Entre ralentissement dans les grandes
métropoles du Sud et regain d’attractivité francilienne, la mobilité
professionnelle des Français entre dans une nouvelle phase.
Le Baromètre 2025 des
mutations professionnelles Nextories révèle la fin de l’exode massif post-Covid
au profit de choix plus rationnels, guidés par l’équilibre entre emploi,
logement et accessibilité.
Un tournant dans les
mobilités professionnelles
L’année 2025 marque un
tournant dans les dynamiques de mobilité professionnelle. Après l’élan observé
dans l’après-Covid, l’exode francilien se contracte progressivement.
● Les métropoles du Sud
demeurent attractives, mais leur rythme d’arrivée ralentit sensiblement.
● À l’inverse, Paris et
l’Île-de-France,
bien que toujours déficitaires, amorcent un retour à l’équilibre, porté par une
baisse des départs et une hausse des arrivées.
Ce nouveau paysage
signe l’entrée dans une mobilité plus mature, rationnelle, et sélective, où les
arbitrages entre emploi, logement et accessibilité prennent le pas sur les
effets de mode ou les mouvements d’opportunité.
Le Sud reste attractif
mais perd de sa vitesse
Longtemps moteurs de
l’exode francilien, les grandes métropoles du Sud affichent en 2025 des
dynamiques plus modérées. Si Marseille, Toulouse et Lyon restent parmi les
destinations phares des mutations professionnelles en France, leur croissance
ralentit nettement.
● Marseille, en tête des
villes d’accueil avec 6% des mutations nationales, enregistre une progression
de +12% en 2025 — un net ralentissement comparé à la hausse de +49% observée en
2024.
● Même inflexion à
Toulouse
(+3% en 2025 contre +28% en 2024) et à Lyon (+4% en 2025 contre +18% l’an
passé). Ces chiffres traduisent une forme de stabilisation après plusieurs
années d’accélération.
Plus marquant encore :
Bordeaux et Montpellier sont les seules villes du top 10 à enregistrer une
baisse nette des arrivées.
● Bordeaux : –7% en 2025 (vs +8% en
2024)
● Montpellier : –4% en 2025 (vs +44%
en 2024)
Ces reculs illustrent
la fin d’une phase de surchauffe, portée notamment par des prix immobiliers
élevés et des tensions sur les infrastructures locales. La croissance
effervescente des années post-Covid laisse place à un rythme plus mesuré, plus
soutenable.
Quelques exceptions
confirment la règle :
Nice, par exemple, accélère encore avec +32% d’arrivées en 2025, après une
hausse déjà notable de +20% en 2024.
Le Sud reste une
destination de choix, mais l’engouement massif cède progressivement la place à
une attractivité plus structurée et raisonnée, reflet d’un équilibre nouveau
entre désir de mobilité et contraintes territoriales.
Paris : un déficit de
mobilité qui se résorbe
Après plusieurs années
de baisse, la mobilité professionnelle vers Paris et sa région repart à la
hausse. En 2025, la capitale enregistre une croissance de +10% des arrivées en
mutation, après un premier rebond de +6% en 2024.
La tendance se confirme
également dans les départements limitrophes :
● Hauts-de-Seine : +38% d’arrivées en
2025 (vs +30% en 2024)
● Yvelines : +27% d’arrivées en
2025 (vs +21% en 2024)
Ce ralentissement de
l’exode francilien s’explique notamment par deux phénomènes majeurs :
1. La normalisation du
télétravail post-Covid : Le “full remote” n’est plus la norme. Selon la DARES et
l’Insee, en 2024, un salarié du privé sur cinq télétravaille, mais sur un
rythme de seulement deux jours par semaine en moyenne. Le retour à un modèle
hybride redonne de la valeur à la proximité géographique et rend les départs
vers des zones éloignées moins compatibles avec le retour des contraintes de
présence.
2. Les effets du Grand
Paris Express :
Des projets structurants comme le prolongement de la ligne 14 améliorent
l’accessibilité de communes jusque-là enclavées. Ces nouvelles connexions
revalorisent des zones périphériques et redonnent de l’attractivité à
l’ensemble de la région.
L’Île-de-France ne
renoue pas encore avec ses niveaux d’attractivité d’avant 2019, mais elle
amorce une reprise solide, portée par des mobilités mieux intégrées au
quotidien professionnel. Le déficit de départs semble peu à peu se combler, au
profit d’un retour à l’équilibre.
Top 5 des arrivées et
leur part de marché : le Sud recule, le Nord reprend du terrain
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2024
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2025
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En 2025, les métropoles
du Sud voient leur part relative d’arrivées reculer, au profit de territoires
du Nord et d’Île-de-France.
● Les Bouches-du-Rhône
(13), toujours en tête, passent de 6,02% à 5,97%,
● La Gironde (33)
recule plus nettement, de 5,67% à 4,65%,
● Tandis que le Rhône
(69) suit une trajectoire similaire : 5,41% à 4,96%.
À l’inverse, les
Hauts-de-Seine (92) gagnent en attractivité, entrant dans le top 5 avec 4,05 %
des arrivées, devant Paris (75), qui reste stable autour de 3,7–3,8%.
Cette évolution
confirme une redistribution des flux au profit des métropoles du Nord,
notamment parisiennes, dont l’attractivité se renforce au détriment des villes
méridionales.
Top 5 des départs et
leur part de marché : Paris en retrait, Marseille et Lyon émergent
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2024
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2025
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Côté départs, la
tendance s’inverse. Les grandes métropoles du Nord voient leur part diminuer,
laissant place à Marseille (13) et Lyon (69) dans le classement.
● Paris (75), en tête,
passe de 8,24 % à 7,41 %,
● Les Hauts-de-Seine
(92) reculent également de 6,15 % à 5,71 %,
● Tandis que le Nord
(59) et les Yvelines (78) sortent du top 5, au profit du Rhône (69) et des
Bouches-du-Rhône (13).
Ce glissement traduit
une meilleure rétention des habitants dans les départements franciliens, mais
aussi l’apparition de nouvelles zones de départ dans le Sud, signalant
peut-être un tournant dans leur cycle résidentiel.
Une mobilité désormais
plus rationnelle
2025 ne marque ni un
exode massif, ni un retour généralisé vers les grandes métropoles.
Elle ouvre
plutôt la voie à une mobilité professionnelle plus structurée et moins
impulsive.
● Le Sud conserve son
attractivité,
mais dans des volumes désormais régulés.
● L’Île-de-France reste
déficitaire,
mais les départs ralentissent, laissant entrevoir une forme de stabilisation.
Au-delà des effets
conjoncturels, les choix de mobilité s’inscrivent désormais dans une logique
rationnelle, à l’intersection de trois critères : emploi, logement et
accessibilité.
La géographie des mutations professionnelles se normalise, et dessine les contours d’une mobilité plus durable.


