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[Témoignage] Générations Futures - Résidus de pesticides dans l’alimentation

Le nouveau rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) révèle que 42% des denrées alimentaires vendues en Europe contiennent des résidus de pesticides, avec des pics particulièrement inquiétants pour certains fruits comme les poires ou les oranges.


Plus de la moitié de ces échantillons contiennent plusieurs résidus, mettant en évidence une exposition généralisée de la population européenne à des cocktails de pesticides. Si la proportion globale d’aliments contaminés a peu évolué depuis 2000, le nombre d’échantillons contenant plusieurs substances actives a quant à lui doublé.

 

Pour le réseau PAN Europe et Générations Futures, branche française de ce réseau, ces chiffres doivent inciter les autorités à agir de toute urgence pour mieux prendre en compte les risques sanitaires liés à l’exposition combinée aux pesticides, encore largement ignorée par la réglementation actuelle.

 

Des limites légales trompeuses

Si l’EFSA souligne que 96,3% des échantillons analysés respectent les limites maximales autorisées, cela ne signifie en rien que ces produits sont sûrs. Ces limites sont fixées sur la base de données anciennes et reposent sur l’hypothèse dépassée selon laquelle les consommateurs ne seraient exposés qu’à une seule substance à la fois — hypothèse aujourd’hui clairement contredite par les propres chiffres de l’EFSA.

 

Des effets cocktails documentés depuis plus de 20 ans

Depuis plus de 20 ans, le droit européen impose pourtant de prendre en compte les effets cumulés et combinés des résidus de pesticides dans l’alimentation. Mais dans les faits, cette obligation reste très largement inappliquée. De plus en plus d’études scientifiques démontrent que même à faibles doses, l’exposition à plusieurs pesticides peut entraîner des troubles cognitifs, des atteintes au système immunitaire ou encore certains cancers, en particulier lors des phases critiques du développement.


Une évaluation toujours inadaptée

L’EFSA développe certes des modèles complexes pour mieux évaluer la toxicité des mélanges, mais cela ne doit pas retarder les mesures de protection. PAN Europe et Générations Futures demandent l’application immédiate d’un facteur d’évaluation des mélanges (MAF – Mixture Assessment Factor) afin de réduire les seuils d’exposition autorisés et de mieux protéger la population.


Des disparités préoccupantes entre pays et types d’aliments

Le rapport souligne également des disparités importantes entre les pays membres dans la manière dont les échantillons sont collectés, rendant les comparaisons scientifiques difficiles. Malgré cela, les fruits, suivis du riz, des pommes de terre et des haricots secs, sont les aliments les plus contaminés. L’Allemagne, Chypre, l’Autriche, la Tchéquie, l’Estonie et la Belgique affichent des taux de détection compris entre 52 et 60%.


« Il est extrêmement préoccupant de constater que les citoyens européens sont exposés à des mélanges de pesticides, alors que les autorités continuent d’ignorer les risques liés à cette exposition cumulée. C’est un échec de santé publique. La science est claire : les cocktails chimiques peuvent avoir des effets graves, en particulier sur les enfants et les femmes enceintes. », alerte Angeliki Lysimachou, responsable scientifique chez PAN Europe.


« Près d’un quart des aliments testés en Europe contiennent des mélanges de pesticides : ne pas évaluer les risques sanitaires réels de ces cocktails est tout simplement inacceptable.  L’Union européenne doit agir sans attendre », déclare Hans Muilerman, coordinateur des politiques chimiques à PAN Europe.  

« Rappelons que l’exposition aux pesticides ne s’arrête pas à l’assiette : air, eau, sols, riverains, professionnelles agricoles… Nous demandons une prise en compte globale et urgente des effets cumulés des pesticides sur la santé et l’environnement, et une sortie accélérée de ces substances toxiques, au profit d’une agriculture réellement durable, » déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures

 

Figure 1 – Évolution de la proportion d’échantillons contenant des résidus de pesticides
depuis 1999


 

 

Figure 2 – Évolution de la proportion d’échantillons contenant plusieurs résidus de
pesticides depuis 1999

 



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