Au-delà
du marchand : une étude mesure la valeur du commerce de proximité.
Paris Commerces,
Datactivist et Altavia Foundation (avec le soutien de Métropole Rouen
Normandie, Fondation Urbanis, Urbanis Aménagement) présentent les conclusions
du projet de recherche-action EXCOM, une enquête nationale inédite qui met en
lumière les impacts sociaux et environnementaux des commerces de proximité sur
les territoires.
Cette étude permet non seulement de lister les effets induits
par le commerce de proximité, mais également de les démontrer et de les
chiffrer.
Les commerces ne sont
pas uniquement objet d’un enjeu marchand mais tissent des liens sociaux
essentiels, animent les quartiers et contribuent fortement à la qualité de vie
urbaine.
18 externalités
positives du commerce ont été identifiées dans 6 catégories : lien social,
environnement, espace public, santé et sécurité, solidarité et vie de quartier.
Les chiffres clés à
retenir
• Sécurité et entraide
- 60% ont accueilli des citoyens en insécurité dans leur
commerce.
- 45% réagissent immédiatement en cas d’incident.
• Engagement
environnemental
- 88% agissent pour limiter les déchets.
• Lien social et
solidarité
- 93% des commerçants ont des discussions personnelles
avec leurs clients.
- 78% aident spontanément des personnes en situation de
précarité.
• Contribution à
l’espace public
- 77% sont impliqués dans l'embellissement de la rue.
Un enjeu bien au-delà
de l’économie : des résultats révélateurs
Entre avril et novembre
2024, 324 réponses ont été recueillies au niveau national, avec une diffusion
en ligne complétée par des rencontres sur le terrain à Paris, Saint-Ouen,
Marseille et dans la Métropole de Rouen. 89% des commerçants interrogés sont indépendants
et plus de deux tiers ont au moins un salarié.
Au-delà du rôle de «
transaction commerciale », ces entretiens ont aussi permis de mettre à jour
6
rôles « informels » que les commerçants endossent :
● Animateurs
de lien social :
93% des commerces ont des discussions personnelles avec leurs clients, pour
près de 7 commerçants sur 10 ces échanges ont lieu au moins une fois par
semaine. De plus, 72% prennent le temps d’expliquer plusieurs fois par jour
leurs produits et 47% organisent annuellement des moments collectifs.
● Piliers de la solidarité locale : 78% des commerces
sollicités par des personnes en situation de précarité apportent une aide comme
l’accès aux toilettes, à l’eau et le don de nourriture. 44% orientent vers des
aides extérieures. 23% des commerçants participant à l’enquête sont interpellés
au moins une fois par semaine par des personnes dans le besoin.
● Moteurs de la vie de quartier : Les commerces de
proximité sont des piliers essentiels à la construction d’une communauté locale
dynamique et attrayante : 96% rendent service à leurs confrères commerçants,
70% apportent leur soutien aux habitants locaux, et 43% participent à l’organisation
d’événements de quartier.
● Garants de la santé et de la sécurité : 45% réagissent
immédiatement en cas de situation d’insécurité, et plus de 80% ont déjà fait
face à des urgences. 60% des commerçants ont déjà eu affaire à des citoyens en
insécurité qui se réfugient dans leur commerce.
● Acteurs engagés pour l’environnement : 71% ont mis en place
des initiatives pour réduire leur consommation d’eau et/ou d’électricité,
tandis que 88% agissent pour diminuer les déchets et 39% sensibilisent leurs
clients sur le sujet de l’environnement au travers de discussions informelles.
● Contributeurs à l’espace public : 77% participent à des
projets d’embellissement et 70% assurent un nettoyage régulier des abords de
leur commerce (au moins une fois par semaine). Enfin, 59% des commerçants ont
déjà interpellé les services techniques de la mairie pour signaler une dégradation
ou du matériel public défectueux.
« Un résultat
frappant de l’enquête est que ces effets se manifestent sur tous les types de
territoires : grandes métropoles, petites villes, territoires ruraux… Partout
les commerces ont un rôle de ciment social. Bien sûr, tous les commerçants
contribuent différemment à l’amélioration du cadre de vie, et à des degrés
divers, mais partout ils apportent collectivement à leur rue, leur quartier et
ses habitants »,
conclut Elise Ho-Pun-Cheung, chercheuse en sciences politiques chez
Datactivist, rattachée au laboratoire Mésopolhis.
