…et s’interrogent sur la
finalité d’un gouvernement qui se désigne pour mieux s’effacer.
Une enquête du Syndicat
des Indépendants et TPE
Une « année blanche »
pour les dépenses publiques ? Si cette piste budgétaire est bel et bien à
l’étude, comme l’indiquent plusieurs sources ministérielles citées par Les
Échos, alors une question fondamentale mérite d’être posée : à quoi bon
désigner un gouvernement, si sa réponse aux déséquilibres qu’il a contribué à
creuser consiste à suspendre l’exercice même de gouverner ?
La TVA dite « sociale
», dans ce contexte, apparaît non seulement injuste, mais déconnectée de toute
logique de réforme. Elle incarne une fiscalité de renoncement, privilégiant la
facilité du prélèvement indirect au détriment du courage politique que nécessiterait
une transformation structurelle. La France ne souffre pas d’un manque de
recettes : elle affiche déjà l’un des taux de prélèvements obligatoires les
plus élevés d’Europe. Ce qui fait défaut, c’est un modèle public arrivé à bout
de souffle, que nul ne semble prêt à réinterroger sérieusement.
L’enquête flash menée
par le SDI auprès des dirigeants de TPE révèle que 57% d’entre eux s’opposent à
la TVA sociale. Ce rejet n’est ni idéologique, ni dogmatique : il procède d’une
analyse concrète de la réalité économique.
Une telle mesure viendrait
fragiliser davantage une clientèle déjà contrainte, freinerait la consommation
et compromettrait la viabilité même de nombreuses activités. Dans ces
conditions, prétendre relancer la compétitivité en renchérissant le coût pour
les consommateurs relève d’un contresens économique.
Ce refus massif
s’accompagne d’une exigence de lisibilité :
• sur les dépenses publiques, qui
doivent faire l’objet d’une réduction effective, tant au niveau de l’État que
des collectivités territoriales.
• sur la place du travail, enjeu
fondamental trop souvent évacué. Ainsi, 71% des dirigeants de TPE interrogés se
déclarent favorables à une remise en cause des 35 heures, non par dogmatisme,
mais dans une logique de redynamisation du travail et de restauration de la
productivité.
Il convient également
de rappeler que l’« année blanche » annoncée ne sera en rien synonyme
d’inaction fiscale : les entreprises seront confrontées à une hausse des
prélèvements, à la suppression de certaines niches, dont celle liée aux
allègements de charges sur les bas salaires, ainsi qu’à d’autres mesures dont
les effets concrets pourraient se faire sentir dès la mi-juillet – dans un
contexte économique déjà fortement dégradé.
Le SDI alerte : en s’abstenant de
toute réforme de fond, le gouvernement prend le risque de diluer sa propre
légitimité dans un enchevêtrement de mesures techniques. La combinaison d’une
année budgétaire figée et d’une fiscalité indirecte accrue ferait courir à
l’économie réelle un double péril : celui d’un immobilisme institutionnalisé et
d’un transfert de charges vers les acteurs les plus vulnérables.
Le modèle social français mérite davantage qu’un pilotage à vue. Il requiert un cap clair, du courage politique et une vision ancrée dans la justice économique. Les TPE, quant à elles, continueront d’assumer leurs responsabilités, mais refusent de devenir les variables d’ajustement d’un État qui peine à assumer les siennes.