Analyse de Matthias De Bièvre, fondateur de Visions, intermédiaire de données - et président de Prometheus-X.
La Commission
européenne a publié, le 15 septembre, sa stratégie pour les infrastructures
technologiques. Le texte trace des pistes pour consolider le rôle de l’UE en
science et innovation : création d’un mécanisme de gouvernance dès 2026,
définition de critères pour identifier les équipements d’intérêt européen, et
lancement de programmes pilotes donnant aux start-up et scale-up un accès
facilité aux infrastructures.
Matthias De Bièvre,
fondateur de Visions - intermédiaire de données - et président de Prometheus-X
- association regroupant 260 organisations européennes visant à faciliter le
partage de données -, réagi à cette stratégie.
« Le texte évoque la
circulation des données comme un défi majeur, mais reste très en deçà des
besoins pour y répondre.
Pour que ces
infrastructures deviennent réellement un moteur d’innovation, il est nécessaire
de faciliter le partage des données et de mieux intégrer l’IA. C’est ce qui
leur permettra d’être plus fonctionnelles, plus résilientes et moins coûteuses.
Dans le même temps, l’explosion des volumes de données, notamment dans la
recherche où l’IA est déjà massivement utilisée, dépasse notre capacité à les
exploiter. Il devient essentiel de stocker et gérer ces données de manière
efficace et sécurisée, conformément aux principes FAIR.
Or, la stratégie pour
les infrastructures technologiques se limite à citer l’EOSC (European Open
Science Cloud) et fait l’impasse sur d’autres data spaces stratégiques pourtant
déjà financés à hauteur de près de 2 milliards d’euros – santé, mobilité, éducation,
spatial. Ces initiatives existent, mais leur potentiel reste fragmenté. Le
véritable enjeu n’est donc pas de créer de nouvelles infrastructures, mais
d’interconnecter celles qui existent pour permettre aux données de circuler
vers l’innovation et la recherche, plutôt que de dupliquer les efforts.
Cette unification devait relever du Data Space Support Centre, mais celui-ci n’a pas réussi à jouer ce rôle, notamment en raison de problèmes de gouvernance qui ont conduit la Commission à remettre son mandat en concurrence. L’Europe n’a pas besoin de nouvelles infrastructures, mais d’unir et de gouverner efficacement ses data spaces existants. C’est la condition pour transformer des milliards d’investissements en un véritable moteur d’innovation. »


