéphanie
Allassonnière, membre du comité scientifique de MedInTechs & Professor and
Vice-President Valorisation, University Paris Cité, Chaire PR[AI]RIE chez
Institut PR[AI]RIE. Co-founder of Sonio.ai
De
l’IA générative à l’IA agentique : un changement d’échelle
Contrairement
à l’IA générative, qui produit des textes ou des images, l’IA agentique agit :
elle orchestre et relie des actions humaines et numériques. Dans un hôpital,
elle pourrait préparer une consultation, planifier des examens, produire un
compte rendu ou optimiser la charge d’un bloc opératoire.
« L’IA
agentique, c’est le chef d’orchestre du parcours médical : elle fait jouer
ensemble les soignants, les outils et les données », poursuit Stéphanie
Allassonnière.
Partout,
ces systèmes permettraient de rendre aux soignants du temps médical et
d’améliorer la qualité du suivi patient. Mais encore faut-il que la France se
prépare à les intégrer dans ses hôpitaux.
Un
enjeu de souveraineté numérique et sanitaire
Sans
stratégie nationale, les acteurs français adopteront par défaut des solutions
américaines ou chinoises — au risque de perdre la maîtrise des données, des
certifications et des principes éthiques. MedInTechs appelle à une stratégie
santé souveraine autour de l’IA, articulant :
• une formation massive aux usages cliniques de
l’IA ;
• un cadre réglementaire agile pour les essais
et les validations ;
• des financements ciblés pour accélérer les
innovations locales.
« Le
modèle économique de la prévention et de l’IA en santé est un paradoxe : tout
le monde veut les bénéfices, mais personne ne veut financer la mise de départ » souligne Stéphanie
Allassonnière,
Cas
concrets : de la recherche clinique à la prévention
• Essais
cliniques :
grâce aux agents intelligents, il devient possible de rédiger automatiquement
des protocoles, présélectionner les patients éligibles ou créer des cohortes
artificielles. Pour certains traitements majeurs ; par exemple le protocole
d’Alzheimer développé par Lilly, aucun patient français n’a été recruté, en
raison de processus trop longs ou insuffisamment attractifs pour les promoteurs
d’études. Cette situation interroge la capacité de l’Europe à rester un acteur
central de la recherche clinique. « L’IA agentique ne remplace pas la
recherche, mais elle permet d’accélérer des étapes clés : présélection des
patients, cohorte virtuelle pour compléter l’inclusion, automatisation des
protocoles… Autant de leviers qui peuvent rendre les essais plus fluides et, à
terme, renforcer l’attractivité européenne » selon Stéphanie
Allassonnière,
• Prévention : les IA agentiques
pourraient cibler les populations à risque, mesurer les effets réels des
programmes et piloter les politiques de santé.
Mais le
cadre juridique actuel empêche encore les mutuelles d’utiliser les données
santé à des fins préventives. « Une mutuelle ne peut pas proposer un
programme de prévention du cancer du poumon à un assuré fumeur ; un verrou
juridique qui freine l’innovation »
• Diabète
: la
boucle fermée (capteurs + pompe + IA) prouve que la technologie améliore déjà
la vie des patients. « Le diabète prouve que l’IA change déjà la vie des
patients : à nous d’en faire une stratégie, pas une exception »
Et
maintenant ?
Alors que
la France investit massivement dans la santé numérique, MedInTechs appelle à un
virage concret : une stratégie souveraine de l’IA en santé, qui intègre les IA
agentiques dans la formation, la recherche, et les politiques publiques
«
Notre mission, c’est d’éviter que la santé soit en retard d’une révolution.
L’IA agentique n’est pas une mode : c’est une évolution structurelle qui
transformera le soin, la prévention et la recherche. Il faut la comprendre,
l’encadrer et la co-construire avec les soignants et les citoyens » déclare Muriel
Benitah, fondatrice de MedInTechs.
- RDV au
Salon et Congrès MedInTechs du 15 au 17 mars 2026 - Parc Floral de Paris : Événement majeur dédié
à l’innovation en santé, MedInTechs 2026 réunira chercheurs, start-ups,
industriels, associations, patients et institutions pour explorer les
transformations du système de santé.
Nouveauté
2026 :
un Congrès scientifique international, organisé en parallèle du salon, abordera
les grands sujets d’avenir — dont l’IA agentique, la prévention, les patients
experts et les nouveaux modèles de financement de la santé.
- RDV
les 9 et 10 mars 2026 pour la conférence de haut niveau sur le sujet : « Quel avenir pour la médecine à l’ère de l’IA
agentique ? »
— un débat majeur sur l’impact de ces nouvelles intelligences collaboratives
sur les pratiques médicales, la recherche et la gouvernance sanitaire.
Trois jours pour comprendre, expérimenter et débattre de la santé de demain.


