- En France, les fraudes liées aux deepfakes et aux documents d’identité synthétiques ont augmenté respectivement de 700% et de 281% depuis 2024.
- Les secteurs du commerce électronique et des
cryptoactifs sont une cible de choix pour les fraudeurs.
- L’Europe reste particulièrement exposée à la
fraude documentaire, malgré un recul de cette technique est en recul à
l’échelle mondiale.
Sumsub, leader mondial
de la vérification d’identité, publie les résultats d’une analyse
internationale sur la fraude à l’identité, basée sur ses données internes.
Cette étude compare les chiffres des premiers trimestres de 2023, 2024 et 2025 dans six grandes régions du monde, et met en évidence un changement majeur dans les types de fraude, marqué par une hausse spectaculaire des deepfakes et des documents synthétiques.
Principaux
enseignements
● Les typologies de fraude varient d’une zone
géographique à l’autre, soulignant la nécessité d’adopter des approches locales
différenciées en matière de vérification de l’identité.
● En Europe, les tentatives de fraude numérique
montent en flèche dans l’e-commerce, l’edtech, la crypto et la fintech,
confirmant la pression croissante sur les entreprises face à des cybermenaces
toujours plus sophistiquées.
● Sumsub souligne l’importance des systèmes de
vérification qui intègrent la détection biométrique anti-deepfake et des outils
avancés pour détecter les documents d’identité synthétiques afin de minimiser
les risques de fraude.
● Les deepfakes continuent d’exploser dans le
monde entier, avec des augmentations allant jusqu’à +700% aux États-Unis entre
le 1er trimestre 2024 et le 1er trimestre 2025, ce qui en fait l’une des
méthodes de fraude à l’identité les plus inquiétantes.
● La fraude aux documents synthétiques est en
passe de devenir la principale menace. Depuis 2024, elle a augmenté de près de
378 % en Europe et de 356 % aux États-Unis, dépassant ainsi les méthodes
traditionnelles.
● La falsification de documents est en forte
baisse dans la plupart des régions, notamment en Amérique latine (-64%), en
Afrique (-82%) et en Amérique du Nord (44%), sauf en Europe, où elle reste
stable, voire en augmentation (+33%), ce qui est préoccupant.
Des changements rapides
et globaux dans les pratiques frauduleuses
En l’espace d’un an, au
cours du même trimestre, les tentatives d’usurpation d’identité à l’aide de
deepfakes ont explosé. Au niveau mondial, cette augmentation atteint 700% si
l’on compare le premier trimestre 2025 à la même période en 2024.
- La région
Asie-Pacifique
connaît une augmentation globale de 1 100%, avec des pics alarmants à Hong Kong
(1 900%) et à Singapour (1 500%).
- L’Amérique du Nord, pourtant
traditionnellement mieux équipée pour faire face à ces menaces, n’a pas été
épargnée non plus, avec une augmentation de 1 100%. Le Canada est
particulièrement ciblé, avec une croissance de 3 400%, soit une multiplication
par 35 en seulement deux ans.
- En Europe, l’augmentation atteint
900%, avec des chiffres en nette hausse dans tous les pays : 700% en France,
900% au Royaume-Uni et 1 100% en Allemagne.
Mais ce « phénomène deepfake » semble se limiter aux pays industrialisés. Il reste très limité au Moyen-Orient (+3%), en Afrique (+1%) et en Amérique du Sud (+2%). Cela s’explique notamment par les infrastructures technologiques locales qui n’offrent pas encore la puissance de calcul nécessaire pour réaliser de telles falsifications.
Dans le même temps, la
fraude aux documents synthétiques, c’est-à-dire la création de documents
d’identité à l’aide de l’intelligence artificielle générative, apparaît comme
la menace dominante, encouragée par l’accès de plus en plus répandu à ces
outils et la performance de leurs résultats. Par exemple, en Europe,
l’Allemagne affiche une augmentation de 566% entre 2024 et 2025. En France,
même si le chiffre est plus modéré, il atteint tout de même 281%.
