Le marché des deux-roues fait face à de nouveaux défis liés aux mutations de la mobilité, affichant un recul global de 9% en 2024 par rapport à 2023, selon les résultats de l’Observatoire créé en 2022 par Solly Azar, l’assureur expert historique de la moto depuis 30 ans, et AAA Data, l’expert reconnu de la donnée augmentée en France.
Cette année marque un
tournant notable : le marché des véhicules d'occasion connaît une contraction
plus importante (-11%) que celui des véhicules neufs (-1%). Cependant, les
ventes de motos neuves enregistrent une légère hausse (+2%). Les deux-roues
électriques peinent toujours à séduire les usagers, bien que le marché de
l’occasion pour ces véhicules progresse de 8%.
Les résultats de
l'Observatoire confirment le ralentissement du marché des deux-roues (cyclos et
motos) en 2024, avec 1 068 449 unités immatriculées, contre 1 170 377 en 2023,
soit une baisse de 9%. Ce repli marque une accentuation de la baisse observée
ces dernières années et témoigne des mutations profondes que traverse le marché
du deux-roues.
Analyse détaillée des
évolutions par segment
Dans ce contexte, le
marché des véhicules d’occasion (VO) est particulièrement touché, avec une
chute de 11% des immatriculations, tandis que les ventes de véhicules neufs
(VN) affichent une baisse bien plus modérée de 1%.
En 2024, le marché des
véhicules d'occasion connaît une baisse significative, marquant un tournant par
rapport à 2023, où le secteur des VO, avec un ratio de 1 VN pour 3 VO,
demeurait résilient.
En chiffres, 280 364 deux-roues neufs ont été immatriculés en 2024, contre 284
336 en 2023, tandis que les ventes de VO chutent à 788 085, contre 886 041
l'année précédente. En revanche, en 2023, la baisse globale était plus modérée,
touchant aussi bien les deux-roues neufs (-2%) que les occasions (-2%).
Habituellement plus
résilient, le marché des véhicules d'occasion (VO) connaît une baisse qui
pourrait s'expliquer par plusieurs facteurs. Malgré un contexte d'inflation et des
budgets ménagers restreints, qui favorisent traditionnellement l'attrait pour
les véhicules d’occasion, une diminution générale de l'usage des moyens de
transport individuels semble jouer un rôle clé. Cette tendance, renforcée par
la généralisation du télétravail, semble réduire l'usure des véhicules et
inciter les propriétaires à les garder plus longtemps avant de les remplacer,
ce qui pourrait expliquer la réduction de l'offre disponible sur le marché de
l'occasion.
Évolutions
socio-démographiques
En 2024, le marché des deux-roues (cyclo+moto) affiche une baisse généralisée dans toutes les tranches d'âge : -3% chez les 14-17 ans, -5% chez les 18-25 ans, -8% pour les 26-40 ans et -13% chez les plus de 41 ans. Cette tendance contraste fortement avec celle observée en 2023.
Selon l'Observatoire, en 2023, le marché était largement soutenu par les jeunes, enregistrant une croissance de +38% chez les 14-17 ans et de +6% chez les 18-25 ans. À l'inverse, les tranches d'âge plus élevées accusaient en 2023 une baisse plus modérée : -2% pour les 26-40 ans, -4% pour les
41-55 ans et -6% pour les 56 ans et plus.
A noter, chez les 18-25
ans, cette tendance varie en fonction de la taille des agglomérations. En 2024, les
immatriculations dans cette tranche d'âge ont reculé de 9% dans les communes et
agglomérations de moins de 200 000 habitants, mais ont progressé de 2 % dans
celles dépassant ce seuil. Cette dynamique reflète l'attrait des deux-roues en
milieu urbain, où leur praticité en matière de circulation et de stationnement
constitue un avantage déterminant face aux véhicules plus volumineux.
