Des
objectifs climatiques ambitieux, étayés par de solides plans de mise en œuvre
et d’investissements peuvent fournir des opportunités économiques, débloquer
l’investissement et soutenir le développement et la croissance durables, tout
en facilitant la transition vers une économie bas carbone, selon un nouveau
rapport élaboré conjointement par l’OCDE et le Programme des Nations Unies pour
le développement (PNUD).
Intitulé Investir dans
le climat pour la croissance et le développement : Renforcer les contributions
déterminées au niveau national, ce rapport montre qu’aligner les politiques
climatiques avec les priorités économiques et sociales peut se traduire par un
surcroît de PIB mondial, une réduction accélérée de la pauvreté, un
renforcement de la sécurité énergétique et de meilleurs résultats en matière de
santé. Bien que l’action climatique ait nettement progressé au cours des dix
dernières années – puisque les investissements dans les énergies propres ont
été supérieurs à ceux consacrés aux combustibles fossiles, et que les objectifs
de neutralité carbone couvrent maintenant près de 90% de l’économie mondiale –
le rapport souligne que des progrès supplémentaires sont nécessaires.
En 2024,
les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) ont atteint un nouveau
sommet, et la hausse moyenne des températures sur une année complète a dépassé
1,5°C pour la première fois. En vertu de l’Accord de Paris, les pays sont tenus
de présenter tous les cinq ans de nouveaux plans climatiques, pour d’avantage
réduire les émissions de GES et s’adapter aux effets et risques climatiques qui
en découlent, sous la forme de contributions déterminées au niveau national
(CDN).
Le cycle de CDN de 2025 offre à point nommé l’occasion de rehausser
l'ambition collective des pays. À la fin du mois de mai, 22 pays avaient
présenté leur nouvelle CDN, sachant que de nombreux autres devraient faire de
même avant la 30e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques
(COP30) qui aura lieu en novembre.
D’après les analyses
présentées dans le rapport de l’OCDE et du PNUD, des CDN renforcées peuvent, si
elles sont judicieusement conçues et étayées par de solides cadres de mise en
œuvre, permettre simultanément d’obtenir une croissance économique inclusive
plus rapide et de réduire les émissions de GES. Dans un tel scénario, le PIB
mondial augmenterait de 60% environ entre 2022 et 2040, et il serait supérieur
de 0,2% au niveau auquel il s’établirait dans un scénario de maintien des
politiques actuelles en 2040. Les arguments économiques qui militent en faveur
d’une action climatique ambitieuse deviennent encore plus convaincants sur le
long terme lorsqu’on prend en compte les pertes économiques évitées en cas de
réduction des risques d’événements climatiques.
Un exercice de modélisation
réalisé par l’OCDE indique qu’un scénario dans lequel des CDN plus ambitieuses
sont adoptées pourrait se traduire par un surcroît de PIB mondial pouvant
atteindre 3% d’ici à 2050 et 13% à l’horizon 2100. Or, ces projections
conduisent probablement à sous-estimer l’ampleur des avantages qui
découleraient d’une action climatique plus ambitieuse, étant donné que les
modèles actuels ne tiennent pas compte des répercussions économiques et sociales
négatives qu’aurait le franchissement de points de bascule climatiques
critiques – tels que la fonte des calottes glaciaires ou l’inversion des
courants océaniques – qui pourrait provoquer des changements graves et
irréversibles du système climatique.
« Les données montrent
que les pays peuvent renforcer leur croissance, leur développement et leur
résilience tout en agissant de manière plus ambitieuse en faveur du climat, a déclaré le
Secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann. Si les bonnes politiques
sont en place, des objectifs climatiques ambitieux peuvent contribuer à faire
concorder les investissements publics et privés avec un avenir bas carbone, à
réduire la pauvreté et à renforcer la sécurité énergétique. Des arguments
économiques évidents militent en faveur de stratégies climatiques plus
ambitieuses, de nature à attirer les investissements et réalisables. »
« Ce rapport montre que
la transition vers des économies plus propres et plus vertes peut de fait
favoriser la croissance du PIB – et non l’entraver », a déclaré
l’Administrateur du PNUD, Achim Steiner. Alors que nous tournons notre
regard vers l’avenir, il est clair que les économies vertes joueront un rôle
moteur pour l’industrie, la mobilité et les systèmes énergétiques, entre
autres. Des CDN renforcées, étayées par la Promesse climatique (Climate Promise)
du PNUD, constituent donc des engagements forts qui font écho à l’Accord de
Paris et à la Convention-cadre sur les changements climatiques, en faveur d’une
action plus ambitieuse et d’investissements intelligents propices au
développement, à la croissance et au progrès. »
L’action climatique
peut avoir des effets économiques et sociaux positifs allant au-delà de
l’augmentation du PIB. Selon le rapport, l’intégration des stratégies
climatiques et de développement pourrait aider une personne sur cinq en
situation d’extrême pauvreté à améliorer sa sécurité financière d’ici à 2050.
Des investissements dans les énergies propres, les transports à faibles
émissions et un urbanisme amélioré permettraient en outre d’améliorer la
qualité de l’air, en particulier dans les pays à revenu faible ou
intermédiaire, où la pollution liée aux combustibles fossiles reste lourde de
conséquences sur le plan sanitaire.
Pour aider les pays à
concrétiser ces avantages, le rapport met en avant un ensemble de priorités
stratégiques pour le cycle de CDN de 2025. Il s’agit notamment de faire émerger
un engagement politique à haut niveau à l’échelle de l’ensemble des administrations,
de faire concorder les objectifs en matière de climat et de développement tant
au niveau national que local, d’associer d’emblée le secteur privé, d’optimiser
l’utilisation des finances publiques et de l’aide internationale, de renforcer
les institutions financières publiques et internationales, ainsi que de veiller
à l’adoption d’approches inclusives soutenant ceux qui sont les plus durement
touchés par la transition.
L’OCDE continue d’aider
les pays à améliorer la conception et la mise en œuvre de leurs engagements
climatiques en contribuant à l’analyse des politiques, au renforcement des
capacités et au dialogue international. Tandis que les pays se préparent à la COP30
qui se déroulera à Belém, au Brésil, ce rapport apporte à point nommé un
éclairage sur la façon dont l’action climatique peut servir de fondement à la
prospérité à long terme et au développement durable nécessaire aux générations
actuelles et futures.
Coopérant avec plus
d’une centaine de pays, l’OCDE est un forum stratégique international qui
s’emploie à promouvoir des politiques conçues pour préserver les libertés
individuelles et améliorer le bien-être économique et social des populations
dans le monde entier.