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[Avis d'expert] Jeunes entreprises & économie informelle : pour vivre heureux… vivons cachés ?

Les entreprises auraient-elles un intérêt à œuvrer sous le radar des États ? C’est la question de départ posée par l’étude menée par 3 chercheurs de NEOMA Business School.

L’économie informelle - forme d’économie souterraine - touche les pays du monde entier. Jusqu’à 50% des entreprises des pays en voie de développement sont concernées, contre 15% dans les États membres de l’OCDE.

Face à ce constat les chercheurs de NEOMA se sont interrogés : quelle est la mécanique gagnante entre durée d’activité informelle et formelle selon les pays ? Comment les années passées sans être déclaré influencent-elles la croissance des entreprises ?

L’étude révèle qu’en moyenne la bascule devrait idéalement s’opérer après un peu plus de 7 années.


Pour démarrer, l’entreprise a besoin d’un réseau, pas des services publics

Deux catégories de scientifiques spécialisés en business voient leurs idées s’opposer dans la littérature liée à l’économie informelle :

  • les « pro-formel » qui considèrent qu’exercer dans la légalité soutient la reconnaissance d’une entreprise, favorisant le recrutement et l’accès à des services publics tels que la protection par les tribunaux en cas de litiges ;
  • les « pro-démarrage informel » qui défendent au contraire l’idée selon laquelle être déclaré en phase de lancement ralentit la croissance. Un démarrage informel permet de réorienter des fonds habituellement destinés à l’État (taxes, impôts, frais d’enregistrement...) au profit du développement de l’entreprise. Aussi, il a été constaté qu’à son lancement, une société s’appuie davantage sur le réseau de ses dirigeants que sur les services publics pour obtenir des ressources et une légitimité.

Au-delà de 7 ans, l’entreprise aura besoin de nouvelles ressources

En réalité, le lien entre l’informalité initiale et la performance à long terme des entreprises n’est pas linéaire. C’est ce que démontre l’étude menée par les chercheurs de NEOMA sur plus de 49 520 entreprises issues de 116 pays. Selon eux, commencer de manière informelle est certes généralement propice au développement d’une entreprise. Mais cela n’est vrai que jusqu’à un certain point. Après 7,52 années d’activité dans l’ombre, les avantages de l’informalité deviennent négligeables. En cause : l’augmentation des coûts servant à maintenir la société à flot, l’accès restreint à des ressources externes et le réseau personnel qui, au bout d’un moment, s’épuise.

Toutefois, ces résultats dépendent fortement de la qualité des institutions des États dans lesquels les établissements sont implantés. Ce constat explique notamment pourquoi le phénomène d’économie informelle est plus important dans les pays en développement, qui souffrent d’une bureaucratie parfois complexe et offrent peu d’avantages aux nouvelles entreprises. De fait, le contexte incite les entrepreneurs à œuvrer initialement dans l’ombre. Or, les chercheurs montrent que plus la qualité des institutions est faible, plus l’entreprise a intérêt à exercer longtemps sans être déclarée. Les États développés jouissent quant à eux de réglementations solides et claires, soutenues par des agences stables qui limitent cet effet. Les auteurs de l’étude attirent donc l’attention des décideurs politiques quant aux limites de leurs systèmes.

Réduire les coûts de l’entrée dans l’économie formelle 

Pour autant, durcir les peines en vue d’entériner les activités non déclarées – stratégie adoptée par les pays en développement – ne suffirait pas. Alors comment faciliter le transfert vers le secteur formel ? Les chercheurs de NEOMA recommandent aux États de proposer des ressources alternatives. Dans une perspective misant davantage sur la carotte que sur le bâton, l’idée est d’inciter les entreprises à se légaliser en multipliant les avantages associés. Par exemple, en simplifiant et réduisant les coûts de l’enregistrement des sociétés, ou en proposant aux entrepreneurs des avantages tels que la formation. L’enjeu est de réduire la proportion d’entreprises non déclarées, afin que celles-ci contribuent pleinement à l’économie locale et nationale.

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