La 17e édition de ce Baromètre témoigne des difficultés qui continuent de s’accumuler sur les
ETI : l’activité est désormais nettement freinée, la rentabilité particulièrement malmenée, la trésorerie comme l’endettement se sont dégradés pour une part significative des entreprises. Certes les projets de croissance font de la résistance, mais de plus en plus au bénéfice de l’Europe plutôt que de la France.
Et pour cause : les ETI
ont subi l’impact du budget 2025 sur leurs coûts de production et leurs
perspectives sont aujourd’hui sévèrement affectées par des débats inquiétants
et une instabilité politique chronique. Il est urgent d’y mettre un terme et de
soutenir enfin résolument l’activité au nom de la prospérité collective.
1. L’activité des ETI
témoigne d’une conjoncture durablement dégradée
Le chiffre d’affaires
des ETI souffre : elles sont près de 4 sur 10 à témoigner d’une baisse au
premier semestre 2025 par rapport au premier semestre 2024. La situation à
l’échelle des secteurs d’activité s’en ressent : plus de la moitié des
dirigeants estiment qu’elle s’est dégradée sur un an. La rentabilité des ETI
est nettement affectée elle aussi : près de 57 % des ETI accusent une perte de
rentabilité par rapport à 2024. Les perspectives pour la fin de l’année ne sont
rassurantes que pour la moitié des ETI.
L’instabilité politique n’y est pas étrangère : plus d’1 ETI sur 3 juge qu’elle a déjà fortement impacté son activité. D’autant que les ETI ont déjà subi les hausses de prélèvements obligatoires votées en 2025, qui ont engendré une baisse de rentabilité modérée à forte pour 2/3 d’entre elles. Elles sont également affectées par la hausse des droits de douane américains : alors que plus de 6 ETI sur 10 exportent aux Etats-Unis, près des 2/3 d’entre elles ne bénéficient d’aucune exemption ou dérogation, et près d’1 sur
5 est même soumise à une surtaxe.
2. La situation
financière des ETI demeure fragile
Les ETI sont plus
nombreuses à faire état d’une dégradation de leur trésorerie que d’une
amélioration, même si leur part s’est réduite par rapport au mois d’avril.
L’endettement sur un an s’est quant à lui dégradé pour près d’1/3 des ETI, une
proportion cette fois en hausse par rapport au précédent baromètre. Les ETI
sont toujours plus de 20% à rencontrer ou redouter de rencontrer des
difficultés à rembourser leurs différents financements, et près de 2 ETI sur 5
jugent les ratios financiers exigés difficiles à respecter, voire intenables.
En revanche, elles sont plus de 9 sur 10 à obtenir une réponse favorable à
leurs demandes de financement.
3. Les projets de
croissance traduisent une fois encore la résilience des ETI
Les ETI auront pour les 2/3 d’entre elles mené au moins un projet de croissance organique en 2025
(vs. 72 % en avril) et sont plus de 58 % à avoir initié ou prévu d’initier au moins un projet de croissance externe cette année (similaire au mois d’avril). Surtout, les enveloppes allouées gagnent en volume par rapport au précédent baromètre : les sommes dédiées à la croissance organique franchissent la barre des 5 millions d’euros pour plus de la moitié des ETI (vs. 23 % en avril) et celles dédiées à la croissance externe la barre de 10 millions d’euros pour plus de 4 ETI sur 10 (vs. 22% en avril). Peut-être est-ce une volonté d’anticiper de possibles nouvelles dégradations de l’environnement macro-économique ?
Les créations d’emplois sont aussi au rendez-vous pour la croissance externe : plus de 3 ETI sur
10 génèreront au moins 50 emplois dans le cadre de leur(s) projet(s), un
chiffre en hausse par rapport à avril (17 %). Il est toutefois à noter que, par
rapport au précédent baromètre, ces projets concernent davantage l’Europe : en
effet, les ETI ne sont que 12 % à être certaines de maintenir tous leurs
projets d’investissements et/ou de créations d’emplois en France au regard de
l’instabilité politique actuelle.
Non sans lien avec les dynamiques de consolidation que peuvent évoquer les chiffres précédents, les recompositions capitalistiques sont envisagées par plus de 38 % des ETI (vs. 35 % en avril). Ces recompositions prendraient principalement la forme d’une ouverture du capital. A cet égard, 1 ETI sur
2 a été approchée pour un rachat ou une entrée
au capital depuis le début de l’année.
Analyse de Frédéric
Coirier, PDG du groupe Poujoulat et co-président du METI : « Alors que les défis des
ETI se multiplient, tant sur la scène française qu’internationale, l’activité
continue de plier mais ne cède pas : si les ETI accusent des baisses de
chiffre d’affaires et de rentabilité, et témoignent d’une situation
nettement dégradée à l’échelle de leur secteur d’activité, elles expriment toujours
la volonté de se projeter en investissant. Les projets de croissance organique
et de croissance externe devraient être de nouveau au rendez-vous en
2025, avec des engagements significatifs en termes de volume
d’investissements comme de créations d’emplois.
Toutefois, la France en
bénéficiera moins qu’en avril dernier : échaudées par la situation politique, l’immense
majorité des ETI ont décidé de ne pas maintenir l’intégralité des projets
qu’elles avaient prévus en France. Il faut dire qu’elles ont déjà subi les
conséquences, sur leurs coûts de production et sur leur rentabilité, des
hausses de prélèvements obligatoires votées cette année. Elles doivent aussi absorber
la déstabilisation des échanges internationaux, à commencer par l’impact des
nouveaux droits de douane américains.
Le diagnostic posé par notre Baromètre en cette rentrée de septembre, alors que les débats budgétaires font déjà rage, est clair : si les arbitrages politiques se font en défaveur de l’activité économique, du « produire, travailler et investir » en France, les ETI risquent un affaiblissement durable qui finira par leur coûter leur admirable résilience... et leur capacité à se maintenir en France.


