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Retards de paiement : mauvaise foi ou manque de contrôle ?

Par Lucie Bordelais, Directrice du développement de BlackLine France

La loi PACTE (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises), adoptée définitivement il y a plus d'un an, a durci les sanctions contre les mauvais payeurs avec, notamment, la procédure de « name and shame », permettant la divulgation des noms des contrevenants. Depuis lors, les amendes pleuvent pour retards de paiement sur les grands groupes : selon Bercy, plus de 130 entreprises ont été mises à l’amende durant les 3 premiers trimestres 2019, tandis qu’elles seraient pas moins de 377 à avoir été sanctionnées l’année d'avant, pour un total avoisinant les 29 M€.

Les contrevenants à la loi PACTE sont-ils de mauvais payeurs, ou bien manquent-ils de contrôle sur leurs processus de paiement ? Pour Agnès Pannier-Runacher, Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, les retards de paiement, le plus souvent le fait de grandes entreprises, résulteraient d’un traitement trop administratif de la part de certains acteurs.


Les retards de paiement sous le radar des financiers


En effet, pour les grands groupes, ces processus se résument parfois à « Je ne paie que quand tous les contrôles sont bons. » Or la complexité des processus et des contrôles va croissant du fait de l’historique, des opérations de croissance externe, de la multiplication et de l’hétérogénéité des systèmes informatiques. Pour le processus de règlement, on trouve encore des sources d’information multiples (comptabilité fournisseurs centralisée, direction des achats, différentes filiales ou centres de profits plus ou moins indépendants, …) et de nombreuses procédures de contrôle (rapprochement entre facture et bon de commande, validation de la facture par les achats, par le commanditaire, etc.)

De nombreuses tâches sont encore effectuées manuellement, et donc potentiellement sources d’erreurs ou de dysfonctionnements. Par exemple, pendant les vacances d’été, les retards de paiement peuvent s’allonger car de nombreuses personnes ne sont pas là pour effectuer leurs contrôles, stoppant net le processus.

Ces premières amendes mettent en évidence que certains DAF n’ont aucune visibilité sur l’impact de ces lourdeurs sur leurs délais de paiement. Or on ne peut pas mettre sous contrôle ce qu’on ne voit pas, ce dont on n’a pas idée. Les solutions sont multiples. On pourrait cartographier précisément les processus de règlement, en identifier les potentiels points de blocage et automatiser tout ce qui peut l’être, afin que les équipes puissent se concentrer sur la gestion des exceptions.


Le
name and shame va-t-il permettre de changer les priorités ?

En parallèle, mettre en place un reporting adapté permettrait de suivre les retards de paiement avec précision pour alerter la direction sur l’ampleur du phénomène avant que celui-ci soit révélé par l’administration fiscale. Les technologies existent pour repérer ces anomalies et automatiser ce qui peut l’être. Mais leur déploiement résulte d’une volonté de la direction financière, voire de la direction générale.

Or, gérer ces retards de paiement ne semble pas être une priorité des directeurs financiers pour le moment. Selon l’étude PwC publiée en décembre 2018,  « Priorités 2019 du directeur financier », dans un grand groupe, la gestion du cash et l’optimisation des processus apparaissent en dernière et avant-dernière position de ses préoccupations, derrière le pilotage de la performance ou la contribution à la croissance. Pour une PME, la gestion du cash est la 3ème priorité. Le name and shame de la loi PACTE risque de sensiblement modifier la donne pour la version 2020 de l’étude de PwC.

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