Baromètre MOV[E] 2025.
- En tête de leurs
inquiétudes :
la simplification des normes, la fiscalité du logement et l'investissement
locatif
- Le TOP 3 des
préoccupations grandissantes : la sobriété énergétique, la vacance et les
copropriétés dégradées
Le baromètre MOV[E]
prend le pouls des professionnels de l’immobilier et de l’aménagement en
interrogeant, chaque année, promoteurs, constructeurs, bailleurs sociaux/privés
et aménageurs sur les défis du secteur et leurs attentes. Les résultats ont été
révélés ce jour lors des 7èmes Assises Nationales du Logement et de la Ville,
rendez-vous annuel majeur pour l’ensemble de la filière.
Dans un contexte de
crise installée, l’appréhension est toujours majeure, mais diminue légèrement.
Ainsi, en 2025, 44% des professionnels se déclarent pessimistes quant à
l’avenir (alors qu’ils étaient 52% en 2024) tandis que 33% préfèrent ne pas se
prononcer en raison d’un trop grand nombre d’incertitudes
(vs. 25% en 2024).
On retrouve en tête de
leurs préoccupations
1. La simplification
des normes à 65%
• Une demande de longue date de l’ensemble de
la filière, pour enrayer les complications, retards, voire arrêts de projets
générés par l’empilement de réglementations ;
2. La fiscalité du
logement à 64% et l’évolution de l’investissement locatif à 61% (vs. 75% en
2024)
• Deux préoccupations intimement liées qui
reflètent tant le doute des professionnels quant à la capacité des pouvoirs
publics de redynamiser une appétence pour la pierre en perte de vitesse, et que
l’importance de la mission sur le statut du bailleur privé ;
3. La protection
assurantielle des professionnels face aux aléas climatiques (61%)
• Un autre sujet d’inquiétude qui démontre
l’impact grandissant, par exemple, des fortes pluies et inondations, sur le bon
déroulement des chantiers, et donc le coût de l’allongement de leurs durées ou
de la perte de matériaux ;
4. L’évolution des
ventes dans le neuf à 55%
• Avec la fin du dispositif du PINEL+ qui n’a
pas été remplacé et l’évolution démographique, cette préoccupation peut
concerner à la fois les aides à la construction et la demande ; la question se
pose notamment sur la taille des logements proposés face aux nouveaux schémas
familiaux (augmentation des familles monoparentales et des seniors
célibataires, diminution des grandes familles…) ;
5. L’évolution des
permis de construire à 54%
• À 18 mois des élections municipales, la
profession s’inquiète de voir les maires freiner les projets de construction.
Quelques sujets
d’inquiétude continuent toutefois de progresser
1. La sobriété
énergétique,
passant de 24% d’inquiétude en 2024 à 34% en 2025, atteste de la difficulté,
dans un contexte de crise, d’atteindre à prix raisonnables les seuils 2025 de
la RE2020 pour le neuf, la rénovation de l’ensemble du bâti ancien ;
2. La lutte contre la
vacance,
passant de 33% en 2024 à 43% en 2025, met en lumière les dizaines de milliers
de logements classés G, désormais interdits à la location et que nombre de
propriétaires préfèrent conserver vides, ou encore les meublés touristiques qui
restent inoccupés du fait de la limitation possible du nombre de jours de
location ;
3. La lutte contre les
copropriétés dégradées, passant de 43% en 2024 à 49% en 2025, reflète les
incertitudes générées par la loi habitat dégradé d’avril 2024, mais qui
pourraient trouver des pistes de solutions dans les 2 décrets récemment adoptés
sur les grandes copropriétés dégradées.
Enfin, parmi les sujets
sur lesquels les professionnels sont les plus confiants
1. La digitalisation
des pratiques et le BIM, à 34%, qui témoignent d’une prise en main et d’une
appropriation par la filière, très prometteuses dans la perspective de l’IA ;
2. L’adaptation au
changement climatique (31%), la massification de la rénovation énergétique
(30%), la construction bas carbone (30%) et l’économie circulaire (30%)
suggèrent que les sujets de transition environnementale semblent désormais
intégrés, même s’ils ne sont pas encore résolus.
Les mesures qu’ils
attendent en priorité des pouvoirs publics :
1. De la simplification
et de la stabilité (62%) :
• Dans le contexte actuel et face au
mille-feuille administratif toujours pesant dans la conduite des projets, les
professionnels réclament plus que jamais de la simplification réglementaire et
plus de lisibilité sur les compétences logement des collectivités (38%)
2. Des mesures de
relance du parcours résidentiel pour dynamiser le marché :
• Aides à l'accession à la propriété dans
l'ancien (37%)
• Aides à l'accession à la propriété dans le
neuf (34%)
• Renforcement des dispositifs de soutien à la
construction neuve (24%)
3. Des mesures de
soutien face au défi climatique qui aident à financer la transformation de la
profession et le changement de paradigme :
• Le renforcement des dispositifs de soutien à
la rénovation énergétique à 49%
• Des
dispositifs de lutte contre le changement climatique (soutien au bas carbone,
aides à l'adaptation des bâtis) à 37%.
La nomination de Valérie Létard, qui remporte l’adhésion de l’ensemble de la profession, et les premières mesures en faveur du logement inscrites par elle au Budget 2025 ont indéniablement redonné confiance à l’écosystème de l’aménagement et la construction. Cependant, le spectre de la dissolution du gouvernement, encore régulièrement évoquée, et l’aboutissement des divers chantiers en cours (mission sur le statut du bailleur privé, projets de lois sur la simplification du droit de l’urbanisme, la rénovation énergétique, l’encadrement du prix du foncier, la pérennisation de l’encadrement des loyers…) ne permettent pas de présager avec assurance d’un rebond rapide en matière de construction. D’autant moins que l’écosystème fait face à un défi majeur, celui de repenser et reconstruire la ville à l’aune de nouvelles exigences environnementales et énergétiques désormais incontournables.