Par Les Amis de la Terre France
À quatre mois des élections
municipales, Les Amis de la Terre France, soutenus par
9 organisations, mettent en ligne la plateforme sortonsdugaz.fr permettant aux citoyens de chiffrer la dépendance de leur commune au gaz fossile et d’agir.
Cet outil permet de de
révéler qu’avec un coût moyen de 1 182€ par habitant, le Grand Est est la
région française où la consommation de gaz fossile est la plus intense.
Le gaz « naturel » est partout dans le quotidien des Français : dans les cuisinières, les chaudières, les réservoirs des bus, chez les particuliers mais aussi dans les administrations ou bâtiments publics.
Présenté à tort comme une « énergie de
transition » moins dangereuse que le pétrole et le charbon, le gaz est une
énergie fossile particulièrement polluante, chère et néfaste pour la santé
:
• Le prix du gaz est très instable, car il dépend
fortement des aléas géopolitiques mondiaux. Alors que 98% du gaz consommé en
France est importé, le prix moyen des importations a doublé entre 2016 et 2021,
puis a encore triplé entre 2021 et 2022.
• Le gaz détériore la santé respiratoire des
enfants.
En 2023 en France, 150 000 enfants souffraient d’asthme à cause de l’exposition
au dioxyde d’azote causée par les cuisinières à gaz. Cet impact est similaire à
celui du tabagisme passif. Quant aux centrales à gaz, on estime qu’elles sont
responsables de 17% des cancers des poumons et un tiers des cas d’asthme chez
les enfants en Europe.
• Dans de nombreux cas, et en prenant en
compte l’ampleur des fuites de méthane tout au long de la chaîne
d’approvisionnement, le gaz peut avoir un impact climatique supérieur à
celui du charbon.
Face à la défaillance
de l’État à mener une politique énergétique ambitieuse, les municipalités
peuvent faire la différence en réduisant drastiquement la demande globale. Les
communes du Grand Est y ont d’autant plus intérêt qu’elles dépendent en moyenne
beaucoup plus du gaz fossile que dans les autres régions françaises. Dans le
Grand Est, le coût annuel moyen du gaz pour les communes raccordées au réseau
gazier est de 1 182€ par habitant, contre 630€ en moyenne nationale. Strasbourg
et Reims font partie du top 3 des grandes villes françaises consommant le plus
de gaz.
Anna-Lena Rebaud des
Amis de la Terre France analyse ce classement : « A Strasbourg, le
gaz coûte 473€ par habitant, dont 184€ ont été reversés aux États-Unis ou à la
Russie. Le gaz consommé à Strasbourg sur une année équivaut à 145 000 voitures
thermiques en circulation. C’est 3,5 fois plus qu’à Grenoble qui se distingue
par sa faible dépendance au gaz fossile. Réduire la facture énergétique, les
émissions de gaz à effet de serre, les risques pour la santé, la soumission aux
aléas géopolitiques : il n’y a que des bénéfices à engager des politiques
communales de réduction de la dépendance au gaz. ».
Parmi les leviers
d’action dont elles disposent, les communes peuvent décider de rénover mairies,
écoles, hôpitaux, piscines... et d’en changer le mode de chauffage. Paris s’est
par exemple fixé pour objectif de sortir des énergies fossiles dans tous les
équipements publics d’ici 2040, avec une politique de rénovation et de
raccordement au réseau de chaleur urbain. Des villes plus petites sont
également des exemples de succès : à Malaunay en Seine Maritime (6 200
habitants), l’ensemble du patrimoine bâti de la ville a été rénové. Les
économies sont estimées à 27 000€ par an. Autant d’argent qui peut être utilisé
pour améliorer la qualité de vie : par exemple, cette somme équivaut aux
dépenses de fonctionnement de l'école de musique et de la bibliothèque
municipale.
Les Amis de la Terre France demandent aux maires et futurs candidats aux municipales de faire de la sortie du gaz une priorité dans leurs programmes. Alors que les alternatives existent, il est irresponsable de laisser la facture énergétique des administrables à la merci de Poutine ou de Trump.


