La nouvelle édition du baromètre ISM-MAAF dresse le bilan du marché de l’emploi dans l’artisanat en France.
Après une très forte hausse post-Covid, l’emploi dans l’artisanat marque le pas en 2024, tout en conservant des niveaux historiquement élevés. Malgré une baisse récente (-3 % depuis 2022), le volume d’offres d’emploi a explosé depuis 2019 (490 000 offres ; +46 % depuis 2019), tandis que le nombre de demandeurs d’emploi a chuté de 12 % dans ces métiers.
Alors que les tensions sur les recrutements atteignent un
niveau sans précédent, ce baromètre livre un palmarès inédit des métiers les
plus porteurs pour un projet de formation ou de reconversion.
Après le boom
post-Covid, l’emploi artisanal reste à un haut niveau malgré un léger recul
Au 31 décembre 2024, on
recensait en France 1 857 000 emplois salariés dans les cœurs de métier de
l’artisanat, en hausse de 4,5 % depuis 2019. Dans le détail, le secteur a
massivement recruté au sortir de la période Covid avec une hausse globale des
emplois de 8 % entre 2019 et 2022. Dans le contexte de la crise énergétique et
des fortes tensions sur la conjoncture économique, l’emploi salarié s’inscrit
en léger repli global de 3 % entre 2022 et 2024. Un reflux dans le BTP (-5 %)
et l’artisanat de fabrication (-4 %), alors que les métiers des services et de
l’alimentation restent stables.
Evolution de l’emploi
salarié dans l’artisanat

Evolution de l’emploi
salarié par grands secteurs de l’artisanat

Selon Anne-Sophie
Prissé, Directrice Marketing et Communication MAAF : « Alors que
l’emploi artisanal reste solide après le rebond post-Covid, les entreprises
font face à des tensions croissantes pour recruter. Une situation marquée par
une hausse de 46 % des offres d’emploi depuis 2019, et une baisse du nombre de
candidats. Un contexte avec de véritables opportunités pour celles et ceux qui
souhaitent se former ou se reconvertir dans les métiers les plus porteurs.
Fidèle à son engagement auprès des artisans, MAAF souhaite valoriser ces
métiers d’avenir et encourager les parcours dans ces secteurs clés de notre
économie. »
Alors que le nombre
d’offres d’emplois augmente fortement, le vivier de demandeurs d’emplois
diminue… menant à des tensions sans précédent sur les recrutements
Si la création de
nouveaux postes marque le pas, la dynamique de recrutement est au plus haut.
Les entreprises artisanales recrutent régulièrement pour remplacer les salariés
en mobilité ou les départs en retraite. Dans ce contexte, 490 000 offres d’emplois
ont été diffusées en 2024 sur les cœurs de métier de l’artisanat, un chiffre en
très forte hausse de 46 % depuis 2019. Dans certains métiers, cette hausse des
offres est même exponentielle. C’est le cas par exemple, dans l’alimentation,
des métiers de vendeur en poissonnerie et charcuterie, dont les offres ont
progressé d’au moins 65 %. Dans certains cas, la croissance des offres est liée
au développement de nouveaux marchés comme ceux de l’isolation (façadier) ou de
la construction bois dans le BTP, ou encore de la réparation de cycles dans les
services.
En parallèle, le nombre
de demandeurs d’emploi sur les métiers de l’artisanat diminue de 12 % sur la
période 2019 – 2024, alors qu’il reste globalement stable à échelle nationale.
Cette dynamique, propre au secteur, concerne tous les métiers : - 14 % dans le BTP et la fabrication ; - 12 %
dans l’alimentation et -8% dans les services.
Avec des offres en
forte hausse et un vivier de candidats à la baisse, les difficultés de
recrutement atteignent des niveaux sans précédent. Globalement dans l’ensemble
des métiers, y compris hors artisanat 57 % des recrutements ont été jugés
difficiles en 2024. Mais pour certaines activités artisanales, ce taux dépasse
largement les 70% comme par exemple les chaudronniers (80%) ; les couvreurs
(82%) ; les bouchers (74 %) ou encore les carrossiers automobiles (81 %).
