Le gouvernement annonce une suspension temporaire du dispositif phare d’aide à la rénovation. Une décision que blâme Côme Robet, Président de CNCEF Crédit, association professionnelle agréée de courtiers en crédit, qui pointe les conséquences désastreuses pour les Français et les entreprises concernées.
MaPrimeRénov’ est une
nouvelle fois en chantier. Alors que les Français sont incités à longueur de
spots TV et radio à rénover leur habitat en utilisant le dispositif, une mise
sur pause est annoncée. De juillet à septembre si l’on en croit la ministre du
Logement, ou jusqu’à la fin de l’année comme l’a exprimé le ministre de
l'Économie ? Nul ne sait. Et personne ne peut garantir que cette suspension
sera seulement temporaire.
Sur ce sujet comme sur
trop d’autres, le gouvernement pêche. Amateurisme, incompétence, inexpérience,
impéritie ; nous avons l’embarras du choix pour qualifier une navigation à vue
entre les impératifs de rénovation énergétique, de lutte contre la crise du
logement et de recherches d’économies.
Le dépassement des
budgets, l’encombrement des dossiers et l’augmentation des fraudes sont évoqués
à l’appui de cette décision, mais là encore le flou règne.
Comment en effet
justifier de n’avoir pas anticipé que l’enveloppe affectée à MaPrimeRénov’ par
la loi de finances serait trop vite consommée ? Le « budget sanctuarisé » de
3,6 Mds€ pour 2025 annoncé par la ministre du Logement sera-t-il suffisant ? Il
est vrai que ce gouvernement nous a habitués à la valse des chiffres, à la
promesse de « rallonges » possibles et aux « trous » inexpliqués … Mais
MaPrimeRénov’ n’a pas vocation à venir au secours du déficit budgétaire !
Comment s’étonner que
depuis deux ans l’interdiction programmée des passoires thermiques, les DPE
punitifs et peu fiables, l’accès au crédit durci et le pouvoir d’achat
immobilier en baisse aient fait exploser les demandes de crédits MaPRimeRénov ?
Nos dirigeants découvrent bien tardivement que ces contraintes cumulées ont
conduit nos compatriotes à utiliser ce qui leur restait pour en atténuer les
dégâts.
Une pause, pourquoi
pas, mais pour quoi faire ? La fraude est un fléau contre lequel nos
dirigeants, comptables des deniers des Français, doivent lutter, et nous
soutenons l’intention. Mais dans ce cas, pourquoi supprimer et non pas mieux
contrôler ? Avec une création d’emplois à la clé.
Nous, courtiers, que
dirons-nous aux Français qui ont trouvé un bien à rénover entrant dans leur
budget ? Que nous sommes désolés que leur projet ne puisse pas aboutir ?
Que dira-t-on aux
entreprises du second oeuvre et de la maçonnerie générale impliquées dans les
travaux de rénovation qui enregistrent des défaillances en hausse respective de
+2 et + 5% au 1er trimestre 2025 par rapport à 2024 à même époque? Que les
devis et les commandes signés seront annulés, faute de financement ? Qu’elles
devront « rebondir » ?
« Le stop and go n’est pas un mode de fonctionnement acceptable pour un gouvernement qui se targue de responsabilité. », s’indigne Côme Robet, Président de CNCEF Crédit. « Face à une crise du logement et de l’immobilier sans précédent, les Français et les professionnels du secteur qui y sont confrontés ont besoin d’une stabilité des dispositifs d’incitation pour mener à bien leurs projets et faire vivre leurs entreprises. Il n’est pas admissible de casser tous les trois mois une dynamique qui peine à s’installer. Nous nous opposons à ce changement permanent des règles du jeu dont le gouvernement doit être comptable. Il en va de la crédibilité de la parole et des engagements politiques, qu’il est encore temps de restaurer. »