Dans le cadre du
World Circular Economy Forum 2025 (WCEF2025), PACCT, réseau international
leader sur le sujet de l’économie de la fonctionnalité, a organisé le 16 mai
dernier un webinaire autour d’une question centrale : « En quoi les modèles
Product-as-a-Service (PaaS) permettent-ils de réconcilier performance
économique et impact environnemental ? ».
Cet événement, inscrit
dans le programme officiel du WCEF2025, a réuni Elina Roine, Directrice
générale adjointe des opérations à la Banque européenne d’investissement,
Michel Vincentelli, Senior Vice President de la division Connected Solutions
chez Michelin, Neil Kay, Vice President Agricultural Solutions EMEA West chez
BASF, et Yael Shemer, Co-fondatrice et CCO de TULU.
Les intervenants ont
partagé des retours d’expérience concrets sur la mise en œuvre de modèles
économiques orientés usage, apportant des réponses structurelles aux défis de
compétitivité, de fidélisation client et de durabilité.
Un événement qui
s’inscrit dans la mission de PACCT : fédérer les acteurs économiques et
institutionnels pour accélérer l’adoption de modèles économiques innovants à
l’échelle européenne.
Des bénéfices concrets
pour les entreprises et leurs clients
Si les modèles PaaS
contribuent à réduire l’empreinte environnementale des entreprises, ils ne le
font pas au détriment de la création de valeur. Bien au contraire : en
améliorant l’expérience utilisateur et la satisfaction client, ils s’imposent
comme des leviers durables de performance économique.
Michelin a ainsi
présenté son offre "Optimized Tire Performance", un modèle fondé sur
le paiement à l’usage, combinant gestion des pneus, maintenance prédictive et
analyse de données. Ce service permet aujourd’hui de réduire les pannes de 80%,
d’abaisser la consommation de carburant de 12% et d’éviter jusqu’à 907 tonnes
de CO₂ par an pour une flotte de 100 camions.
Pour BASF, via sa
filiale Xarvio, le service "Healthy Fields" permet aux agriculteurs
d’acheter des « hectares sains », via l’utilisation d'outils digitaux d’aide à
la décision et à une tarification fixe par parcelle. Ce modèle permet une réduction
de 10 à 20% de l’usage des produits fongicides, tout en apportant un gain de
temps et une sécurité contractuelle aux exploitants.
TULU a partagé son
expérience de plateforme connectée, permettant aux habitants d’immeubles de
louer à la demande des produits du quotidien (aspirateurs, cafetières, outils,
etc). Leur modèle, fondé sur la collecte de données d’usage, permettrait
d’éviter plus de 56 000 tonnes de CO₂ d’ici 2028 selon leurs
projections.
Les difficultés
rencontrées dans la mise en place de ces modèles
Malgré des résultats
encourageants et des bénéfices significatifs tant sur le plan économique
qu’environnemental, la mise en œuvre des modèles Product-as-a-Service reste
confrontée à plusieurs défis, comme l’ont souligné les intervenants.
Chez Michelin, passer
de la vente de produits à une offre fondée sur la valeur d’usage implique un
changement de paradigme pour toutes les équipes : mise en place d’une nouvelle
tarification basée sur la performance, exigences accrues en matière de service,
et coordination d’activités complexes - production de pneus, opérations de
terrain et services connectés.
Du côté de BASF, l’un
des principaux obstacles réside dans le changement d’état d’esprit attendu chez
les agriculteurs, qui doivent s’adapter à un modèle basé sur une promesse de
résultat plutôt que sur l’achat d’un produit. À cela s’ajoutent les difficultés
à anticiper les besoins liés à la croissance et la nécessité de faire évoluer
un cadre réglementaire qui ne suit pas encore le rythme de l’innovation en
matière d’usage.
TULU doit quant à elle
gérer une complexité opérationnelle élevée : diversité des immeubles et des
modèles économiques (B2C, B2B2C), attentes et comportements des utilisateurs,
entretien des biens ou encore enjeux juridiques (assurances, garanties, responsabilités,
etc).
Des leviers pour
changer d’échelle
Tous les intervenants
ont insisté sur la nécessité de construire un écosystème favorable :
accompagnement des entreprises, intégration du PaaS dans les marchés publics ou
encore soutien réglementaire.
Afin de compenser
certaines difficultés liées à la mise en place de ces modèles – notamment des
flux de trésorerie plus longs, une valorisation complexe des actifs, ou encore
une incertitude accrue sur la solvabilité des clients, la Banque européenne d’investissement
a également présenté plusieurs leviers pour structurer un écosystème favorable
au développement du PaaS : partenariats avec des institutions financières pour
soutenir les PME, accompagnement par des agrégateurs émergents et appui aux
grandes entreprises comme aux acteurs publics, notamment via des programmes de
conseil comme celui du Circular City Centre.
Enfin, les entreprises ont mis en avant l’importance de la relation client et de la connaissance fine des usages, rendue possible par la digitalisation, pour faire évoluer leurs offres dans une logique de co-construction.
Prochain rendez-vous :
PACCT présentera son policy brief le 17 juin à Bruxelles dans le cadre
de la EU
Green Week, lors d’un événement hybride destiné à nourrir les réflexions sur le
futur Circular Economy Act.