La falsification de
documents devient de plus en plus sophistiquée
Si les cas de fraude
documentaire traditionnelle sont en recul dans de nombreuses régions du monde,
la menace ne disparaît pas, elle se déplace simplement. Grâce à des outils d’IA
de plus en plus puissants tels que le ChatGPT et les générateurs d’images, les
fraudeurs peuvent désormais générer des documents d’identité très réalistes,
souvent indétectables par les systèmes de contrôle traditionnels. Ces
technologies permettent, par exemple, de produire automatiquement des preuves
crédibles d’identité ou de résidence, des photos de profil hyperréalistes et
même des deepfakes vocaux et visuels.
Cette évolution vers
des fraudes plus sophistiquées, reposant sur des documents synthétiques et des
contenus générés par l’IA, marque une nouvelle ère pour les acteurs de la
cybersécurité et de la vérification d’identité. À mesure que ces outils
deviennent plus accessibles et plus puissants, les tentatives de fraude se
multiplient, rendant les mécanismes de détection traditionnels rapidement
obsolètes s’ils ne s’adaptent pas.
Cette évolution
souligne l’urgence pour les entreprises et les institutions de renforcer leurs
systèmes de vérification avec des solutions capables d’analyser les traces
numériques, de détecter les incohérences subtiles et d’identifier les signes de
génération artificielle. L’avenir de la prévention de la fraude repose sur
l’IA, mais du bon côté de la barrière.
Les disparités
régionales...
L’analyse des données
par région géographique révèle d’importantes disparités dans la nature des
fraudes. En Asie-Pacifique, la progression des deepfakes et des documents
synthétiques est particulièrement marquée. Des pays comme Singapour et Hong
Kong, par exemple, sont confrontés à des attaques massives, probablement en
raison du niveau élevé de numérisation de ces sociétés, combiné à la
sophistication accrue des acteurs malveillants.
Sur le continent
africain, la dynamique est différente. Les deepfakes ne sont pas encore très
répandus, mais les documents d’identité synthétiques représentent une menace
majeure. Le Nigeria, par exemple, affiche un taux alarmant de +192,31%. En
Amérique latine, la situation est contrastée : la falsification de documents
est en net recul, mais les documents synthétiques restent préoccupants, en
particulier au Mexique (+1 200%).
Enfin, dans la région
du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (ME/NA), les trois types de fraude sont
présents, mais dans des proportions plus modérées. On observe une augmentation
lente mais continue des deepfakes, tandis que la fraude aux documents synthétiques
s’est stabilisée à des niveaux relativement élevés, en particulier dans les
Émirats arabes unis et en Israël.
...et par secteur
d’activité
Au-delà des différences
géographiques, des disparités dans les secteurs ciblés par les tentatives de
fraude apparaissent. En Europe, la situation est particulièrement préoccupante
dans le secteur du e-commerce, qui enregistre une augmentation spectaculaire de
176% des tentatives de fraude entre le premier trimestre 2024 et le premier
trimestre 2025. Le secteur EdTech, bien que moins exposé en termes de volume,
connaît également une forte augmentation (+129% depuis 2023). Le secteur des
crypto-actifs, quant à lui, connaît une hausse de 84%, loin devant celui de la
FinTech qui se limite à
+26% en un an. Ces tendances confirment que l’Europe
n’est pas épargnée, loin de là, par la montée des cybermenaces.
Conclusion de Pavel
Goldman-Kalaydin, Responsable IA et Machine Learning chez Sumsub : « Les menaces en ligne
étant de plus en plus sophistiquées, il est important que les organisations
publiques et privées revoient leurs protocoles de vérification de l’identité.
Nombre d’entre eux ont été conçus pour des risques désormais obsolètes et sont
inefficaces face aux menaces d’aujourd’hui. Notre priorité est de renforcer les
capacités de détection biométrique grâce à l’intelligence artificielle pour
valider l’authenticité du visage et détecter les deepfakes, qui sont de plus en
plus utilisés par les fraudeurs. Nous recommandons également d’adopter des
systèmes capables d’identifier les documents d’identité synthétiques, qui
échappent souvent aux bases de données officielles. Enfin, il est essentiel
d’adapter les stratégies de prévention de la fraude aux spécificités
régionales, car le type, le volume et la sophistication de la fraude varient
considérablement d’une région à l’autre. »


