Connexion
/ Inscription
Mon espace
Tribunes & Témoignages
ABONNÉS
Partager par Linked-In
Partager par Xing
Partager par Facebook
Partager par email
Suivez-nous sur feedly

[Tribune] Les principales tendances en matière de développement durable dans la grande distribution

Par Apolline Herbinet, Solution Lead sustainability chez delaware.

 

Face à des réglementations de plus en plus strictes, le secteur agroalimentaire innove rapidement vers des pratiques plus durables. Les questions de durabilité sont en effet cruciales. D’abord, parce que ce secteur mobilise des ressources limitées pour nourrir la planète. Ensuite, la question du bien-être animal devient de plus en plus pressante. L’impact environnemental potentiel tout au long de la chaîne de valeur, par exemple au niveau de l’emballage ou du transport, constitue un autre point de préoccupation. Sans compter que les acteurs de l’agroalimentaire font vivre des millions de travailleurs, ce qui exige une rémunération juste et des conditions équitables.  L’industrie agroalimentaire façonne son agenda autour des trois enjeux piliers du développement durable : la préservation de la planète, le bien-être des personnes et la performance économique.

 

Transparence maximale avec le CSRD

Avec la « Corporate Sustainability Reporting Directive » (CSRD), l’Europe instaure des obligations de reporting pour renforcer la transparence. L’application de la directive est progressive en fonction du chiffre d’affaires et a débuté en 2024 pour les plus grandes entreprises. D’ici 2028, 60 000 entreprises devraient rendre compte de leurs actions en matière de développement durable, en utilisant des KPI pertinents selon leur contexte. A date, cette directive recense 1 193 types de données pouvant être analysées, soulignant l’ampleur de la tâche. Pour le secteur agroalimentaire, cela inclut des questions cruciales telles que l’emballage, avec l’obligation de communiquer les actions visant à prévenir la production de déchets, ainsi que le bien-être animal, l’utilisation des ressources en eau et l’impact des activités sur la biodiversité. Les rapports doivent être complets, auditables et couvrir toute la chaîne de valeur, y compris les fournisseurs et les partenaires externes. Si une entreprise ne dispose pas des informations requises, elle doit préciser les actions prévues pour les obtenir. À noter toutefois : la proposition « Omnibus » parue début 2025 a entraîné une révision de la directive par l’Union Européenne. Celle-ci devrait paraitre d’ici la fin d’année. Il reste primordial pour les entreprises d’anticiper l’échéance réglementaire et de ne pas réduire les efforts au risque de se faire accuser de green washing.

 

Révolution du recyclage : travailler ensemble

Il y a une véritable coalition entre les entreprises agroalimentaires autour du recyclage et de la collecte des déchets. Les concurrents s’associent pour créer les filières de recyclage nécessaires à leurs activités dans certains pays où elles n’existent pas encore. Cela réduit l’impact écologique et stimule l’innovation. Dans la même logique collaborative, les entreprises concurrentes exigent d’une seule voix que leurs fournisseurs respectent les mêmes normes environnementales pour leurs cultures. Une autre tendance positive que nous observons est celle de cette entreprise implantée dans une région côtière d’un pays en développement qui rémunère les habitants pour la collecte des déchets plastiques. Ces déchets sont ensuite réutilisés dans la production, ce qui procure un triple bénéfice : économique, écologique et social. Lorsque les concurrents s’unissent, ils créent des solutions et ouvrent la voie à l’innovation.

 

Lutte contre la déforestation : l'EUDR à l'honneur

Les législateurs s'attaquent à ces questions de développement durable. Le règlement européen contre la déforestation (EUDR), un élément du Green Deal, vise à garantir que certaines typologies de produits disponibles sur le marché européen ne proviennent pas de la déforestation. Initialement prévue pour 2025, cette réglementation sera appliquée à partir de 2026 pour laisser aux entreprises le temps de se préparer. Elle concernera de nombreux produits, dont le cacao, le café, l’huile de palme, le soja ou encore la viande bovine. Les entreprises devront s’assurer que les biens importés, commercialisés ou produits respectent cette obligation. Cela implique de collecter et d’enregistrer des données, ainsi que de procéder aux contrôles nécessaires pour évaluer et atténuer les risques tout au long de la chaîne d’approvisionnement. La gestion de ces opérations sera complexe. Dans ce contexte, une approche automatisée intégrée aux systèmes des entreprises est idéale.

 

Présentation du passeport produit numérique

La réglementation européenne sur l'écoconception des produits durables a donné naissance au passeport produit numérique, qui renforce la transparence. Ce passeport permettra d'informer les consommateurs sur les performances d'un produit en matière de durabilité et de circularité, par exemple via un QR code renvoyant vers une plateforme hébergeant ces informations. Elle prendra en compte différents critères : plastique utilisé, emballage, bien-être animal, impact sur les ressources, performance sociale, etc. Elle devrait s'appliquer dans un premier temps à des produits comme les smartphones, les ordinateurs ou les batteries. Au niveau local, la législation évolue également, avec par exemple la mise en place progressive d’un éco-score en France.

 

Collecte de données : un défi de taille

Quelle est la priorité face à ces nouvelles tendances et réglementations ? La collecte de données !

Non seulement parce que les volumes sont conséquents mais aussi parce que les chaînes de valeur sont particulièrement étendues et impliquent souvent de multiples fournisseurs. Disposer de données qualitatives, vérifiables et quantifiables est essentiel, même si cela prend du temps. Cela permet de mener des actions à forte valeur ajoutée, non seulement pour l’entreprise, mais aussi pour ses collaborateurs et ses parties prenantes. Il faut agir par conviction, pas seulement pour se démarquer des autres. Cela nécessite des compétences et des ressources adaptées, mais aussi de tirer parti des bons outils pour collecter, transformer et analyser les données. L’IA peut nous soulager du fardeau des tâches mécaniques pour recentrer les efforts sur une stratégie durable.

Lire la suite...


Articles en relation