En 2023, le marché des
deux-roues affichait des dynamiques variées selon la taille des agglomérations. Dans les petites
agglomérations (moins de 10 000 habitants), le nombre d’acquisitions était
stable, autour de 430 000 unités. Les agglomérations de 10 001 à 50 000
habitants et de 50 001 à 200 000 habitants enregistraient une légère baisse de
1%, avec respectivement 121 565 et 133 770 unités. En revanche, dans les
grandes agglomérations (plus de 200 000 habitants, comme Paris, Lyon et
Marseille), la diminution était plus marquée, avec -3%, atteignant 356 050
unités.
En 2024, une
contraction plus prononcée touche l’ensemble des agglomérations. Les petites
agglomérations et celles de 10 001 à 50 000 habitants enregistrent une baisse
de 11%, avec respectivement 377 196 et 107 613 unités. Dans les agglomérations
de 50 001 à 200 000 habitants, les acquisitions reculent de 8%, atteignant 122
372 unités. Enfin, dans les grandes agglomérations, une baisse similaire de 9%
est observée, avec un total de 356 050 unités.
Le marché des cyclos
Déjà en recul de 8% en 2023, le marché des cyclos subit une chute encore plus marquée en 2024, avec une baisse de 17% des immatriculations, passant de 306 542 unités en 2023 à 254 422 unités. Cette tendance est particulièrement prononcée sur le VO, qui enregistre une diminution de 19%, avec
188 760 immatriculations contre 232 049 l’année précédente, après une baisse déjà notable de
4% en 2023. Sur le VN, le recul est plus modéré, avec 65 662 unités immatriculées en 2024 contre
74 493 en 2023.
En 2024, on observe une
transition marquée des déplacements utilitaires vers des usages davantage axés
sur le loisir et la praticité. Les cyclos sont de plus en plus délaissés au
profit d’alternatives dont la popularité ne cesse de croître, comme les vélos
électriques, les trottinettes ou les voiturettes, en particulier chez les 18-25
ans et les conducteurs sans permis. De plus, les nouvelles réglementations,
notamment sur le stationnement payant, semblent accentuer cette tendance.
Enfin, dans les grandes agglomérations, l’abandon de l’usage utilitaire des
cyclos est manifeste, faisant disparaître la distinction traditionnelle entre zones
urbaines et rurales.
Si cette tendance se confirme à l’échelle nationale, des différences régionales notables apparaissent. Les baisses les plus modérées sont observées en Provence-Alpes-Côte d'Azur
(-12%
à 26 023 immatriculations), en Occitanie (-14% à 27 080 immatriculations) et en
Île-de-France (-14% à 33 623 immatriculations). En revanche, les régions les
plus impactées par cette tendance sont la Nouvelle-Aquitaine (-20% à 30 080
immatriculations), l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Bourgogne-Franche-Comté, le Grand
Est, les Hauts-de-France et la Normandie, qui affichent une baisse de -19%
chacune.
Le marché des motos
Le marché des motos fait preuve d’une résilience relative malgré une baisse globale de 6% des immatriculations, passant de 863 835 unités en 2023 à 814 027 en 2024. Cette diminution est principalement due au recul du marché de l’occasion (VO), qui enregistre une chute de 8%, avec
599 325 immatriculations en 2024 contre 653 992 en 2023. À
l’inverse, le marché des motos neuves (VN) poursuit sa dynamique de croissance,
enregistrant une hausse de 2%, avec 214 702 immatriculations en 2024 contre 209
843 en 2023. Cette tendance, déjà observée en 2023, pourrait s'expliquer par un
changement dans les habitudes de consommation, notamment parmi les jeunes
conducteurs, qui semblent privilégier l'achat de deux-roues neufs, perçus comme
une alternative plus économique à l'achat d'une voiture.
En 2024, le marché des motos neuves progresse, porté par des modèles comme les roadsters
126-400cc),
les sportives et les trails (+400cc), qui répondent aux attentes des motards
recherchant plaisir et performance (respectivement évolution de +39%, +36% et
+13% par rapport à 2023).
