Le point de
vue de Sophie Richard, fondatrice de Viagimmo
Depuis plusieurs
semaines, le discours politique est clair : si la dette publique atteint des
niveaux historiques, c’est en grande partie à cause du poids croissant des
retraites et des dépenses sociales. Un message qui inquiète autant qu’il
divise, alors que l’actualité politique est mouvementée, que Sébastien Lecornu,
notre nouveau Premier ministre, va devoir faire adopter en urgence un budget
pour la Nation tandis que la note de la France vient d’être dégradée par Fitch.
D’un côté, les actifs doutent de plus en plus d’un système par répartition
qu’ils jugent fragilisé ; de l’autre, les retraités se sentent pointés du
doigt, comme s’ils étaient devenus responsables de la fragilité budgétaire du
pays.
Pourtant, le problème
est bien plus large. D’ici 2030, les plus de 65 ans seront plus nombreux que
les moins de 15 ans.
Cette bascule démographique, inédite dans notre histoire moderne, n’est pas qu’une statistique :
elle illustre un monde qui change, une société qui vieillit, et qui doit inventer de nouveaux équilibres.
Le financement de la dépendance devient une bombe à retardement, alors même que le coût moyen d’un EHPAD dépasse déjà les 3 000 euros par mois (hors médicalisation lourde). Dans ce climat de défiance, plus de 77 % des Français disent redouter pour l’avenir du système de retraite, et 60 % des moins de
35 ans n’y croient déjà plus.
Autrement dit, la solidarité nationale, qui a longtemps constitué le socle de
notre pacte social, ne suffit plus à rassurer ni les aînés ni leurs enfants.
Et pourtant, nous
disposons d’un outil qui reste trop souvent caricaturé, incompris ou négligé :
le viager. Bien loin de l’image poussiéreuse d’un pari morbide, il est au
contraire un instrument moderne, souple, efficace, capable de répondre à la
double urgence qui nous presse : soulager les finances publiques et redonner de
l’autonomie aux seniors.
En transformant une
partie de leur patrimoine immobilier en revenus complémentaires, tout en
restant chez eux, les retraités cessent de dépendre exclusivement de l’État ou
de leurs enfants pour financer leur vieillesse et leur perte d’autonomie. Ce
n’est plus seulement une question d’argent : c’est une question de dignité.
Quant aux acquéreurs, ils sécurisent un placement dans la pierre, à l’heure où
la perspective d’une ponction sur l’épargne inquiète de plus en plus. Ils
participent, sans toujours en avoir conscience, à une nouvelle forme de
solidarité intergénérationnelle : investir dans le toit d’un aîné, c’est aussi
investir dans son autonomie.
Le débat politique sur
la dette ne doit pas se limiter à pointer la charge que représenteraient les
retraités pour les finances publiques. Ce serait trop simple, trop réducteur,
et surtout trop injuste. Il doit ouvrir la voie à des solutions concrètes, capables
de redonner souffle et confiance à nos aînés, sans alourdir le fardeau des
générations futures. Le viager est de celles-là. Il ne s’agit plus d’une
curiosité patrimoniale, mais d’un levier stratégique, à la fois de solidarité
intergénérationnelle et de soutenabilité budgétaire.
Car au fond, la
monétisation du patrimoine incarne une idée puissante : celle d’une société où
l’on ne se contente pas de constater le vieillissement, mais où l’on en fait
une chance. Il propose de transformer une inquiétude en ressource, une charge
supposée en force réelle. En refusant de rester figé dans la nostalgie d’un
modèle unique de retraite, il ouvre un horizon nouveau, où le patrimoine, au
lieu de dormir, devient un outil de liberté.
Il est temps, enfin, de sortir le viager de l’ombre. De cesser d’y voir un pari cynique, pour y reconnaître un pacte de confiance entre générations. De comprendre qu’une société qui invente de nouveaux équilibres est une société qui refuse la résignation. Car grâce au viager, la France peut redonner sens à une solidarité intergénérationnelle aujourd’hui malmenée, et retrouver, dans le même mouvement, un souffle de soutenabilité budgétaire.


