Le point de vue d’Alexandre Dalibot, co-fondateur d’a-gO, start-up
française dédiée à l’innovation médicale dans le domaine des maladies
neurodégénératives.
Chaque jour, dans le monde entier, des millions de personnes découvrent qu’elles sont touchées par une maladie neurodégénérative. Alzheimer, Parkinson, démences variées…
Ces pathologies progressent silencieusement pendant des années, souvent invisibles aux yeux du patient et de son entourage. Le diagnostic, lorsqu’il survient, est trop souvent tardif...
- Trop tard pour intervenir efficacement.
- Trop tard pour ralentir l’évolution.
- Trop tard pour préserver l’autonomie et la qualité de
vie.
Pourtant, la science
montre depuis longtemps que la maladie n’apparait jamais de nulle part. Elle
laisse des traces, des signaux discrets, bien avant l’apparition des symptômes
visibles. Parmi ces signaux, la manière dont une personne marche, se déplace,
organise son mouvement, révèle parfois des indices précoces de l’altération des
fonctions cérébrales. Les chercheurs le confirment : des anomalies subtiles
dans la démarche peuvent annoncer des pathologies comme Parkinson, Alzheimer ou
d’autres formes de démence. Ce constat ouvre un champ d’opportunités jusqu’ici
peu exploré : celui de la détection précoce basée sur l’observation fine du
mouvement.
S’intéresser à ces
signaux n’est pas une simple curiosité scientifique. C’est une question de
temps. De temps pour intervenir, pour ralentir la progression, pour anticiper
les besoins du patient et de ses proches. Chaque mois, chaque semaine, chaque
jour gagné peut avoir un impact direct sur la qualité de vie. Car si le
traitement des symptômes avancés reste limité, la prévention et
l’accompagnement précoces offrent des leviers considérables.
Cette réflexion n’est
pas qu’une question médicale. Elle est profondément sociétale et éthique. Les
maladies neurodégénératives touchent non seulement le patient mais aussi son
entourage, sa famille, son cercle social. Elles représentent un défi immense pour
les systèmes de santé, en termes de prise en charge, de suivi et de ressources
disponibles. Comprendre et anticiper ces pathologies permet non seulement de
mieux gérer le parcours des patients, mais aussi de réfléchir à des modèles de
soin plus durables et humains.
Mais anticiper ne peut
se faire qu’en observant avec précision et rigueur ce que le corps nous révèle.
La marche, ce geste quotidien, discret et naturel, devient alors un indicateur
précieux. Les données collectées lors de tests de marche, lorsqu’elles sont
analysées correctement, peuvent révéler des tendances invisibles à l’œil nu.
Elles transforment des observations simples en informations prédictives
fiables, permettant aux professionnels de santé de suivre l’évolution du
patient et de planifier des interventions adaptées.
Il ne s’agit pas de
remplacer le jugement médical. Il ne s’agit pas de substituer la technologie à
l’humain. Il s’agit de lui donner les moyens de voir l’invisible, d’agir plus
tôt, et ainsi de préserver ce qui compte le plus : la vie quotidienne des patients,
leur autonomie, leur dignité. La technologie devient un outil pour gagner du
temps de vie de qualité, non pour imposer un protocole, mais pour enrichir la
décision clinique.
Aujourd’hui, la
question de la détection précoce des maladies neurodégénératives est au cœur de
la recherche médicale. Les données issues de la marche ouvrent de nouvelles
perspectives, mais elles posent également des défis : comment interpréter
correctement ces signaux ? Comment les intégrer aux pratiques médicales sans
créer d’anxiété inutile chez le patient ? Comment garantir une prise en charge
éthique et respectueuse de la personne ?
Réfléchir à ces
questions, explorer ces pistes, c’est envisager un futur où chaque pas compte.
Où chaque geste quotidien peut offrir un indice précieux sur la santé de la
personne. Où l’humain, la science et la technologie se rencontrent pour
permettre de mieux vivre avec la maladie, et parfois même de la devancer.
Le défi reste immense.
Mais chaque avancée dans la détection précoce est une victoire silencieuse : un
pas vers plus de temps, plus de qualité de vie, plus d’autonomie. Observer,
analyser, anticiper… parfois, un simple pas peut faire la différence entre subir
la maladie et vivre avec elle.


