Par Guillaume Rivet, Responsable des comptes sur les marchés du
Transport, chez Genetec.
Selon MobiObserver, le
sentiment de sécurité est le 1er point à améliorer dans les transports (43%),
devant le rapport qualité-prix, le respect des horaires, les fréquences (40%)
et l’information voyageur, a fortiori en situation perturbée (27%).
Pour y répondre, les
opérateurs investissent massivement dans la vidéoprotection, les agents de
sécurité ou encore les bornes d’alerte. Mais ces dispositifs, souvent isolés
les uns des autres, freinent l’innovation et alourdissent les coûts. Chaque
division (bus, métro, trains) adopte ses propres solutions propriétaires,
rendant l’intégration et la collaboration entre les services complexes et
coûteuses.
Dans un contexte de
rationalisation budgétaire et d’amélioration continue des services,
l’unification des solutions de sécurité physique devient un impératif
stratégique. Pourtant, des freins organisationnels persistent, comment les
contourner ?
1. Une gestion en silos
inefficace
Les services de
transport (bus, métro, trains de banlieue) fonctionnent souvent en autarcie,
chacun disposant de ses propres technologies et procédures. Cette fragmentation
multiplie les besoins en personnel, en formation et complexifie la
communication entre départements. En outre, le cloisonnement des informations
rend difficile l'analyse globale des incidents et des menaces à l'échelle d'un
réseau entier.
2. Une explosion des
coûts matériels
Des systèmes
incompatibles entre eux impliquent des infrastructures redondantes : serveurs
de gestion distincts, postes de travail spécifiques, stockage fragmenté des
données… Ce manque d’harmonisation alourdit les charges matérielles et
logistiques, tout en augmentant la consommation d’énergie. Ce qui peut
également créer des goulots d’étranglement liés à des infrastructures obsolètes
ou à une augmentation du trafic.
3. Une gestion des
preuves vidéo laborieuse
L’accès aux
enregistrements vidéo requiert de longs processus. Par conséquent, un incident
impliquant plusieurs modes de transport nécessite la coordination de différents
services, retardant les enquêtes et compliquant le partage avec les autorités.
4. Des mises à niveau
coûteuses et contraignantes
Chaque système
fonctionne selon des cycles d’évolution distincts, obligeant les exploitants à
multiplier les contrats de maintenance et les formations. Cette disparité
complexifie les évolutions logicielles et augmente le risque
d’incompatibilités.
5. Un risque cyber
élevé
La sécurisation des
infrastructures passe également par la protection contre les cybermenaces. Un
système fragmenté, tel que de nombreuses entités de transports l’utilisent
actuellement, multiplie les failles potentielles, notamment sur les appareils
IoT mal configurés.
Vers une modernisation
inévitable
Les contraintes
budgétaires et les contrats en cours sont souvent des arguments opposés à la
modernisation des systèmes de sécurité. Pourtant, les réalités économiques
montrent que maintenir des infrastructures hétérogènes coûte, à terme, bien
plus cher qu’une refonte unifiée.
Adopter une plateforme
de sécurité unifiée permet aux sociétés de transport de centraliser leurs
données, améliorant la coordination et réduisant les coûts de personnel et de
maintenance. La mutualisation des équipements simplifie l’entretien, tandis que
la gestion des preuves vidéo devient plus rapide et sécurisée. En évitant
l’accumulation de coûts liés aux mises à niveau et aux incompatibilités, cette
approche optimise les dépenses à long terme.
Elle permet l’intégration d’outils d’analyse avancés, comme la reconnaissance faciale ou la détection d’anomalies, qui automatisent la recherche d’incidents et accélèrent la transmission de preuves exploitables aux autorités. De plus, un environnement de sécurité unifié permet une détection proactive des menaces en s’appuyant sur l’analyse comportementale et l’intelligence artificielle pour identifier les activités suspectes avant qu’elles ne deviennent des incidents majeurs, garantissant ainsi une protection renforcée des infrastructures et des usagers.