En 2023, cette dynamique de marché avait déjà été observée, soutenue par le segment des véhicules de loisir, notamment ceux appréciés par les CSP+, tels que le Honda Hornet (+6%). Les grosses cylindrées (+400cc) jouaient un rôle clé dans cette croissance, avec une augmentation de
13% des immatriculations, dominée par des modèles
emblématiques de roadsters (Kawasaki Z750, Kawasaki Z900, Suzuki GSF650) et de
trails (BMW R1250 GS, BMW R1250 GSA, BMW R1200 GS). Parallèlement, le marché de
l’occasion enregistrait un léger recul de 1 %, mais observait une montée en
puissance des trails, dont les modèles plus performants commençaient à
supplanter les roadsters.
Le marché des
deux-roues en 2023 et 2024 témoigne donc d’une évolution marquée des
comportements de consommation. Le segment des trails, qui s'est enrichi de
modèles plus puissants et d'une gamme mid-size étendue, s’impose désormais
comme le choix privilégié des usagers. Ce succès s'ajoute à celui des
roadsters, toujours populaires. Face à la pression sur le pouvoir d’achat, les
consommateurs semblent privilégier des motos offrant un bon compromis entre
prix et performance. Aujourd'hui, les motards choisissent des modèles adaptés à
leurs besoins spécifiques plutôt qu'un simple attrait pour une marque ou un
modèle, redéfinissant ainsi leurs priorités d’achat dans l'univers des
deux-roues.
Les 3 motos d’occasion
les plus vendues en 2024 : la YAMAHA – X MAX 125, la YAMAHA – MT-07 et la HONDA –
NSS125AD. Du côté des motos neuves on retrouve : la HONDA – NSS125AD, la BMW –
R1300GS et la HONDA – CB750.
Un signe encourageant
pour le renouvellement du marché des motos en 2024 réside dans l'activité
marquée des "néo-motards", en particulier chez les 18-25 ans. Cette tranche d'âge a
enregistré une hausse notable de 17% des immatriculations de motos de plus de
124cc, traduisant un fort engouement pour les deux-roues parmi les jeunes
conducteurs. En revanche, les autres catégories d'âge affichent des baisses
significatives, illustrant une diminution de l’intérêt ou de la capacité
d’achat des motards plus âgés. Les immatriculations ont reculé de 6% chez les
26-40 ans, de 7% chez les 41-55 ans et de 10% chez les plus de 55 ans. Ce
contraste met en lumière une dynamique générationnelle : tandis que les jeunes
privilégient les motos, peut-être pour des raisons de coût ou de praticité, les
motards plus âgés semblent moins enclins à renouveler leur équipement.
Si on analyse le marché
de la moto par région, les régions Grand Est (61 317 unités immatriculées),
Provence-Alpes-Côte d'Azur (115 608 unités) et Auvergne-Rhône-Alpes (111 741
unités) ont montré les baisses les moins prononcées par rapport à 2023, avec
des évolutions respectives de -1%, -2% et -5%. En revanche, les régions
Centre-Val-de-Loire (26 974 unités) et la Normandie (39 476 unités) ont
enregistré les plus fortes chutes sur ce segment, avec respectivement -10% et
-9%.
Le marché des
deux-roues électriques
Si les immatriculations
globales reculent de 8% en 2024 (passant de 42 501 immatriculations en 2023 à
39 038 en 2024), le marché de l’occasion pour les motos électriques progresse
de 8%, signe d’un intérêt croissant pour les solutions électriques sur le
marché secondaire.
Le marché des cyclos
électriques (VO et VN) subit une diminution significative de 12%, avec 24 439 unités
immatriculées en 2024 (dont 9 719 en VO et 14 720 en VN), contre 27 819 en 2023
(10 429 en VO et 17 390 en VN). Plusieurs raisons peuvent expliquer ce déclin.
D'une part, les usagers urbains en quête de solutions de mobilité douce semblent
se tourner davantage vers des alternatives plus économiques, comme les vélos
électriques. D'autre part, les constructeurs peinent encore à conquérir un
public large pour ce type de véhicule. Par ailleurs, le retrait des opérateurs
proposant des flottes de scooters électriques en libre-service, à la suite du
non-renouvellement de leurs contrats, pourrait expliquer également cette
baisse.
