Par Alexandre Dalibot, co-fondateur d’a-gO.
Les maladies
neurodégénératives représentent un défi de santé publique sans précédent. Des maladies
comme Alzheimer ou Parkinson progressent silencieusement pendant des années
avant que des symptômes visibles n’alertent le patient ou son entourage.
Pendant ce temps, des dommages irréversibles s’installent dans le cerveau.
Aujourd’hui, dépister ces maladies précocement n’est plus une option : c’est
une nécessité. Mais dépister tôt n’est que le premier pas. La vraie réussite
réside dans la capacité à s’intégrer de manière cohérente dans le parcours de
soin.
Trop souvent, les
innovations médicales restent isolées. Les tests précoces sont développés, les
biomarqueurs identifiés, mais leur impact réel sur la vie des patients dépend
de leur intégration avec le système de santé existant. Sans coordination entre les
autorités de santé et les soignants comme les neurologues, les gériatres, les
médecins généralistes, les psychologues, etc., le dépistage reste un geste
ponctuel, déconnecté de l’accompagnement nécessaire. Cette déconnexion peut
transformer un outil prometteur, capable de transformer en profondeur les
pratiques, en une simple étincelle vite éteinte.
Je suis persuadé que le
dépistage doit être un continuum, pas une fin. Il doit permettre :
1. Un diagnostic plus rapide et plus précis, capable de guider le
patient vers les spécialistes adaptés dès les premiers signes.
2. Un suivi personnalisé, adapté à chaque stade
de la maladie, qui prend en compte non seulement la progression clinique
mais aussi le vécu du patient et de ses proches.
3. Une meilleure coordination des soins, impliquant les
familles, les aidants, les associations et les structures médicales, afin de
construire un parcours fluide et sans rupture.
Mais pour que cette
vision devienne réalité, il ne suffit pas de créer des outils de dépistage
performants. Il faut aussi repenser le rôle de chaque acteur du parcours de
soin. Les médecins doivent être formés aux nouveaux tests et savoir interpréter
leurs résultats. Les hôpitaux et cliniques doivent intégrer ces tests dans leur
protocole standard. Les patients doivent être informés, accompagnés et
rassurés, car un diagnostic précoce peut être une source d’angoisse si aucun
suivi n’est prévu.
Le dépistage intégré
dans le parcours de soin n’est pas seulement une question de technologie :
c’est un acte de responsabilité collective. Il s’agit de transformer la
promesse du dépistage précoce en bénéfices concrets pour chaque patient, de
ralentir la progression de la maladie, de préserver l’autonomie, et
d’accompagner les familles dans cette épreuve.
Nous sommes à un
tournant.
La révolution du dépistage des maladies neurodégénératives peut transformer la
vie de millions de patients. Mais elle ne réussira que si nous cessons de la
traiter comme un simple test isolé et que nous l’inscrivons dans un parcours de
soin complet, coordonné et humain. L’avenir de la santé neurocognitive dépend
de cette capacité à combiner innovation technologique, expertise médicale et
accompagnement patient.
Il est temps de passer de la promesse à l’action. De comprendre que dépister sans accompagner ne suffit plus. De faire du parcours de soin un véritable allié du patient. Car dans la lutte contre les maladies neurodégénératives, le temps est notre ennemi. Mais avec une approche intégrée, il peut aussi devenir notre allié le plus précieux.


