L’exemple des ressourceries
Le
Céreq publie aujourd’hui un nouveau numéro de sa collection Céreq Bref,
consacré aux expériences professionnelles dans les ressourceries et
recycleries, celles-ci se situant au croisement de l’écologie et de
l’insertion. Une enquête sociologique de terrain menée dans cinq Ateliers et
Chantiers d’Insertion (ACI) explore le rapport au travail de ces salariés en
contrats d’insertion.
Cette étude, réalisée par Jennifer Deram chargée d’études
au Département travail emploi et professionnalisation du Céreq, met en lumière
les ressorts, mais aussi les limites du « réenchantement » du travail vécu dans
ce secteur du réemploi.
# Réemploi : un secteur
dynamique à double utilité sociale et écologique
• Avec un nombre de
structures passé de 7 en 2000 à 247 en 2024, les ressourceries et recycleries
connaissent un développement rapide.
• Ces structures,
majoritairement associatives (96%) et relevant souvent de l'insertion par
l'activité économique (56%), offrent une opportunité professionnelle à des
personnes éloignées de l'emploi tout en contribuant à la réduction des déchets
par le réemploi d'objets.
# Ressourceries : un
travail porteur de sens, mais des perspectives limitées
• L'enquête révèle que
ce travail est perçu comme valorisant par les salariés, particulièrement en
raison de son utilité écologique et social. De plus il permet la réactivation
des liens sociaux indispensables à leur réintégration dans le marché du travail.
• Cette perception
positive est d'autant plus forte pour celles et ceux ayant connu des périodes
d'inactivité prolongées ou des parcours professionnels décousus.
• Cependant, la
recherche met également en exergue le phénomène de désenchantement qui émerge
lorsque la fin du contrat approche.
• En effet, les
perspectives professionnelles très limitées à la sortie de ces structures,
notamment en milieu rural où l'étude a été menée, conduisent à une forme de
désillusion chez certains salariés.
# Des certifications
professionnelles qui peinent à s'imposer
• Si des titres
professionnels ont récemment été créés pour valoriser les compétences acquises
dans le secteur (Agent valoriste et Technicien valoriste), ces certifications
débouchent encore rarement sur des emplois pérennes au-delà du secteur du
réemploi.
• L'étude souligne
ainsi l'importance de penser le développement de l'économie circulaire non
seulement en termes de nombre d'emplois créés, mais aussi en termes de qualité
et de stabilité de ces emplois.
Jennifer Deram, auteure du rapport, souligne : « Le travail en ressourcerie permet de redonner confiance et de recréer du lien social, mais les perspectives d'emploi durable restent un défi majeur. »
L’étude appelle donc à une réflexion sur la
qualité et la stabilité des emplois créés dans le cadre de l'économie
circulaire, afin de toujours mieux sécuriser les trajectoires professionnelles
des salariés les moins qualifiés.