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[Expertises] La souveraineté des données, condition de notre sécurité et de notre indépendance

Par Jean Reignier, fondateur de Comearth, partenaire de référence de l’Externalisation de la Relation Client.

La donnée est la ressource la plus précieuse du XXIᵉ siècle. Comme le pétrole hier, elle irrigue nos économies, alimente nos innovations et façonne nos sociétés. Mais à la différence du pétrole, la donnée est infiniment plus sensible : elle touche à nos vies privées, à nos secrets industriels, à nos choix politiques.

 

Chaque jour, les entreprises génèrent des volumes gigantesques d’informations. Dans le même temps, les clouds se multiplient, les environnements hybrides se généralisent et le shadow IT, ces logiciels « fantômes », prolifère. Trop souvent, la maîtrise de ces actifs numériques leur échappe. Ce qui pouvait sembler n’être qu’une évolution technologique révèle en réalité une fragilité profonde : la dépendance et la perte de contrôle sur les informations sensibles et/ou privées.

D'ailleurs, l’actualité internationale rappelle la volatilité des alliances et l’incertitude géopolitique.

La sécurité des données n’est donc plus seulement une question technique, mais bien stratégique. Confier ses informations à des prestataires soumis à des législations extraterritoriales – comme le Cloud Act américain, qui autorise l’accès à des données stockées hors du territoire – n’est pas neutre. C’est accepter le risque que des données sensibles soient consultées, exploitées ou rendues inaccessibles selon des règles imposées loin de nos valeurs et de nos intérêts économiques.

 

À ce risque juridique s’ajoute une menace immédiate : celle des cyberattaques. En 2024, elles ont coûté 118 milliards d'euros à la France. Hôpitaux, administrations, entreprises de toutes tailles, commerces de proximité : personne n’a été épargné. Les données volées alimentent un marché noir florissant, faisant de la France l’un des pays les plus ciblés en Europe. Derrière ces chiffres, il y a des réalités humaines : des patients exposés, des citoyens victimes de fraudes, des entreprises déstabilisées, des emplois menacés.

 

Chaque serveur mal protégé fragilise la confiance des clients, compromet la continuité des services et menace notre sécurité économique et sociale. Face à ces risques multiples, nous devons poser des fondations solides pour garantir notre souveraineté numérique.

 

Cette souveraineté des données repose sur trois piliers indissociables :

•   Les données : sécurisées, accessibles uniquement aux ayants droit et réversibles à tout moment.

La réversibilité ne doit pas être une découverte douloureuse au moment de rompre un contrat : elle doit être pensée dès le départ.

•   Les opérations : confiées à des opérateurs de confiance, situés en Europe et hors de portée des lois extraterritoriales. C’est le seul moyen d’écarter toute ingérence.

•   Les technologies : fondées sur des standards ouverts, garants d’interopérabilité et de liberté de choix. Les solutions fermées créent des dépendances, quand l’ouverture favorise la résilience et l’innovation.

 

Néanmoins, elle ne peut pas non plus se réduire à ces seuls choix techniques ou organisationnels.

La souveraineté numérique repose aussi sur une culture de vigilance et de responsabilité.

 

En effet, protéger les données n’est pas seulement une affaire de conformité réglementaire ou de technologies avancées. C’est avant tout une démarche proactive et continue. Le respect du RGPD ou de l’ISO 27001 constitue une base indispensable, mais insuffisante si entreprises n’adoptent pas un véritable état d’esprit de cybersécurité.

 

Cela implique de poser les bonnes questions, d’exiger des preuves tangibles, d’auditer régulièrement les systèmes, et de tester l’efficacité des procédures de gestion de crise.  Surtout, il s’agit d’anticiper. Penser la cybersécurité uniquement en réaction, c’est courir toujours derrière les menaces. La véritable stratégie consiste à intégrer dès la conception des systèmes la protection et la réversibilité des données.

 

Plutôt que de voir la souveraineté des données comme un fardeau, il faut l’envisager comme une chance. En s’appuyant sur des partenaires locaux, les entreprises françaises gagnent en sécurité, en transparence et en réactivité. La proximité renforce la confiance, et les règles du jeu sont claires et partagées.

 

C’est aussi un formidable levier économique :

•   développement de data centers responsables,

•   création d’emplois qualifiés,

•   soutien à une innovation numérique ancrée dans nos territoires.

 

La souveraineté numérique n’est plus une option. C’est un impératif stratégique et un levier de croissance. Dirigeants publics et privés doivent en faire une priorité absolue, l’intégrer à tous leurs choix technologiques et assumer leurs responsabilités.


Agir aujourd’hui, c’est renforcer nos infrastructures, la compétitivité de nos entreprises et la sécurité de nos citoyens.

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