Le point de vue de Virginie Saks et Francois
Verrecchia, Co-fondateurs de Compagnum.
La France se place
aujourd’hui en 3e position en matière d'implantation de data centers et guigne
la première place.
Mais n’oublions pas que
dernière les données, il y a des usines - des bâtiments concrets que l’on peut
voir et toucher. L’implantation d’un data center, c’est du foncier parfois de
plusieurs dizaines d’hectares, un approvisionnement massif en électricité, de
l’eau pour refroidir ou capter la chaleur générée… Bref, c’est l’implantation
d’une usine comme une autre. Mais peut-être plus désirable qu’une autre. Et
s’il fallait parler d’IA pour redorer notre envie d’industrie ?
Car, si la
réindustrialisation n’est pas encore rentrée dans le quotidien des Français,
l’intelligence artificielle l’est bien plus. Nous sommes chaque jour plus
nombreux à utiliser ChatGPT, Mistral, Perplexity, Gemini ou autre assistant de
prise de note/ Plus un étudiant n’échappe à la maîtrise de ces outils de
productivité avancé. Pour améliorer l’image de l'industrie auprès des jeunes,
suffirait-il de leur rappeler que, sans industrie, pas d’IA ?
Il y a cependant une
condition. Les data centers doivent devenir des usines désirables, acceptées
par tous, citoyens comme élus. Et c’est possible. Par exemple, Data4, qui opère un centre de données à Marcoussis (Essonne)
a travaillé en partenariat avec l’institut de recherche de Paris Saclay pour
s’accoler à une serre agricole qui profite de sa chaleur pour la culture de
microalgues. Usages : biocarburant, cosmétiques…et 500 emplois indirects créés
sur le territoire. Autre exemple, Digital Realty à Marseille contribue au
rayonnement local et investit dans l’école de la 2nde chance. De manière
générale, les data centers peuvent agir librement en entreprises locales
engagées en embarquant un écosystème de PME clientes ou sous-traitantes, qu’il
s’agisse d’utilisation de leur technologie ou de rachat de leur chaleur.
Pour cela, il faut mettre des outils d’acceptabilité locale à la disposition des collectivités locales, des constructeurs et des investisseurs. L’Etat l’a compris, et il y a urgence ; les contreparties territoriales se négocient avant l’implantation des usines, pas après. La valorisation locale de la chaleur d’un data center doit être prévue dès le choix du terrain. De même, des pactes d’implantation industrie-territoire doivent être écrits dans les prochains mois pour être présentés aux grands constructeurs avant la pose de la première pierre. Enfin, des écosystèmes locaux d’entreprises et associations locales favorables à l’implantation de ces grands projets doivent être constitués rapidement, sous peine de compromettre la mise en service du centre de données dans les délais.


