Face
à une baisse marquée de l’aide internationale pour l’éducation et un
financement inégal de la culture et des sciences, l’UNESCO tire la sonnette
d’alarme et appelle les bailleurs de fonds à renouveler leur engagement envers
ces secteurs clés du développement.
À l’occasion de la
Conférence internationale sur le financement du développement de Séville,
l’UNESCO salue la déclaration commune, dans laquelle les États reconnaissent
l’importance de financer l’éducation, de reconnaitre la culture comme moteur de
développement, et de renforcer la coopération scientifique face aux défis
globaux.
« L’éducation, la
culture et la recherche scientifique comptent parmi les leviers les plus
puissants pour la paix et le développement de nos sociétés. En assurer un
financement durable est aujourd’hui essentiel, le fragiliser serait fragiliser
notre avenir commun », déclare Audrey Azoulay, Directrice générale de
l’UNESCO.
Une baisse préoccupante
de l’aide à l’éducation
Alors que chaque dollar
investi dans l’éducation génère une croissance du PIB de 15 à 20 dollars,
l’éducation apparaît comme l’un des meilleurs investissements qui peuvent être
faits par un pays. Selon un récent rapport de l'UNESCO, la déscolarisation coûtera
à l'économie mondiale jusqu'à 10 000 milliards de dollars par an d'ici à 2030.
Et à ces considérations financières s’ajoutent d’importants dégâts sociaux. Les
lacunes dans l’acquisition des compétences de base sont associées, au niveau
mondial, à une augmentation de 69% des grossesses précoces non désirées chez
les jeunes filles.
Malgré ces bénéfices
concrets, une nouvelle analyse publiée par le Rapport mondial de suivi sur
l'éducation de l'UNESCO révèle que l'aide internationale à l'éducation pourrait
diminuer de plus d’un quart entre 2023 et 2027, avec une baisse de 12% déjà observée
en 2024.
Dans les pays à faible
revenu, cette aide représente en moyenne 17% des dépenses publiques
d'éducation, allant jusqu'à la moitié des budgets nationaux pour l’éducation
dans certains cas. Cette tendance au désengagement s’amplifie alors même que
272 millions d’enfants et de jeunes restent exclus du système scolaire, dont la
moitié en Afrique, selon de nouveaux chiffres de l’UNESCO.
L’UNESCO mobilisée pour
des financements innovants pour l’éducation
Ce sous-investissement
est parfois la conséquence de finances publiques exsangues : 60% des pays à
revenu faible sont surendettés ou en situation de risque élevé de
surendettement. En 2022, sur le continent africain, les coûts du service de la
dette ont atteint un montant comparable à celui des budgets publics de
l’éducation.
Face à cette urgence, l’UNESCO promeut des mécanismes de financement innovants tels que les conversions de dette en investissements pour l’éducation, dans le droit fil de l’appel conjoint lancé en 2024 par Audrey Azoulay, Directrice générale de l'UNESCO, et Luiz Inácio Lula da Silva, Président
du Brésil.
De tels mécanismes ont
déjà été mis en œuvre avec succès entre l'Indonésie et l'Allemagne (2002-2011),
le Pérou et l'Espagne (2006-2017), et la Côte d'Ivoire et la France (2023).
Fort de ces expériences, l’UNESCO conçoit une feuille de route et des recommandations
concrètes pour aider davantage de pays débiteurs et créanciers à diriger
l'allègement de la dette vers des investissements dans l'éducation.
La culture, un vecteur
de développement et de cohésion sociale
En 2022, le secteur
culturel et créatif représentait 3,1 % du PIB mondial et générait près de 50
millions d’emplois. Financer le secteur culturel – y compris les industries
créatives et le patrimoine culturel – revient à investir dans des secteurs qui
créent des emplois, génèrent de la croissance économique et de la cohésion
sociale.
Ces dernières années,
l’UNESCO a démontré que l’investissement dans la culture – de la rénovation du
patrimoine culturel au soutien des industries créatives – avait permis de
décupler les bénéfices de l’aide au développement : à Mossoul en Irak, plus de 5000
emplois ont été créés pour mener la reconstruction d’édifices emblématiques de
la vieille ville ; au Yémen, où plus de 8 000 jeunes ont participé à la
réhabilitation de leur patrimoine culturel ; ou encore dans les Caraïbes, où 17
pays ont bénéficié du programme Transcultura, qui a formé et soutenu plus 2500
personnes pour renforcer les industries créatives.
Dans la perspective de
la Conférence MONDIACULT 2025 à Barcelone, l’UNESCO appelle les États à
intégrer de manière systématique la culture dans leurs cadres de financement du
développement durable.
Investir dans la
science et la coopération scientifique
La science est un levier essentiel pour relever les grands défis de notre temps : transition écologique, protection de la biodiversité, santé des océans, prévention des catastrophes et résilience face aux crises. Pourtant, elle reste largement sous-financée. Selon le dernier Rapport de l'UNESCO sur la science,
80% des
pays consacrent moins de 1% de leur PIB à la recherche et au développement. Les
sciences océaniques, quant à elles, ne reçoivent que 1,7% des budgets nationaux
alloués à la recherche – un chiffre alarmant, alors même que la Conférence des
Nations Unies sur l’océan à Nice vient de rappeler l’urgence d’agir.
Mais les moyens financiers ne suffisent pas : la coopération est tout aussi essentielle. Partager les infrastructures, les données et les savoirs scientifiques, y compris des peuples autochtones, permettrait de renforcer l’impact de la recherche, en particulier dans les pays à faible revenu. C’est le sens de la recommandation de l’UNESCO sur la science ouverte adoptée par nos États membres en 2021. À Séville, l’UNESCO a renouvelé son appel à une coopération scientifique internationale plus forte, au service du bien commun.


