Connexion
/ Inscription
Mon espace
Etudes & Enquêtes
ABONNÉS
Partager par Linked-In
Partager par Xing
Partager par Facebook
Partager par email
Suivez-nous sur feedly

[Etude] L’égalité de genre dans le monde et en France : un enjeu au cœur de nombreuses injustices

Baromètre Solutions Durables 2023 mené par Convergences

Convergences publie sa 6e édition du Baromètre des Solutions Durables, intitulé « L’Égalité de genre dans le monde : diversité des voies, transformation des perceptions ».

Avec la multiplication des défis environnementaux et sociétaux, l’Objectif de développement durable (ODD) 5, portant sur l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes, a bien trop souvent été mis de côté dans l’agenda politique d’un grand nombre de pays. Face à ce constat, Convergences, en partenariat avec la Fondation RAJA et le ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des territoires, a choisi de mettre cet objectif au cœur des réflexions de ce Baromètre. Au prisme de l’égalité de genre, la publication offre une nouvelle lecture des ODD et valorise les initiatives pour construire un monde équitable.

Égalité Hommes- Femmes : où en sommes-nous ?

Interrogés sur l’évolution des inégalités de genre, 44% des Français et Françaises estiment que l’égalité femmes-hommes a progressé en France ces dix dernières années, tandis qu’ils ne sont que 25% à considérer qu'elle a progressé dans les pays en développement (PED) durant la même période. Parmi une liste de raisons susceptibles d’expliquer la persistance des inégalités de genre, respectivement en France et dans les PED, les Français ont considéré que « l’influence des religions » (35 et 37%), « le poids de la culture et de l’histoire » (36 et 45%) et « le manque de lois garantissant l’égalité » (28 et 34%) en étaient les trois causes principales.

Parmi une liste d’actions que les citoyens seraient prêts à mener afin d’inciter le gouvernement à lutter contre les inégalités entre les femmes et les hommes, les trois activités les plus souvent sélectionnées dans chacun des pays sont respectivement « signer une pétition », « voter à une élection pour un candidat qui soutient l’égalité entre les femmes et les hommes » (33% en moyenne) et « boycotter des entreprises dont les pratiques ou les investissements aggravent les inégalités entre les femmes et les hommes » (32%). En France, un tiers du public serait prêt à s’engager en faveur de la cause à travers l’une de ces actions, soit un fort potentiel de mobilisation qui ne demande qu’à être activé.

Les politiques et les gouvernements doivent davantage s'investir dans le rétablissement de l'égalité hommes-femmes. Dans ce contexte, les personnes interrogées en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis ont d’abord sélectionné une approche par les droits (61%), puis par l’autonomisation économique des femmes (travail décent, formation professionnelle, etc.) pour 59% des personnes interrogées, et enfin par l’éducation des filles pour 58%.

L’accès à l’éducation et au travail, des problématiques majeures dans l’héritage des inégalités hommes-femmes ?

On constate que des progrès ont eu lieu à l’échelle mondiale sur l’accès à l’éducation pour les filles (le nombre moyen d’années d’éducation pour les filles représentait 72% de celui des garçons en 2021 alors qu’il n’était que de 68,8% en 2015), car les jeunes filles non éduquées d’aujourd’hui seront les femmes exclues dans les processus de décision de demain, ainsi que sur la représentation des femmes en politique (en 2021, 43,5% des sièges dans les parlements nationaux étaient tenus par des femmes contre seulement 38% en 2015). De plus, on constate que les pays riches ne progressent pas suffisamment vite sur l’égalité de genre pour atteindre l’objectif d’ici 2030.

En effet, selon un rapport¹ de l’UNICEF publié en 2020, près d’une adolescente sur trois issue des ménages les plus pauvres du monde n’est jamais allée à l’école. L’exclusion à chaque étape de l’éducation perpétue la pauvreté et constitue l’un des principaux moteurs de la crise des apprentissages. L’objectif, selon l’UNICEF, est de réduire de moitié, d’ici à 2030, la proportion mondiale d’enfants et notamment des filles de dix ans en incapacité de lire et de comprendre un texte simple.

De plus, les crises agissent comme des accélérateurs d’inégalités, et les populations mettent en place des stratégies de survie, qui n’échappent pas aux dynamiques de genre. Les filles sont plus rapidement déscolarisées, engagées dans des tâches domestiques ou de soin, ou encore forcées de se marier pour réduire les charges du foyer. Dans certains contextes, les femmes peuvent être contraintes de se tourner vers le travail du sexe pour se procurer un revenu. Pour enrayer ce schéma, le gouvernement français revendique une diplomatie féministe depuis 2018. En 2023, le gouvernement révise sa stratégie humanitaire, qui orientera l’aide qu’elle déploie dans les contextes de crise. C’est l’occasion de faire de la lutte contre les inégalités femmes-hommes une priorité.

Après ces constats, quels sont les axes pour amorcer un progrès ?

Pour renverser le système actuel vers une égalité de genre, il est nécessaire de remplir des ODD précis pour que cela soit mis en œuvre efficacement. C’est pourquoi 6 enjeux ont été soulevés pour opérer ce changement :

1) Agir pour une transition juste, en luttant contre toutes les discriminations et inégalités et en garantissant les mêmes droits, opportunités et libertés à toutes et à tous. Faire de la lutte contre les discriminations, notamment femmes-hommes, une priorité des sphères publiques et privées.

2) Transformer les modèles de sociétés par la sobriété carbone et l’économie des ressources naturelles, pour agir en faveur du climat, de la planète et de sa biodiversité en incluant la participation active des citoyennes

3) S’appuyer sur l’éducation et la formation de tous et de toutes, tout au long de la vie pour permettre une évolution des comportements et modes de vie adaptés au monde à construire et aux défis du développement durable

4) Agir pour la santé et le bien-être de toutes et tous, notamment via une alimentation et une agriculture saines et durables

5) Rendre effective la participation citoyenne, hommes et femmes, à l’atteinte des ODD et concrétiser la transformation des pratiques à travers le renforcement de l’expérimentation et de l’innovation territoriale

6) Œuvrer au plan européen et international en faveur de la transformation durable des sociétés, de la paix et de la solidarité en considérant l’égalité des genres


Deux conditions pour rebattre les cartes sur le front des inégalités de genre : les financements et la volonté politique

Des financements sont essentiels pour réorganiser le schéma actuel. Par exemple, le Projet Féministes en Action a été le premier fonds intermédié financé par le Fonds de Soutien aux Organisations Féministes (piloté par l’Agence Française de Développement), l’un des mécanismes de financement emblématiques de la diplomatie féministe française. Constitué de trois fonds féministes et trois ONG qui jouent un rôle d’intermédiaire et de facilitateur entre bailleurs et organisations locales, il met en œuvre un modèle féministe de financement où les organisations définissent elles-mêmes leurs priorités. Féministes en Action repose sur 3 piliers permettant de repenser le financement de l’égalité de genre :

  • Financer les frais de fonctionnement
  • Accompagner les structures dans leur développement
  • Faciliter la mise en réseau des organisations féministes

Après un état des lieux sur l’égalité de genre et les solutions à y apporter à court, moyen et long terme, on se demande :
- s’il existe un consensus en faveur d’une politique nationale et étrangère féministe ?
- quel est l’état des droits fondamentaux aujourd’hui ?
- comment financer l’égalité de genre ?
- comment intégrer la question du genre dans les politiques environnementales ?

Autant de questions, et plus encore, auxquelles Convergences et les structures contributrices au Baromètre tentent de répondre dans cette édition.

Lire la suite...


Articles en relation