Le point de vue de Brauman & K., spécialiste de la
vente de logements neufs et de l’accompagnement à la propriété.
Alors que la crise du
logement s’aggrave en France, la nécessité de relancer la construction devient
un enjeu national. Dans un contexte marqué par l’effondrement de la promotion
immobilière, la raréfaction des permis de construire, la hausse des taux et des
coûts de construction, une question s’invite dans le débat public : faut-il
revoir les exigences environnementales du DPE pour les logements neufs afin de
construire davantage et à moindre coût ?
Depuis l’entrée en
vigueur de la loi Climat & Résilience, la lutte contre les passoires
thermiques s’est intensifiée, interdisant progressivement la mise en location
des logements classés E, F et G. Cette stratégie s’applique aussi au neuf : les
programmes immobiliers sont conçus pour viser un DPE A ou B, en cohérence avec
les objectifs de neutralité carbone. Une exigence vertueuse sur le papier, mais
qui, dans les faits, contribue à alourdir le coût de la construction et à
freiner la production à un moment où il faudrait, au contraire, construire
massivement.
« Les normes permettant
de produire des logements avec de hautes performances énergétiques restent
indispensables vu la situation climatique actuelle. Cependant, moins de
contraintes permettrait également de rendre plus accessible l’immobilier aux
Français. Alors, pourquoi ne pas permettre, dans un cadre strict, la
construction de logements neufs classés C ou D ?, interroge David
Brauman, fondateur de Brauman & K. Ces logements resteraient très
performants, bien au-dessus des standards de l’ancien, tout en étant plus
simples et moins coûteux à produire ».
Un levier pour
l’accession à la propriété
L'immobilier neuf
présente des atouts structurels : performances thermiques supérieures,
meilleure qualité architecturale, présence fréquente d'espaces extérieurs, DMTO
(frais de notaires) réduits, et absence de travaux. Pourtant, la RE2020, déjà
en application, et la RE2025 à venir, imposent aux promoteurs une complexité
technique et une inflation des coûts qui pèsent directement sur les prix de
vente.
« Aujourd’hui,
l’accession à la propriété ne tient souvent qu’à un fil, celui des aides
publiques, comme le prêt à taux zéro. Si l’on permettait une offre de logements
neufs légèrement moins performants mais beaucoup plus abordables, ce serait une
avancée majeure pour les ménages modestes, poursuit David Brauman. Ce
serait gagnant-gagnant : pour les acheteurs, pour les promoteurs, et même pour
l’État, qui récupérerait plus de TVA via un volume de ventes accru. »
Un équilibre à trouver
entre performance et production
La mission confiée à
François Pérol par le gouvernement sur le choc d’offre en logement, ou encore
la proposition de loi Huwart visant à simplifier le droit de l’urbanisme
illustrent cette volonté politique d’adapter les normes à la réalité
économique. Dans ce contexte, une réflexion sur le niveau d’exigence
énergétique applicable au neuf pourrait constituer un levier supplémentaire.
« Construire du C ou du
D, ce n’est pas construire mal, c’est construire plus, insiste David
Brauman. L’urgence est de relancer la machine, tout en maintenant un
socle de performance environnementale. Redonner de la marge de manœuvre aux
promoteurs, c’est débloquer des projets et répondre plus rapidement à la
demande ».
Alors que le ministère
de la Transition écologique planche sur de nouvelles orientations pour le
logement durable, la question est désormais posée : pour sortir de l’impasse
actuelle, faut-il assouplir temporairement certaines exigences du DPE dans le
neuf, sans renier nos engagements climatiques ?
Le débat est ouvert.


