Enquête CSA pour l’Institut
pour l’innovation économique et sociale (2IES)
78% des Français jugent
nécessaire une réforme en profondeur de l’État-providence, dans un contexte de
déficit chronique et de défi démographique
Le modèle social est à
la fois un socle essentiel de la cohésion nationale et un déterminant clé de
l’avenir du pays. Alors que les pouvoirs publics sont confrontés à une double
injonction - contenir la dépense publique et répondre aux attentes sociales -,
l’Institut pour l’innovation économique et sociale (2IES), appuyé par
l’Institut CSA, a souhaité interroger les Français sur une transformation en
profondeur de l’État-providence, dans un contexte politique, géopolitique,
social et économique tendu.
Les Français
connaissent leur modèle social mieux qu’on ne le pense
59 % des personnes
interrogées comprennent que l’Etat-providence garantit avant tout un accès aux
soins, 58 % qu’il protège contre les aléas de la vie (maladie, chômage,
vieillesse), et 44 % qu’il aide les plus en difficulté.
En réponse spontanée,
61% des évocations sont positives : "protection",
"solidarité", "valeurs", "soutien".
Un système néanmoins
jugé à bout de souffle sur le plan financier et organisationnel
Pour autant, les Français sont très conscients tant des dérives financières et de l'inefficience du modèle social que de leurs conséquences sur leurs droits et pour l’avenir du pays. Ainsi, 76 % des personnes interrogées considèrent comme vraie l’affirmation selon laquelle « Demain, le vieillissement de la population va accélérer les dépenses de retraite et de santé » dont 43 % qui en sont certains.
62%
approuvent l’affirmation selon laquelle « A terme, le modèle social français ne
pourra pas être maintenu sans mettre en danger la stabilité financière de
l'État ».
Le constat sur le
système de santé est sans appel : 86 % des Français jugent qu’il traverse des
difficultés graves, notamment liées aux déserts médicaux, à la saturation des
urgences et à la baisse des remboursements.
Au bout du compte, 55 %
des Français estiment contribuer davantage au modèle social qu’ils n’en
bénéficient. Les 2/3 des sondés (66 %) observent que l’Etat-providence « coûte
cher aux travailleurs et réduit leur pouvoir d’achat » ; plus de la moitié d’entre
eux (54 %) considèrent que le modèle nuit à la compétitivité des entreprises.
En outre, 72 % du panel pense que le modèle social n’incite pas à travailler et
78 % qu’il n’est pas convenablement contrôlé. En définitive, 68 % des Français
considèrent que le modèle social déresponsabilise les citoyens qui attendent
trop de l’intervention de l’État et ce, qu’ils soient de gauche (52 %) ou de
droite (84 %).
Réformer pour
sauvegarder : une attente nette et transversale
Face à ce constat, 67 %
des sondés estiment que le modèle social doit être réformé par les pouvoirs
publics en réduisant le périmètre des prestations ou le nombre de
bénéficiaires. Une réforme en profondeur est même jugée « nécessaire » ou «
souhaitable » par près de 8 Français sur 10 (respectivement par 78 % et 77 %
d’entre eux). Elle est néanmoins jugée « risquée » par 53 % des répondants et «
difficile à réaliser » pour 67 % d’entre eux.
A noter paradoxalement qu’un tiers des personnes interrogées (33 %) préfère préserver le système en augmentant les prélèvements ou la dette, une option davantage soutenue par les jeunes (44 % des
18-24 ans).
Ce sondage révèle que
les Français sont plus mûrs qu’on ne le pense pour réfléchir à une évolution de
leur modèle social, qui leur parait inévitable. En tout état de cause, à 90 %
des répondants, ils attendent des dirigeants politiques de tous bords qu’ils «
s’expriment davantage sur le sujet » de sa réforme en expliquant clairement ses
enjeux et en se positionnant ouvertement sur la question.
« Pour les Français, la réforme du modèle social n’est pas taboue. Ils expriment un besoin urgent de refondation et de cohérence. Dans un moment marqué par la tension entre exigences de rigueur budgétaire et efficacité de l’action publique, cette étude exhorte les politiques à prendre à bras le corps le sujet et travailler à des réformes de structure. » conclut Claude Tendil, président de l’Institut pour l’innovation économique et sociale (2IES).