En revanche, le marché des motos électriques (VO et VN) reste relativement stable, avec
14 599 immatriculations en 2024 (4 555 en VO et 10 044 en VN), contre 14 682 en 2023 (4 206 en VO et
10 476 en VN). Le marché de l’occasion (VO) pour les motos
électriques continue de progresser avec une hausse de 8%, illustrant un certain
intérêt pour ces véhicules sur le marché secondaire, malgré un contexte global
moins favorable.
Les 3 régions où il y a eu le plus de ventes de motos électriques en 2024 sont l’Île-de-France, avec 6 494 immatriculations, la Provence-Alpes-Côte d’Azur, avec 2 652 immatriculations et l’Occitanie, avec
2 070 immatriculations.
Depuis le dernier
trimestre de 2024, la transition vers une mobilité plus durable s'est
intensifiée, avec des conséquences attendues sur le marché des deux-roues. À surveiller de près,
l’obligation imposée aux réparateurs de proposer des pièces de réemploi depuis
octobre 2024 pourrait avoir des conséquences sur le comportement des usagers et
sur le marché lui-même (VO+VN).
Par ailleurs, depuis le
1er janvier 2025, l’interdiction de circuler pour les véhicules Crit’Air 3 et
supérieurs dans les métropoles de Paris et Lyon, où les seuils
réglementaires de qualité de l’air sont fréquemment dépassés, devrait entraîner
une modification significative du parc de deux-roues, en particulier pour les
véhicules électriques et les modèles neufs.
Ils ont dit
Maëlle Faure, Cheffe
Produits Auto et Moto chez Solly Azar : « Cette tendance à
la baisse, qui semblait conjoncturelle, devient structurelle. Le marché des
cyclos, qui attirait encore récemment une large clientèle jeune, fait face à
une concurrence grandissante, avec l’émergence des vélos électriques dans les
grandes villes et des voiturettes en milieu rural. Le marché a également été
chahuté par la mise en place du permis à 17 ans. Sur le segment des motos, il
est devenu essentiel d’adapter les offres d’assurance pour mieux répondre aux
besoins des motards. Cela passe par des couvertures plus adaptées, notamment
pour ceux qui roulent de façon saisonnière, mais aussi la prise en charge des
équipements de protection. Il est aussi nécessaire de proposer des tarifs plus
compétitifs et de nouer des partenariats avec des acteurs du secteur, afin de
faciliter l’accès à des équipements de qualité et ainsi garantir la sécurité et
la satisfaction des motards. »
Marie-Laure Nivot, Head
of Automotive Market Analysis de AAAData : « Malgré l’absence de
nouveaux modèles phares en 2024, le segment des motos neuves confirme son
potentiel. C’est de bon augure pour 2025, d’autant plus que certains
constructeurs ont déjà annoncé des modèles nouveaux ou des modèles
emblématiques restylés, répondant aux nouvelles exigences des motards et aux
réglementations environnementales. »
Philippe Saby, Directeur général de Solly Azar : « Le secteur du deux-roues traverse une période charnière, marquée par des mutations profondes. Entre la baisse des ventes de modèles thermiques, la progression de véhicules électriques d’occasion et l’impact grandissant des Zones à Faibles Émissions, le marché est en pleine redéfinition. Si le dynamisme du secteur a fléchi, il reste néanmoins sain et porteur. Pour se relancer, les professionnels doivent s’adapter aux nouvelles attentes des usagers et aux enjeux environnementaux, tout en intégrant des pratiques plus durables, comme l’utilisation de pièces de réemploi. Pour accompagner cette transition, nous devons proposer des solutions d’assurance adaptées, innovantes et accessibles. Chez Solly Azar, nous avons pris des mesures pour anticiper ces évolutions et répondre aux attentes des conducteurs, qu’ils soient urbains, ruraux, novices ou experts. »