Et si, pour être un leader durable, il fallait
moins penser comme un ingénieur et davantage comme un philosophe ?
Par Mario Bucciarelli,
Fondateur de CoachingCore et créateur du programme ASSO©
Dans mon travail
quotidien, j’observe une constante : de nombreux managers et leaders que
j’accompagne se sentent mal à l’aise dans leur rôle de people manager.
Tous ont un point
commun : ils excellent dans leur métier. Leur performance les a propulsés vers
des postes de direction.
Dans les organisations,
les postes de commande sont souvent confiés à ceux qui ont performé. C’est
logique : ils ont prouvé leur excellence.
Mais performer
n’enseigne pas à conduire des équipes, ni à développer une vision systémique de
l’organisation.
Les leaders
“ingénieurs” : l’expertise avant tout
J’observe deux grandes familles de leaders.
Les premiers, que
j’appelle les “managers ingénieurs”, ne sont pas nécessairement issus d’une
école d’ingénieurs, mais ils en partagent la logique : celle de la maîtrise
technique et de l’efficacité.
Ces leaders sont des
experts dans leur domaine. Orientés résultat, rapides et proactifs, ils
agissent comme des “pace makers” : ils impriment un rythme fort, que leurs
équipes peinent parfois à suivre.
Leur approche produit
des résultats visibles à court terme, souvent spectaculaires. Mais ces
performances reposent sur une dynamique linéaire, donc plus vulnérable à
l’environnement VUCA, Volatilité, Incertitude, Complexité et Ambiguïté, qui
caractérise notre époque.
Les leaders
“philosophes” : penser le système avant la performance
À l’opposé, les
“managers philosophes” conçoivent l’organisation comme un système vivant.
Ils privilégient la
vision à long terme, s’intéressent aux interactions entre individus et équipes,
et voient la performance comme une conséquence d’un écosystème sain.
Ces leaders prennent le temps d’observer, de comprendre, de faire évoluer les dynamiques humaines avant d’agir. Leurs résultats se construisent dans la durée, mais leur impact est plus profond, plus résilient.
Ils s’inscrivent dans
une logique d’organisation apprenante, où le capital humain devient le
véritable levier de performance durable.
De l’ingénieur au
philosophe : une évolution nécessaire
La bonne nouvelle,
c’est qu’un ingénieur peut devenir philosophe.
Et d’ailleurs, beaucoup
de “philosophes” ont commencé comme “ingénieurs”.
Il ne s’agit pas
d’opposer deux modèles, mais de comprendre que l’un peut se nourrir de l’autre.
Les organisations ont
tout intérêt à accompagner ce passage.
Former leurs leaders à
la pensée systémique, à la compréhension des dynamiques humaines et à la
construction d’une vision à long terme, ce n’est pas un luxe : c’est une
nécessité stratégique.
Ce changement de paradigme permet de se libérer des contraintes du VUCA.
Il développe quatre
atouts clés :
• Une Vision claire et inspirante,
• Une Compréhension profonde des variables et
interactions,
• Une Clarté dans la décision et la
communication,
• Une Agilité dans la mise en œuvre des
stratégies.
Autrement dit, il
transforme la performance en pérennité.
Le leadership de demain
sera conscient ou ne sera pas
Nous vivons une époque
où les organisations sont appelées à se réinventer, à conjuguer rentabilité et
durabilité, efficacité et sens.
Dans ce contexte, les
leaders de demain ne seront plus seulement des experts capables de performer,
mais des consciences capables d’éclairer.
Car dans un monde incertain, ce ne sont plus les plus performants qui durent, mais les plus conscients.


