4ème édition de la Conférence H2 Entreprises 2025
L’institut Orygeen et
La plateforme verte, sont fiers d’avoir organisé, le 17 septembre 2025 au
Ministère de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et
numérique à Paris-Bercy, la 4e édition de H2 Entreprises, la Conférence
Nationale de l’Hydrogène Renouvelable, sous le Haut Patronage du Ministère de
l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique et du
Ministère de l’Environnement et de la Transition Ecologique, et en partenariat
avec l’ADEME et France Hydrogène.
L’ambition d’H2
Entreprises : contribuer au développement de la filière, accroître les usages.
Cet évènement unique en
France, dédié aux rencontres et au partage d’expériences entre pairs, a réuni,
dans un format hybride, des entreprises, des experts et porteurs de projets
autour de l’hydrogène renouvelable et de ses dérivés à travers des tables rondes,
des regards croisés et des keynotes.
L’hydrogène décarboné
s’impose comme pilier de la transition énergétique, à condition d’un cadre
stable pour sécuriser les projets, accompagner la complémentarité avec les
batteries et accélérer des usages majeurs : aviation (E-SAF), mobilité,
industrie, afin d’anticiper la décarbonation d’ici 2050.
Plusieurs enjeux
majeurs ont rythmé les discussions :
● L’association de
l’hydrogène avec les stations multi-énergies et les autres EnR comme levier
d’autonomie et de résilience.
● L’E-SAF, carburant d’aviation durable, qui
reste stratégique malgré ses coûts élevés et les incertitudes actuelles.
● La nécessité d’un
cadre réglementaire stable pour sécuriser contrats et investissements.
Cette année encore, la
Conférence Nationale de l’Hydrogène Renouvelable H2 Entreprises a rencontré un
franc succès, avec :
● 32 intervenants
représentant des acteurs de premier plan de l’hydrogène et de l’énergie (France
Hydrogène, Téréga Solutions, France Gaz, L’Oréal, Port La Nouvelle, Air
Products, FertigHy, Clean Hydrogen, Hopium, Hydrogen Europe, Vinci, Enagas,
Yara France, Lafarge France, Airbus, et bien d’autres).
● 300 participants, en présentiel et en
distanciel, issus de secteurs variés.
● 7 tables rondes consacrées aux usages actuels
et futurs de l’hydrogène dans les transports, l’industrie et les territoires,
ainsi qu’à son rôle dans les modèles économiques face au défi climatique.
● 4 keynotes inspirantes sur les stratégies
européennes, internationales et françaises en matière d’hydrogène renouvelable
et décarboné.
● 1 débat des
présidents autour de l’apport de l’hydrogène et de ses dérivés dans la
transformation des business models face au changement climatique.
● 1 échange croisé sur
les perspectives de l’hydrogène dans l’industrie des engrais.
Thème 1 : Définir la
vision et les priorités publiques
Comment les politiques
française et européenne structurent-elles la filière ?
Ouverture officielle
L’hydrogène vert
s’impose comme un pilier incontournable de la décarbonation, même s’il ne peut
en être l’unique solution. Comme le rappelle Thomas Courbe (Direction Générale
des Entreprises) : « L’hydrogène ne fera pas toute la décarbonation mais la décarbonation
de l’économie ne se fera pas sans l’hydrogène. »
Malgré un apparent
ralentissement des projets, les ambitions restent fortes. Mikaa Blugeon-Mered
(Canada Research Chair in Clean Hydrogen) insiste : « La filière n’est pas du
tout en train de péricliter. » La France mise sur une offre nationale solide, tout
en accompagnant les exportations à l’international. De nouveaux usages
émergent, comme l’H2 dans les moteurs à combustion pour les poids lourds.
L’innovation reste essentielle pour ne pas se faire distancer. Objectif :
neutralité carbone en 2050. Les entreprises sont appelées à démontrer que cette
trajectoire est possible, l’hydrogène vert faisant pleinement partie de la
palette de solutions.
Keynote - les dernières
nouvelles de la politique européenne en matière d'hydrogène renouvelable
Les implications de
la nouvelle stratégie française de l’hydrogène décarboné
L'actualisation de la
Stratégie nationale hydrogène, annoncée le 10 avril 2025, fixe des objectifs
clairs : 4,5 GW d’électrolyseurs en 2030, 8 GW en 2035, et un mécanisme de
soutien de 4 milliards d’euros pour sécuriser sur 15 ans la compétitivité de
l’hydrogène bas-carbone face au fossile.
Trois grandes priorités structurent
cette stratégie :
- - décarboner
l’industrie,
- - développer
les mobilités lourdes (camions, transport de marchandises),
- - soutenir
l’innovation et déployer les infrastructures.
