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[Tribune] Agrivoltaïsme ou photovoltaïque agri-compatible ?

UNITe fait le point sur les différentes manières d’envisager le photovoltaïque sur les terres agricoles

En 2022, la France s’est engagée à multiplier par 10 la puissance photovoltaïque d’ici 2050. Un engagement qui se traduit par un besoin concret : celui d’installer entre 100 et 130 GW de capacité solaire photovoltaïque d’ici 2050. Les terres agricoles, dont la surface est estimée à 29 millions d’hectares, représentent une opportunité pour les énergéticiens, en synergie avec les activités agricoles. Des agriculteurs sont déjà engagés dans la démarche, d’autres restent à convaincre.

Adrien Brunetti, chef de projet en développement photovoltaïque chez UNITe, acteur indépendant de la production d’électricité, fait le point sur les différentes manières d’envisager le photovoltaïque sur les terres agricoles.

Favoriser les énergies renouvelables tout en s’adaptant aux besoins des agriculteurs

Pour atteindre l’objectif national de 100 à 130 GW de capacité solaire d’ici 2050, il serait nécessaire d’en installer environ la moitié sur des parcelles agricoles. Un objectif qui est loin de concerner l’ensemble des terres agricoles françaises, comme le souligne Adrien Brunetti, « Dans l’état des technologies actuelles, nous avons besoin d’investir 60 000 hectares de terres agricoles pour y installer des panneaux solaires et cela correspond à peine à 0,2% de la surface agricole française, c’est 10 fois moins que la surface de terres allouées à la construction immobilière chaque année. De plus, dans le cas du photovoltaïque, l’activité agricole est maintenue ! Nous n’avons pas à choisir entre énergie et nourriture, les deux sont totalement compatibles. Historiquement, les agriculteurs ont toujours réservé quelques parcelles à la production d'énergie. Dans le passé cela consistait à produire des cultures fourragères pour alimenter les animaux de trait. Aujourd'hui cela prend la forme de parcelles dédiées au photovoltaïque. Nous nous inscrivons dans la continuité d'une demande agricole et non dans une démarche de rupture. »

Pour aider les agriculteurs à faire leur choix, la loi d’accélération des énergies renouvelables (AER) encadre la mise en place de projets photovoltaïques sur terres agricoles et distingue deux types d’installations pertinentes : celles qui relèvent de « l’agrivoltaïsme » et celles « compatibles avec l’exercice d’une activité agricole » (ou « agri-compatible »). « Cette distinction est importante car l’objectif d’une installation photovoltaïque est de s’adapter à l’agriculteur, ses intérêts économiques et la typologie de son exploitation. N’oublions pas que la notion de conciliation et de respect est primordiale. Les énergéticiens, quant à eux ont un devoir de conseil vis-à-vis des agriculteurs et de limiter leur impact environnemental. En aucun cas l’agriculteur se voit imposer une installation et tout est rigoureusement encadré : il faut compter deux ans environ entre le début des démarches administratives et la mise en service d’une centrale. » précise Adrien Brunetti.

Agrivoltaïsme : pour faire de l’ombre et produire de l’électricité

Les installations pour l’agrivoltaïsme sont avant tout destinées à faire de l’ombre aux cultures et produisent de l’électricité, généralement peu compétitive en raison de la complexité des installations. Force est de constater que ce type d’installation améliore le potentiel agronomique, permet à l’exploitation de s’adapter au changement climatique et apporte une protection contre les aléas. Elle est particulièrement appréciée par les éleveurs de bovins, volailles, ovins ou par les pisciculteurs qui souhaitent améliorer le bien-être des animaux et les protéger des prédateurs. Il s’agit souvent d’installations complexes et onéreuses et le prix de revient de l’électricité produite s’en ressent.

Photovoltaïque agri-compatible : produire de l’électricité compétitive tout en respectant l’exploitation

Les équipements sont destinés à produire de l’électricité décarbonée et compétitive, sans faire appel à la moindre aide financière publique, et sont conçus de manière à ne pas gêner la production agricole. Le but premier est donc ici de produire de l’électricité et de générer un bénéfice économique. Les grandes cultures, céréalières par exemple, sont particulièrement adaptées à ces installations. D’un autre côté, les éleveurs voient de nombreux avantages :

  • Les animaux d’élevage (ovins, bovins…) peuvent bénéficier de l’ombre générée par les structures, qui constituent aussi des abris en cas d’aléas climatiques ou de forte chaleur.
  • Dans le cas d’élevage de volailles, les panneaux solaires renforcent les filets, apportent du confort et protègent les points d’eau (installés sous les panneaux) des déjections d’oiseaux migrateurs, ce qui diminue le risque de transmission de la grippe aviaire.

D’un point de vue financier, les revenus locatifs que touche l’exploitant agricole peuvent être réinvestis dans l’exploitation.

« Dans un cas comme dans l’autre, il est primordial avant toute chose de prendre le temps de bien connaître les besoins des agriculteurs et les spécificités de l’exploitation, car les contraintes et les finalités sont bien définies par le cadre réglementaire. Il est également nécessaire de bien mesurer son empreinte environnementale :
« Eviter, Réduire, Compenser », c’est la clé pour rassurer et favoriser la meilleure acceptation possible des projets par les populations, les agriculteurs et les élus locaux »,
conclut Adrien Brunetti.

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