Le point de vue d’Eric Houdet, Fondateur de Homapi.
La nouvelle vient de tomber : dès 2026, le calcul du DPE (diagnostic de performance énergétique) va changer pour mieux prendre en compte les spécificités des logements chauffés à l’électricité.
Résultat attendu ? Environ 850 000 logements sortiront automatiquement du statut de "passoire thermique" sans qu’un seul centime n’ait été investi en travaux.
Magique ? Pas tout à fait. Et pour les copropriétés, ce n’est surtout pas le moment de relâcher la pression.
Une réforme nécessaire…
mais pas suffisante
Soyons clairs : cette
évolution va dans le bon sens. Le DPE actuel pénalise injustement les logements
chauffés à l’électricité, notamment dans les immeubles anciens ou mal isolés.
Mieux intégrer le "contenu carbone" et l'évolution du mix énergétique
français, c’est cohérent.
Mais changer la règle
du jeu ne fait pas disparaître le problème. Une étiquette F qui devient E reste
un logement mal isolé, énergivore et inconfortable. Et l'urgence climatique,
elle, ne se décrète pas à la baisse.
Gare à l'effet
anesthésiant
Pour les
copropriétaires, cette annonce pourrait ressembler à une bonne nouvelle :
"Plus besoin de travaux, notre étiquette remonte toute seule !" Faux
espoir.
Ce changement ne dispense pas d’agir. Il retarde, au mieux. Il illusionne, au pire.
Car les obligations restent là : audit énergétique, plan pluriannuel de travaux (PPT), DPE collectif, interdiction de louer certaines classes énergétiques... Et surtout, les prix de l’énergie, eux, ne seront pas réformés à la baisse.
Agir, c’est maintenant
(et ensemble)
J’accompagne les
copropriétés depuis le début de cette révolution énergétique. On le voit tous
les jours : ceux qui anticipent reprennent le pouvoir. Pouvoir de choisir les
bons travaux. Pouvoir de négocier les bons devis. Pouvoir de valoriser leur
bien. Les autres ? Ils subissent.
La réforme du DPE n’est
pas une excuse pour attendre. C’est une opportunité pour accélérer, avec une
vision plus juste, plus fine, plus adaptée au réel.
En 2026, il sera trop
tard pour être en avance
La bonne question à se poser n’est-elle pas : " Est-ce que je vais sortir des classes F ou G grâce à la réforme ?".
La bonne question, c’est : "Est-ce que mon immeuble sera
prêt pour les échéances qui arrivent ?"
Car si certains
logements seront "blanchis" par la réforme, les copropriétés qui
n’ont encore rien lancé, DPE collectif, PPT, vote de travaux, seront rattrapées
par les textes… et par le temps.
Les vrais gagnants ne
sont pas ceux qui attendent
En matière de transition énergétique, attendre un assouplissement, c’est souvent perdre du temps, de l’argent et de la valeur patrimoniale.
La réforme du DPE doit être
accueillie avec pragmatisme, pas avec naïveté.
Il faut continuer d’agir aux côtés des copropriétés, avec une conviction : l’avenir appartient à ceux qui rénovent tôt.