Les commerces de
proximité : un atout déterminant pour la vie en société
Nos résultats montrent
bien que les commerces ne sont pas seulement des lieux d’échange marchand :
ils jouent un rôle clé dans la qualité de vie urbaine. Leur simple présence
renforce le sentiment de sécurité, notamment pour les femmes, et de nombreux
commerçants endossent spontanément le rôle de “gardiens informels” en
accueillant des personnes en détresse.
L’impact économique de
ces contributions est significatif. Dans une ville comptant 1 000 commerces par
exemple, si 20% d’entre eux consacrent 10 minutes par jour à cette veille
sécuritaire, ils créent ensemble une valeur économique théorique de 414 000
euros.
De même, si 15% des commerçants nettoient leur devanture 15 minutes par
jour, ils contribuent à l’entretien urbain à une hauteur théorique de 467 000
euros par an.
Notre objectif :
une mise en équivalence pour valoriser les petits commerces
L’étude propose une
approche innovante : la mise en équivalence des bénéfices non marchands des
commerces.
● une équivalence
immatérielle :
par exemple, le service rendu par le commerçant équivaut à 2h de bénévolat par
mois
● une équivalence
monétaire
par exemple si ce temps (2h/mois) était quantifié d’un point de vue financier,
le service rendu par le commerçant équivaudrait à 1 000€ par an.
« Ces chiffres mettent
en évidence une réalité frappante, et que tout le monde reconnaît intuitivement
: les commerces de proximité sont des acteurs hybrides : économiques et
participant de l’intérêt général, nécessaires au maintien de nos liens et de nos
vies en société. Ce sont en quelque sorte des acteurs “eco-politiques”.
L’étude-action EXCOM a permis d’Identifier précisément et de chiffrer leur
implication à la lueur du bien commun pour valoriser encore mieux leur rôle
dans les villes et centre-villes », précise Emmanuelle Hoss, directrice
générale de la SEM Paris Commerces et initiatrice de cette enquête.
Une démonstration
innovante des apports du petit commerce
« Reconnaître une
valeur permet de donner un prix. Pour tenter cet exercice complexe, nous
mettrons à disposition dans les prochaines semaines, le premier simulateur qui
permettra de mesurer l’impact économique des commerces en chiffrant les mises
en équivalence dans des domaines aussi divers que l’isolement, la propreté ou
la sécurité. »,
poursuit Emmanuelle Hoss.
« La lecture de
cette étude permet de prendre la pleine mesure du rôle des commerçants dans la
vie d’un territoire. À travers les données obtenues, nous découvrons la palette
de services qu’ils peuvent rendre à leurs clients, au-delà du lien marchand.
Contributeurs et parfois “super contributeurs”, les commerçants ne sont pas
assez reconnus à leur juste valeur », ajoute Coralie Abram-Palti,
Directrice d’Altavia Foundation.
Une approche novatrice
pour révéler une valeur invisible
Le projet EXCOM a été
lancé pour objectiver et quantifier ces externalités positives. Porté depuis
2022 par six partenaires – Paris Commerces, Métropole Rouen Normandie,
Fondation Urbanis, Urbanis Aménagement, Altavia Foundation et Datactivist – le
projet s’est structuré en 3 phases.
Après une première phase qualitative menée de 2022 à 2024, qui a permis d’identifier 18 effets « sociaux et environnementaux » du commerce, regroupés en six catégories clés (lien social, solidarités, vie de quartier, santé et sécurité, environnement, espace public), la phase 2, dont les résultats sont dévoilés aujourd’hui, a consisté en une enquête quantitative d’envergure nationale. La dernière phase de ce grand projet, se concrétisera dans les prochaines semaines par le lancement du premier simulateur d’équivalence monétaire des bénéfices non marchands des commerces. L’analyse, le rapport et le simulateur ont été réalisés et rédigés par Datactivist.