Le Salon de l’AMIF zappe le logement : un signal alarmant selon Norbert Frachon, Président
du
Groupe Gambetta.
C’est un phénomène bien
connu des professionnels, à l’approche des élections municipales, l’activité
immobilière ralentit : les délivrances de permis fléchissent, les
chantiers sont reportés, les décisions gelées. Ce phénomène se répète à chaque
scrutin, amplifiant la crise du logement. D’ailleurs, il concerne tous les
secteurs où la décision publique compte. Dans un contexte électoral, les maires
privilégient souvent la prudence : ne pas froisser l’opinion locale, éviter les
sujets sensibles, ne pas engager de projets qui pourraient devenir des points
de crispation. L’urbanisme devient temporairement un terrain miné.
Ce gel préélectoral a
un prix. En freinant les autorisations aujourd’hui, on compromet les livraisons
de demain. En laissant le stock de projets se réduire, on alimente
mécaniquement la pénurie. Le tout dans un contexte où la demande, elle, ne
ralentit pas.
Résultat : un accès au logement toujours plus difficile, et une
fracture sociale qui continue de se creuser. Conscient de cette réalité, l’État
vient de prolonger automatiquement de 2 ans la durée de validité des permis de
construire accordés entre mai 2022 et mai 2024.
Cette mesure est loin
d’être anodine, car les programmes, pour lesquels les promoteurs ont obtenu des
permis de construire à ces dates, ont été pensés pour le monde d’avant -avant
l’augmentation des taux et des coûts de construction, avant la disparition des
investisseurs particuliers- or leur commercialisation doit s’opérer
aujourd’hui, dans un marché qui a radicalement changé.
Prolonger la durée de
vie des permis de construire offre une opportunité pour concrétiser des projets
qui nécessitent du temps pour renégocier le prix du foncier, adapter le type de
logement vendu et profiter de la baisse des coûts de construction. Prolonger le
temps, c’est se donner une chance de répondre aux besoins de logement.
Dans ce contexte, le
silence du débat public sur le sujet du logement interroge. Le Salon de l’AMIF,
grand rendez-vous annuel des élus d’Île-de-France, ne consacre cette année
aucune table ronde, ni conférence, dédiée spécifiquement au logement. Un silence d’autant
plus troublant que les enjeux sont immenses : attractivité des territoires,
transition écologique, cohésion sociale.
Comment construire des
régions résilientes et inclusives si le logement est constamment relégué en
arrière-plan ? Les Français veulent des logements, mais rejettent souvent les
chantiers. La construction est ressentie comme une menace en temps d’élection.
Il est temps de
dépasser ces contradictions. Le logement est une urgence collective.
Agissons
maintenant !