Le Prêt
Garanti par l'État (PGE) a été un instrument essentiel pour soutenir les
entreprises de la restauration pendant la pandémie de Covid-19. Très rapidement
mis en place, ce dispositif a permis un accès simplifié au financement, offrant
une bouffée d'oxygène à un secteur durement touché par les confinements et les
restrictions sanitaires. Aujourd’hui, le secteur de la restauration se retrouve
bousculé dans un contexte économique contraint qui oblige pourtant au
remboursement de ce prêt consenti il y a 5 ans.
Denis Schryve, Expert-Comptable
et commissaire aux comptes Associé de Sadec Akelys, Bureau de Lyon, nous livre
quelques clés de compréhension.
Quand tout s’est arrêté
en 2020, toutes les entreprises se sont légitimement posé la question de
prendre un PGE ou pas mais très vite les banques les ont convaincues. Là où
certaines ont prudemment considéré les PGE comme une aide ponctuelle qu’il
faudrait rembourser, d’autres les ont malheureusement plus considérés comme une
sorte de subvention.
De très petites
entreprises, souvent mal informées ou mal conseillées ont pris des PGE sans
être certaines de leur capacité de remboursement aucune analyse n’ayant été
réalisée. Normalement pour quelque prêt que ce soit, les banques demandent de
nombreux éléments de garantie.
Ainsi, l'absence de
consultation d'un expert-comptable dans le processus d'octroi des PGE a privé
les entreprises d'une analyse objective et personnalisée. Un expert-comptable
aurait pu jouer le rôle d'arbitre, aidant les entreprises à prendre des décisions
éclairées et adaptées à leur situation spécifique. Son intervention aurait
permis de mieux anticiper les défis financiers futurs et d'éviter un
endettement excessif.
Une aide qui aurait pu
suffire était celle de l’aide aux coûts fixes. Sous forme de subvention, elle
prenait en charges les loyers et dépenses d’énergie. Avec en complément le
chômage partiel pour absorber les dépenses de masse salariale, ces mesures auraient
surement pu être suffisantes pour de nombreuses structures sans passer par le
PGE.
Avec le recul, quels
sont aujourd’hui les avantages et les inconvénients d’un PGE pour une
entreprise de la restauration ?
Les avantages du PGE
sont indéniables, il a offert des conditions de financement favorables, avec
des taux d'intérêt bas et des possibilités de différé de remboursement,
permettant aux entreprises de se concentrer sur la reprise de leur activité. De
plus, le PGE a aidé à maintenir la trésorerie, permettant de couvrir les
salaires, les loyers et autres charges fixes malgré la baisse du chiffre
d'affaires. Cependant, le recours au PGE comportait des risques significatifs.
La capacité de remboursement de ces prêts reste aujourd’hui encore une
préoccupation majeure, et l'endettement accru pourrait peser lourdement sur le
bilan financier des entreprises pour les années à venir. En évaluant la
situation financière de l'entreprise, l’expert-comptable pouvait dès le départ
conseiller sur la pertinence de contracter un PGE, en tenant compte des
perspectives de reprise et des capacités de remboursement. Son accompagnement
dans la situation actuelle devient indispensable.
Que conseillez-vous aux
entreprises qui se trouvent aujourd’hui confrontées à un remboursement de PGE ?
Bien que le PGE ait été
une bouée de sauvetage pour de nombreuses entreprises de la restauration, le
contexte économique actuel peut créer de nouvelles tensions face au
remboursement de PGE. C’est ici qu’il est crucial de souligner l'importance de
consulter un expert-comptable pour toute décision financière. Notre expertise est essentielle pour naviguer
dans les incertitudes économiques et garantir la viabilité à long terme des
entreprises. En intégrant l'expert-comptable dans le processus décisionnel, les
entreprises peuvent alors bénéficier d'une vision stratégique et d'un soutien
personnalisé, indispensables pour surmonter les défis financiers et assurer
leur pérennité.
Comment
l’expert-comptable envisage-t-il les prochains mois pour les entreprises du
secteur de la restauration ?
Aujourd’hui, avec la
crise économique qui s’ajoute, les entreprises se retrouvent à nouveau
fragilisées. Celles qui ont su anticiper, qui ont remboursé leur PGE ou qui se
sont abstenues d’en contracter se trouvent en principe en meilleure santé
financière et prêtes à affronter les orages. En outre, de nouveaux dispositifs
sont mis en place pour aider les entreprises à la condition indispensable d’une
rentabilité nécessaire et suffisante basée sur deux indicateurs :
- la masse salariale par rapport au CA
- la marge par rapport au chiffre d’affaires
La vision globale de
l’Expert-comptable sur l’ensemble de la situation est là encore un atout
important pour les entreprises à ne pas négliger dans le processus de décision.
Les chiffres-clés du
PGE
• 144 Mds€ de PGE accordées par les banques
• plus de 680 000 entreprises de toutes tailles
ont pu en bénéficier, plus de 80% étant des TPE
• 32 Mds€ restant à rembourser dans les encours,
soit 2% du total des crédits aux entreprises
• 1,5 à 2 Mds€ remboursés chaque mois
• près de 100 Mds€ de PGE déjà remboursés à fin décembre 2024, soit plus de 76% du montant total.