En
résumé
• Deux ans après la première étude sur
l’utilisation de l’éco-acoustique comme mesure d’impact d’une zone de
production d’huile de palme en Indonésie sur la biodiversité, une seconde étude
confirme que le suivi de la biodiversité à grande échelle grâce à cette
technologie peut être à la fois abordable et adaptée à différents contextes
géographiques et écosystémiques.
• L’étude montre que l’éco-acoustique s’avère
utile pour obtenir des données plus cohérentes et transparentes de la part des
entreprises sur leurs impacts en matière de biodiversité.
• Les efforts de conservation d’un producteur
d’huile de palme révèlent des signes encourageants de régénération écologique.
Il devient urgent de
disposer de méthodes fiables pour mesurer les progrès des entreprises en
matière de biodiversité. Obtenir des données en temps réel reste cependant
difficile, alors même qu’elles sont nécessaires pour évaluer les stratégies
mises en place par les entreprises.
Afin de mieux comprendre comment mesurer l’érosion de la biodiversité, Cardano, Fidelity International, Goldman Sachs Asset Management et Nomura Asset Management ont mandaté Green Praxis, fournisseur de solutions fondées sur la nature, pour réaliser une étude
éco-acoustique.
Objectif : comparer les niveaux de
biodiversité dans trois types de parcelles - des zones de production, des zones
de conservation et des zones témoin, vierge de toute intervention - d’abord en
Indonésie, puis en Malaisie.
Cette deuxième phase
visait à améliorer les méthodes de mesure à l’aide d’enregistrements audio et
d’analyses automatisées, afin d’évaluer les efforts de restauration des
écosystèmes et avoir ainsi une meilleure prise en compte des risques
environnementaux pour les actifs en portefeuille.
Améliorations apportées
depuis la première étude
La collecte de données
a été élargie sur trois semaines, sur plusieurs types de forêts, à l’aide de
capteurs AudioMoth, à la fois haut de gamme et abordables, favorisant les
économies d’échelle sur ce projet. Le recours à l’intelligence artificielle a
permis d’automatiser la classification des habitats et le calcul des indices de
biodiversité. Cette approche s’est révélée efficace pour distinguer avec
précision les parcelles forestières destinées à la production, celles visant la
conservation et les parcelles vierges. L’équipe chargée du projet a également
bénéficié d’un accès à la forêt d’Ulu Kinta, l’une des plus anciennes forêts
tropicales du monde. Cette zone, intacte, a permis d’établir une véritable zone
témoin, ce qui n’avait pas été possible lors de la première étude en Indonésie,
en raison d’une déforestation déjà amorcée là-bas.
Principaux
enseignements
• En matière de biodiversité : dans les zones de
conservation, la biodiversité mesurée est à un niveau intermédiaire entre celle
des zones témoins et celle des zones de production. Cela suggère que les
efforts de restauration engagés depuis dix ans portent leurs fruits. Les zones
témoins présentent quant à elles une biodiversité spécifique, absente des
autres milieux.
• Sur les espèces observées : l’analyse des oiseaux
montre que 41 % des espèces présentes dans les zones témoins ne se retrouvent
nulle part ailleurs. On retrouve quasiment à parts égales dans les zones de
conservation des espèces en commun avec les zones de production et avec les zones
témoins. Les zones de production et les zones témoins ont par contre très peu
d’espèces en commun.
• Sur le plan technique : l’intégration de l’IA
a permis d’automatiser l’analyse, d’accélérer le déploiement et d’améliorer la
précision des résultats dans l’attribution des scores de biodiversité. Les
capteurs AudioMoth, malgré leur faible coût, ont fourni des données aussi fiables
que ses appareils plus onéreux, ce qui a permis de faire des économies
d’échelle. Leur caractère discret et robuste facilite leur utilisation dans des
conditions de terrain variées. Les spectrogrammes ont confirmé la cohérence des
résultats obtenus avec les deux types de matériel.
Une avancée majeure
pour les investisseurs
Selon Greta Fearman,
responsable du Stewardship chez Cardano : « Les résultats de cette étude
montrent que les efforts de conservation entrepris par le producteur d’huile de
palme commencent à porter leurs fruits. L’étude prouve également qu’il est
possible de surveiller la biodiversité à grande échelle et à moindre coût, dans
des environnements variés. Il reste encore des progrès à accomplir pour affiner
les outils, mais les perspectives sont encourageantes.
Cette approche pourrait
s'avérer précieuse pour les investisseurs du monde entier, dans leur recherche
d’une plus grande transparence de l’impact de leur portefeuille sur la
biodiversité. En effet, les entreprises ont désormais à leur disposition un
outil qui leur permet de mesurer quantitativement les progrès accomplis dans la
réalisation de leurs objectifs environnementaux. Nous encourageons donc les
entreprises et leurs fournisseurs à envisager d'intégrer cette technologie dans
leurs propres processus de suivi de la biodiversité. »
Jenn-Hui Tan, Directeur Monde du Développement Durable chez Fidelity International, poursuit :
« Contrairement au changement climatique ou aux émissions de gaz à effet de serre, l’érosion de la biodiversité est difficile à mesurer à l’aide d’un seul indicateur. C'est pourquoi nous pensons que les institutions financières ont un rôle important à jouer pour soutenir la communauté scientifique en finançant la recherche de solutions innovantes pour la mesure et la surveillance de la nature, notamment l'éco-acoustique. Nous sommes encouragés par les résultats de cette étude. Non seulement elle montre que la restauration de la biodiversité est possible, mais elle souligne également qu’un suivi à bas coût de la biodiversité est possible. Avec des améliorations supplémentaires, nous espérons que cette méthode pourrait être adoptée à plus grande échelle, aidant ainsi les entreprises les plus exposées à surveiller et à suivre leur empreinte biodiversité avec plus de clarté et de précision. »