Un contexte
particulièrement porteur pour se former ou se reconvertir… mais gare aux effets
de mode !
Dans ce contexte de
très fortes tensions sur les recrutements, le baromètre ISM – MAAF livre pour
la première fois un palmarès des métiers les plus porteurs pour engager un
projet de formation ou de reconversion, qui se distinguent par une très forte
baisse du nombre de demandeurs d’emplois et font face à un déficit de
compétences disponibles sur le marché de l’emploi. On retient parmi ces métiers
notamment les charcutiers – traiteurs, plâtriers, soudeurs et retoucheurs en
habillement.
En miroir, l’étude fait
aussi le point sur les métiers pour lesquels on observe une hausse
exceptionnelle du nombre de demandeurs d’emploi. Un classement qui révèle ainsi
que les métiers « en vogue », souvent symboles des trajectoires de
reconversions post covid, pourraient avoir atteint un plafond. Parmi eux :
brasseurs, fromagers, pâtissiers et chauffeurs VTC.
Palmarès des métiers
enregistrant les plus fortes variations de la demande d’emploi
Nombre de demandeurs
d’emploi en baisse
|
|
Activités |
Nb de
demandeurs d’emploi en 2024 |
Évolution
2019-2024 |
|
Métiers de l’alimentation |
Charcuterie-traiteur |
1 220 |
-23 % |
|
Boulangerie-viennoiserie |
12 130 |
-19 % |
|
|
Vente en
alimentation |
48 240 |
-16 % |
|
|
Métiers du BTP |
Plâtrier,
plâtrière |
630 |
-34 % |
|
Montage de
structures et de charpentes bois |
1 650 |
-30 % |
|
|
Tailleur
de pierres |
1 070 |
-27 % |
|
|
Peintre en
bâtiment |
43 830 |
-23 % |
|
|
Métiers de fabrication |
Soudeur |
15 620 |
-22 % |
|
Menuisier |
16 130 |
-18 % |
|
|
Technicien
de maintenance industrielle |
14 790 |
-10 % |
|
|
Métiers des services |
Retoucheur
en habillement |
1 120 |
-29 % |
|
Agent
d’entretien des locaux |
180 730 |
-16 % |
|
|
Mécaniciens
automobiles |
32 810 |
-7 % |
Nombre de demandeurs
d’emploi en hausse
|
|
Activités |
Nb de
demandeurs d’emploi en 2024 |
Évolution
2019-2024 |
|
Métiers de l’alimentation |
Brasseur
de bière |
3 320 |
+19 % |
|
Fabrication,
affinage de fromages |
670 |
+18 % |
|
|
Pâtisserie,
confiserie, chocolaterie et glacerie |
15 400 |
+3 % |
|
|
Métiers du BTP |
Frigoriste |
7 590 |
+11 % |
|
Ascensoriste |
1 120 |
+1 % |
|
|
Métiers de fabrication |
Réalisation
d’objets en fibres et végétales |
220 |
+38 % |
|
Réalisation
d’objets décoratifs et utilitaires en céramique et matériaux de synthèse |
1 170 |
+27 % |
|
|
Réalisation
de vêtements sur mesure ou en petite série |
13 900 |
+26 % |
|
|
Métiers des services |
Conduite
de transport de particuliers |
25 520 |
+43 % |
|
Agent de
désinfectation |
800 |
+33 % |
|
|
Soins
esthétiques et corporels |
36 660 |
+15 % |
Catherine Elie,
Directrice des études ISM, conclut : « Globalement, la plupart des grands
secteurs de l’artisanat ont des difficultés à pourvoir leurs emplois. Il est
aujourd’hui plus difficile de recruter dans ces métiers « essentiels » que dans
les métiers du commerce, de la gestion-administration, les métiers de cadres
–ingénieurs ou du transport-logistique.
Rares sont les secteurs où le nombre de demandeurs d’emplois progresse, à l’exception de métiers « en vogue » souvent très médiatisés ces dernières années, où l’on a pu observer un afflux de candidats pour se former ou s’installer, au-delà parfois des capacités d’emploi réelles ».


