Si les Français
cultivent cette image d’un peuple terriblement amoureux de sa langue, pour qui
chaque accent, chaque accord, chaque règle relève du sacré, qu’en est-il
vraiment en 2025 ?
Nos équipes de Preply
ont mené l’enquête auprès de 1 500 Français pour mieux comprendre le rapport
des Français à la langue française et aux fautes de langage. Ces dernières
relèvent-elles toujours du sacrilège ou d’une banalité tolérable à l’heure des
correcteurs automatiques, des messages vocaux et des e-mails écrits dans
l’urgence ?
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1 Français sur 2 juge
que faire des fautes est « inacceptable »
C’est par le biais
d’une première question que nous avons cherché à mieux connaître le rapport des
Français à la langue, et plus particulièrement aux fautes de français : «
Qu’est-ce qui résume le mieux votre pensée à propos des fautes de français ? »
Le constat est sans appel : 49% des sondés estiment que faire des fautes est «
inacceptable ». Autrement dit, un Français sur deux considère les fautes de
langage comme un affront inexcusable à la langue de Molière.
En face, 31%
considèrent que « ce n’est pas si grave », adoptant ainsi une attitude plus
légère et moins dramatique à l’égard des fautes de français.
Enfin, 20% n’ont pas
d’opinion tranchée sur la question.
Cette répartition
suggère une société divisée : une moitié attachée aux règles, l’autre oscillant
entre tolérance et désintérêt. Un écart générationnel peut-il expliquer cette
fracture ? Ou est-ce le reflet d’un changement plus profond dans nos usages et
nos priorités ?
L’excellence dans le
langage : que disent les générations ?
En comparant les
réponses des Français par tranche d’âges, quelques résultats viennent souligner
une certaine vision du langage, dépendamment des générations :
● Chez les 55 ans et
plus, 58% considèrent les fautes de français comme étant inacceptables.
● Un chiffre qui baisse drastiquement chez les plus jeunes générations : 35% chez les 24-35 ans,
et 32% chez les 16-24 ans.
Du côté des Français
jugeant que les fautes de français ne sont « pas si graves », les proportions
et écarts vont dans le même sens.
● Seuls 20% des 55 ans
et plus considèrent que faire des fautes n’est pas si grave…
● … quand 34 à 35% des
générations suivantes (35-44 ans et 45-54 ans) montrent une plus grande
tolérance aux écarts de langage.
● Les Millenials sont
47% à considérer les fautes comme un détail.
● Un chiffre légèrement
inférieur chez la génération Z, avec 41%.
Beaucoup font des
fautes, mais prennent le temps de les corriger
À cette perception
normative s’ajoute la réalité des usages. Nous avons donc posé une deuxième
question : « Faites-vous souvent des fautes ? »
Ici encore, les
résultats sont révélateurs. 46% déclarent faire des fautes de manière très
occasionnelle, mais précisent qu’ils prennent systématiquement le temps de les
corriger. Loin d’un abandon total des règles, cela traduit plutôt un rapport
lucide et responsable à la langue : on reconnaît ses écarts, on cherche à y
remédier.
À l’inverse, 20%
avouent faire fréquemment des fautes sans chercher à les corriger, notamment
lorsqu’ils écrivent rapidement ou dans des contextes informels. Le temps, la
pression ou simplement le relâchement expliquent souvent cette négligence. Ce
chiffre interroge : la spontanéité justifie-t-elle l’oubli des règles ?
Fait notable :
seulement 4% affirment ne « jamais faire de fautes ». Ce chiffre, modeste,
met fin à un mythe. La perfection orthographique semble hors de portée pour la
quasi-totalité de la population, et ce, quasi équitablement dans toutes les
générations.
Les générations,
indicateurs d’un changement de perception
À travers de nombreux
résultats d’enquêtes, les générations disent souvent beaucoup des changements
d’opinions et de perception. On constate ainsi, au départ des tranches les plus
âgées de la population française, une affection plus prononcée pour un usage
parfait de la langue, avant une lente décrue vers ce qui pourrait s’apparenter
à un relâchement, ou une vision décomplexée du langage, à mesure que nous
approchons des 16-24 ans. Une prime au sens et à l’efficacité, aux dépens de
l’orthographe et de quelques autres règles élémentaires ?
Les chiffres clés, par
génération :
● Les 55 ans et plus
sont 57% à admettre faire de rares erreurs, en cherchant toujours à les
corriger.
● Un chiffre en légère
baisse (51%) chez les 45-54 ans, encore décroissant chez les 35-44 ans (45%).
Chez les générations
les plus jeunes, l’écart se creuse drastiquement :
● Seuls 30% des
Millenials déclarent faire de rares erreurs, en cherchant toujours à les
corriger…
● … un chiffre qui
descend à 18% chez la génération Z, dont 30% considèrent faire « souvent des
fautes sans chercher à les corriger ».
Des fautes… pour plein
de « bonnes » raisons ?
Ceux qui admettent
faire des fautes évoquent plusieurs explications qui éclairent les contextes où
les règles linguistiques vacillent.
● 13% expliquent qu’ils
font des fautes à l’écrit, sans contexte spécifique : sans doute le signe d’une
difficulté persistante ou d’un rapport conflictuel à l’écrit, parfois ancré
depuis l’enfance.
● 10% évoquent le
stress ou la pression, en particulier dans les situations formelles : examens,
dossiers ou toute production écrite impliquant une attente extérieure.
● 7% déclarent ignorer
les corrections automatiques, les laissant volontairement de côté. Une manière
de reprendre le pouvoir sur la machine, ou simplement un signe d’indifférence
face à l’erreur ?
● 6% avouent faire
régulièrement des fautes sur les réseaux sociaux, là où l’orthographe est
souvent perçue comme secondaire. Même proportion dans les e-mails
professionnels, où la faute devient pourtant plus visible et potentiellement
plus préjudiciable.
Ces réponses montrent
que la faute n’est pas toujours un signe de négligence, mais parfois aussi le
résultat de circonstances concrètes ou de pressions.
Ce que les fautes
disent de nous
En creux, cette enquête
révèle une tension très contemporaine entre rigueur linguistique et souplesse
communicationnelle. Les règles restent majoritairement respectées, mais leur
transgression occasionnelle semble de moins en moins dramatique.
Le langage devient un
outil fonctionnel, flexible, modulé selon le contexte : rigueur ultime dans le
CV, tolérance dans le texto. Cette plasticité montre une certaine intelligence
des usages, mais interroge aussi notre rapport à la langue et au soin du détail.
La faute de français
n’est plus toujours un stigmate social, ni un marqueur d’inculture. Elle
devient une simple négligence sans conséquence, ou même une forme d’adaptation
à l’instantanéité des échanges numériques.
Conclusion : entre
attachement à la langue et tolérance moderne
En 2025, les Français
restent profondément attachés à leur langue. Une moitié d’entre eux le clame
haut et fort : les fautes sont inacceptables. Mais les usages révèlent une
réalité plus nuancée. Beaucoup en font, certains les assument, et d’autres
encore les corrigent dans un souci de précision.
La norme grammaticale
semble aujourd’hui moins figée, moins sacrée, mais toujours vivante. Elle se
déploie dans un monde où le langage est à la fois outil, code et miroir de
notre temps.
Dans ce contexte, savoir écrire sans faute reste une compétence valorisée. Mais faire une faute n’est plus toujours un crime de lèse-majesté.


