Si le nombre total des accidents du travail en France diminue depuis plus de 20 ans, cette tendance cache de fortes disparités en fonction du sexe, comme la hausse de 26% d’accidents du travail chez les femmes versus la baisse de 40% chez les hommes (source Assusrance maladie - Risques professionnels). Dans le dernier numéro de sa revue Hygiène & sécurité du travail, l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) consacre un dossier à la question de l’impact du sexe sur la santé au travail et l’intérêt d’une prévention différenciée.
Alors que les maladies
professionnelles, comme les troubles musculo-squelettiques (TMS), les allergies
cutanées et les épisodes dépressifs concernent particulièrement les femmes, les
hommes sont majoritairement touchés par les cancers d’origine professionnelle,
la surdité et les affections respiratoires. Pourquoi de telles différences
entre les femmes et les hommes ? Comment tenir compte des spécificités liées au
sexe ? Comment améliorer la prévention en milieu de travail et in fine la santé
de tous ? Autant de questions auxquelles experts et chercheurs de l’INRS
tentent de répondre dans ce dossier « Prévention des risques professionnels :
vers une meilleure prise en compte des différences entre femmes et hommes ».
Au
sommaire de ce dossier de la revue Hygiène & sécurité du travail, la revue
technique de l’INRS
- Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des
accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS)
https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=DO%2049
• Editorial « Il ne faut pas
sous-estimer que les stratégies de prévention mises en œuvre dans le travail et
dans les collectifs ne sont pas similaires pour les femmes et pour les hommes »,
commente Sandrine Caroly, Université Grenoble - Alpes, UMR Pacte.
• Sexe, genre et
prévention des risques professionnels, par Agnès Aublet-Cuvelier, INRS et
Florence Chappert, Anacta.
Il est aujourd’hui
démontré que certaines situations professionnelles ont des impacts différents
sur les hommes et sur les femmes, que des expositions différenciées aux
facteurs de risque sont constatées, que des écarts de sinistralité sont
observés. Cet article introductif propose un tour d’horizon des notions qui
sont développées dans ce dossier et s’intéresse notamment aux conséquences, en
matière de prévention, d’une évaluation différenciée des risques en fonction du
sexe et du genre.
• Traitement du sexe dans la réglementation
française en lien avec les conditions de travail, par Jennifer Shettle,
INRS
Cet article propose un
éclairage sur la législation en vigueur en matière de prise en compte du sexe
dans la prévention des risques professionnels. Face à des connaissances
scientifiques démontrant que certaines situations professionnelles ont des
impacts différenciés sur les hommes et sur les femmes, il fait le point sur les
dispositifs réglementaires existants, en lien avec la santé et la sécurité au
travail ainsi que sur des perspectives d’évolution éventuelles.
• Prise en compte des différences entre les
femmes et les hommes en épidémiologie professionnelle, par Stéphanie Boini et
al., INRS
La prise en compte du
sexe est incontournable dans les études épidémiologiques. Elle permet
d’intégrer les différences entre les hommes et les femmes, qu’elles soient
biologiques ou sociétales. Cependant, elle peut poser question quant aux
messages de prévention qui peuvent être préconisés à la suite de ces études.
Cet article illustre cette problématique, à partir d’exemples d’études menées
dans le département Épidémiologie en entreprise de l’INRS.
• Prévention des risques liés à la charge
physique et aux ambiances thermiques : quelles spécificités selon le sexe ? par Laurent Claudon et
al., INRS
Cet article vise à
décrire, d’une manière générale et en se basant sur des moyennes englobant les
variabilités interindividuelles (i.e. moyenne des hommes versus moyenne des
femmes), les principales différences liées au sexe biologique, autour de trois
parties successives concernant l’appareil locomoteur et les fonctions
cardiorespiratoire et thermorégulatrice. Une quatrième partie s’attache à
proposer des éléments de réflexion autour de ces disparités dans le cadre d’une
démarche de prévention des risques professionnels.
• Evaluation du danger des substances chimiques
: des différences selon le sexe, mieux comprises, mais des lacunes à combler, par Isabelle Sponne et
al., INRS
En avril 2022, chez l'humain, on comptait 19 969 gènes codant pour des protéines. Que l’on soit homme ou femme, 99% de ces gènes sont identiques. Pour autant, le capital chromosomique sexuel des hommes et des femmes est à l’origine de sensibilités différentes vis-à-vis de l’environnement.
Le sexe est donc une variable essentielle à intégrer au moment de l'évaluation d’un danger et de la caractérisation de la toxicité des substances chimiques rencontrées en milieu professionnel ; d’autant que cette toxicité peut aussi affecter la descendance de la personne exposée. Cet article met en relief les connaissances acquises sur les différences de toxicité liées au sexe et celles restant à développer pour mieux évaluer le danger des substances chimiques et les risques professionnels auxquels les travailleuses et travailleurs sont exposés.


