Alors que le
gouvernement vient de dévoiler son plan « plastique 2025-2030 » pour prévenir
la pollution, de nombreuses voix s’élèvent pour souligner son manque
d’ambition. Malgré des intentions affichées (soutien au réemploi, prime au
recyclé, campagnes de sensibilisation…), les ONG et les collectivités
regrettent l’absence de mesures structurantes, d’objectifs chiffrés, et
d’interdictions claires.
L’analyse de Maxime
Dupont, Directeur « Impact et durabilité » sein du cabinet de conseil Bartle.
• Un plan en trompe-l’œil : Alors que la France
recycle seulement 26 % de ses plastiques, loin derrière l’objectif européen de
50 % en 2025, ce plan ne fait qu’entériner le statu quo. Aucun signal fort pour
rattraper ce retard…
• On évite le vrai sujet : la production. Réduire
les déchets sans réduire la production, c’est une impasse. La France produit
4,5 millions de tonnes de plastique par an. Tant que ce chiffre ne baissera
pas, on restera dans l’illusion d’une action qui a de l’impact pour l’environnement
(plus de 460millions de tonnes produites chaque année, x2 en 20 ans) …
• Un compromis dicté par les lobbies
industriels :
Lors du Sommet de l’Océan à Nice, l’absence de toute ambition sur la production
montre l’influence des producteurs de plastiques et des groupes pétrochimiques.
On sacrifie l’intérêt général pour préserver quelques intérêts privés.
• Le recyclage comme « cache-misère » : moins de 10% du
plastique mondial est recyclé efficacement. Parier sur un « renforcement des
capacités de recyclage » sans s’attaquer aux plastiques complexes ou non
recyclables revient à prolonger une fiction.
Quid de l’évolution des
comportements, des habitudes de consommation, de l’envoi du plastique dans les
pays du Sud pour s’en débarrasser au Nord ? …
• Pas d’interdiction, pas de réduction chiffrée
:
Aucun objectif contraignant à horizon 2030, aucune interdiction nouvelle des
plastiques à usage unique ou non recyclables. Ce plan ne fixe ni cap, ni
échéance, ni obligation.
• L’écocontribution, écran de fumée : Le plan annonce qu’il
sera financé non pas par l’État, mais par les éco-organismes via 1,6 milliard
d’euros de budget déjà existant. C’est une réaffectation, pas un investissement
supplémentaire. On ne met pas les moyens en face des enjeux.
• La France, mauvais élève européen : Chaque année, l’État
paie 1,5 milliard d’euros de pénalités à l’Europe pour non-respect des
objectifs. Ce plan ne propose aucune stratégie pour sortir de cette situation –
pourquoi ne pas discuter avec Bruxelles pour transformer ces pénalités en
moyens d’actions ?
• Une occasion manquée de leadership : Alors que la France
accueillait le Sommet ONU Océan, elle aurait pu envoyer un signal fort. Au lieu
de cela, elle présente un plan faible, non chiffré, non contraignant, sans
dimension internationale.
• Pas de réponse aux enjeux systémiques. Le plastique = pollution marine, mais aussi risques sanitaires, microplastiques dans les chaînes alimentaires, émissions de GES (gaz à effet de serre).
Ce plan ignore
l’interconnexion des crises.
Ce qu’il aurait fallu
proposer, selon Maxime Dupont:
- Un objectif de
réduction de 50% de la production de plastique vierge d’ici 2030, créer une
alliance d’états qui souhaitent avancer sur le sujet, hors lobbys
- L’interdiction
progressive des plastiques non recyclables dès demain…
- Un moratoire sur les
nouveaux sites pétrochimiques
- Un grand « plan »
mêlant scientifiques, industriels, élus, etc. pour définir de nouveaux usages
plastique, l’interdire là où il est inutile, revenir à des usages et une
présence raisonnée du plastique dans nos quotidiens
- Le soutien massif au réemploi, via des consignes ambitieuses et harmonisées, soutenir les filières consignes, ré-emploi, etc.