La Commission de
Régulation de l’Énergie soutient notamment le développement de zones
prioritaires de décarbonation, quitte à anticiper des infrastructures avant la
confirmation de la demande. Elle juge en revanche que calquer la régulation H2
sur celle du gaz naturel n’est pas adapté à une industrie émergente.
Keynote de conclusion
La clôture a rappelé l’urgence climatique : +1,5 °C déjà atteints, avec des risques croissants.
L’hydrogène vert apparaît comme un levier majeur, notamment pour l’industrie et la production de chaleur/froid. Jean-Paul Torris (Institut Orygeen) l’a rappelé : « La décarbonation reste une priorité pour les entreprises. »
Les progrès sont visibles, mais financements et adaptation demeurent insuffisants. L’action immédiate est impérative : chaque retard réduit la possibilité de rester sur une trajectoire compatible avec des émissions faibles.
Thème 2 : Gouvernance
internationale et transformation des modèles économiques
Quelle place pour
l’Europe et la France dans un contexte mondial concurrentiel, et comment
adapter les business models ?
Keynote : État des
lieux de la situation mondiale de l’hydrogène
Débat des Présidents : Quel rôle pour
l’hydrogène et ses dérivés dans la transformation des business models face au
changement climatique
Le secteur vit un
tournant. Après une phase d’effervescence marquée par de nombreux projets, nous
entrons dans un moment « darwinien » où seuls les plus solides parviennent à
maturité. « Les projets s’arrêtent la plupart du temps parce qu’ils sont mal structurés
», affirme Patrick Maio (Hinicio).
Si les technologies
existent, leur intégration est freinée par l’absence d’infrastructures et
l’insuffisance d’hydrogène vert disponible, poussant certains à
l’autoproduction.
Pour Julien Manhes
(Airbus), il y a une « volonté commune de tous les acteurs européens d’avancer,
malgré les obstacles. » L’hydrogène ouvre aussi des perspectives de
réindustrialisation. Mais un défi clé demeure : le surcoût pour les clients
finaux (par ex. +200 à 400 €/tonne d’acier) tant que les externalités des modes
polluants ne sont pas internalisées.
Olivier Le Strat
(H2Gremm) résume l’équilibre à trouver : « Il faut concilier l’écologie, l’économie
et la souveraineté. » D’où la nécessité d’un cadre législatif clair et
stable, garantissant des conditions de concurrence équitables.
Conclusion de la
matinée
« Les projets mis en
avant par les acteurs lors de la conférence font toujours sens », souligne
Sylvie Perrin (De Gaulle Fleurance et La Plateforme Verte). La matinée a été
marquée par un climat plus optimiste que l’an passé. Les échanges ont mis en
avant la nécessité de sortir d’une sur-réglementation instable pour aller vers
une réglementation incitative. Jean-Pierre Riche (Institut Orygeen) appelle à
maintenir la présence européenne sur toute la chaîne de valeur durant cette
phase d’incertitude pour préserver notre souveraineté lorsque le marché sera
mature et que les volumes seront plus importants. Thomas de Charette (Lafarge
France) souligne : « Nous devons flécher les revenus ETS vers la décarbonation
des filières industrielles. »
Thème 3 : Usages
industriels et territoriaux
Quels usages
prioritaires pour décarboner les filières industrielles et renforcer les
écosystèmes locaux ?
Table ronde : Le
développement de l’e-SAF appliqué aux transports aériens
Regard Croisé : Le développement
des usages multiples dans 2 territoires
Table ronde : Les
usages de l’H2 pour la décarbonation de l’industrie
L’hydrogène se confirme
comme un outil clé de la décarbonation industrielle. Dans le ciment, par
exemple, près de 70 % des émissions de CO₂ proviennent
directement de la réaction chimique de transformation du calcaire, une
contrainte technique difficilement contournable. Les projets de capture et séquestration
du CO₂ apparaissent ainsi comme une solution
incontournable. « En décarbonant le NH3, on décarbone toute la chaîne de valeur
de l’agro-alimentaire », assure Jehanne Toribio (FertigHy).
François Paquet
(Renewable Hydrogen Coalition) a insisté : « Nous parlons d’une transformation
en profondeur des chaînes de valeur de production. » L’exemple de FertigHy,
usine d’engrais décarbonée dans le nord de la France, illustre déjà un modèle
intégré et tourné vers l’avenir.
Mais un frein demeure :
l’écart de coût entre hydrogène renouvelable et hydrogène gris. Sans mécanisme
de compensation, la compétitivité européenne reste fragile. Conclusion des
intervenants : « Il faut qu’on s’aligne tous et qu’on parle d’une même voix. »
Regard Croisé : Les
défis et perspectives de l’Hydrogène dans l’industrie des engrais
L’industrie des engrais
illustre bien les dilemmes de la transition. Aujourd’hui, 99 % de l’hydrogène
utilisé reste d’origine fossile, rendant la décarbonation indispensable. Mais
l’incertitude réglementaire freine les investissements. L’ajustement carbone
aux frontières est jugé essentiel pour protéger la compétitivité européenne,
tandis qu’une harmonisation des normes opérationnelles est attendue pour
sécuriser la croissance.
Air Products a mis en
avant le projet Neom en Arabie Saoudite, qui produira dès 2027 de l’ammoniaque
vert à partir de 2,2 GW d’électrolyse (1,2 million de tonnes prévues). Yara
estime que la demande mondiale pourrait doubler, atteignant 450 millions de tonnes,
notamment grâce à de nouveaux usages commerciaux. Le groupe développe aussi des
partenariats concrets, comme avec PepsiCo pour décarboner la culture de pommes
de terre destinées à la production de chips.
Les stratégies varient
: « les États-Unis privilégient l’ammoniaque « bleu » (hydrogène fossile avec
captage de CO₂), tandis que le Moyen-Orient mise davantage
sur le vert », indique Nicolas Broutin (Yara France).
Thème 4 : Mobilité et
infrastructures
Adapter les
réseaux et les technologies pour soutenir les nouveaux usages de transport
Table ronde : Premiers
projets hydrogène dans le transport fluvial et enjeux du futur dans le maritime
transcontinental
Le maritime
transcontinental entre lui aussi dans l’ère de la transition énergétique, avec
l’objectif clair d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Les piles à
combustible trouvent déjà des débouchés, notamment dans la plaisance, où les
clients sont prêts à investir pour naviguer plus propre. En revanche, la pêche
reste un secteur peu adapté à ce stade, faute de modèle économique viable.
Au-delà des bateaux, la
réflexion s’élargit aux chaînes logistiques, qui doivent évoluer vers de
véritables filières décarbonées. L’Europe dispose d’un atout majeur : le
rétrofit des navires existants, une solution rapide pour accélérer la
transition sans attendre le renouvellement complet des flottes.
La solution selon
François-Régis Le Tourneau (L’Oréal) est de « déclencher une dynamique » par la
collaboration.
Table ronde : Transport
terrestre – Quels horizons pour les véhicules et infrastructures ?
Le transport terrestre
constitue un pilier de la décarbonation. Quelques stations H₂
fonctionnent déjà, mais le prix à la pompe (plus de 12 €/kg) reste un frein
majeur. Les expérimentations de camions lourds à hydrogène donnent des résultats
encourageants, avec une fiabilité quasi parfaite, mais les coûts demeurent supérieurs
à l’électrique.
Les acteurs soulignent
qu’on ne pourra plus se contenter des solutions “faciles” : seule une
coopération accrue permettra de déployer l’hydrogène à grande échelle.
Toutefois, cette technologie ne suffira pas seule et devra compléter les
batteries. Reste un enjeu critique : les ressources. Imaginer convertir toute
la flotte européenne en électrique est irréaliste au vu des besoins en terres
rares. Demain, seule une combinaison de technologies pourra construire un
transport terrestre neutre en carbone.
Table ronde :
Infrastructures, distribution et transport de l’hydrogène
À l’échelle européenne,
l’hydrogène s’impose comme un sujet structurant. Le projet BarMar, reliant
Barcelone à Marseille (4 milliards d’euros, soutenu par l’UE), incarne cette
ambition. Pour l’Espagne, il constitue un pilier de sa stratégie énergétique, tandis
que pour la France, il illustre sa position stratégique entre zones de
production excédentaires au sud et zones de consommation au nord. C’est « une
infrastructure clé pour l’Europe et sa décarbonation », selon Maria Teresa
Nonay Domingo (Enagas).
France Gaz souligne que
l’acceptabilité de ces infrastructures est forte, car elles restent invisibles.
L’expérience de l’inversion des flux gaziers lors des crises récentes a montré
la capacité d’adaptation de l’Europe. L’objectif est de retrouver cette même
réactivité pour les futurs réseaux hydrogène.
Ces infrastructures
sont aussi pensées pour transporter d’autres molécules, comme le CO₂
biogénique. La diversité des usages, la multiplicité des acteurs et l’ancrage
local de la filière gaz apparaissent comme autant d’atouts pour construire une
décarbonation durable et compétitive.
Cet événement a offert
une plateforme unique pour échanger et réfléchir sur l'avenir de l'hydrogène
renouvelable.
Nos partenaires et
notre écosystème engagés : HDF ENERGY, Terega, H2V, Total energies, Roissy Meaux
Aéropole, OTRE, Renewable Hydrogen Coalition, Hyvolution, France Hydrogène, le
ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et
numérique, le Ministère de la Transition écologique, l’ADEME, Air Products,
Terega Solutions, Yara France, Qair, Mc Phy, PV magazine, Hydrogenium,
Territoires Hydrogène : Les Génies de l’Innovation, L’info durable, News Tank
energies, Consilde media group, Hydro


