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[Opinion] Les bouffons de la commedia dell’arte ont eu raison d’un ancien de Goldman

Par l'équipe de gestion Swiss Life

Les Italiens ont voté et l’Italie, comme les marchés, se réveille avec la gueule de bois. Le pays pourrait (les résultats ne sont pas définitifs et ne le seront qu’après proclamation par la Cour de Cassation) renouer avec ses vieux démons et le décor se met en place, avec ses personnages.

« L’Italie est pauvre, mais les Italiens sont riches… », or, ces mots de citoyens italiens, voire de contribuables italiens, ont perdu un peu de leur sens et de leur cynisme, depuis que le pouvoir central, et Mario Monti en tête, s’est attaqué au portefeuille de ses administrés pour réduire à marche forcée la dette italienne : 90 milliards en trois ans, c’était sans doute trop, trop vite et le rejet est massif, surtout, quand, en face de la rigueur, on propose la démagogie la plus totale. N’oublions pas que S. Berlusconi, qui s’est fait une réputation, grâce au mensonge et à la manipulation, dispose d’une bonne partie des médias et, si, visiblement, il n’a pas menti sur les sondages, il a manipulé une grande partie des électeurs en état de grande faiblesse.

Mais, encore plus étonnant que le retour en force de S. Berlusconi, l’ émergence d’un nouveau parti dirigé par Bepe Grillo, qui se trouve propulsé premier parti italien, traduit le désarroi de beaucoup d’Italiens. Pourtant cette force protestataire peut éventuellement s’avérer être un vivier pour Bersani qui aura la main sur la Chambre des Députés. En effet, ce parti des cinq étoiles, qui se veut entre populiste et anarchiste, rassemble des gens venus d’horizons assez différents, seulement unis par le refus du changement, bien qu’ils appellent au changement ; celui qui devrait être pressenti pour former un gouvernement, s’il n’a pas en fin de compte la majorité au Sénat, devra composer et assurer la continuité de la politique de M. Monti en adoptant un rythme qui permette à l’économie italienne de ne pas rester en récession.

Cela veut dire que, non seulement les mesures fiscales et budgétaires devront être plus supportables, mais aussi que les réformes structurelles (droit du travail par exemple) devront se poursuivre en ménageant pour chacun les adaptations nécessaires et non à la hussarde ; on n’efface pas d’un trait de plume des décennies de démocratie chrétienne et de « combinazione », sans oublier le poids de l’économie souterraine…

Si cette évolution vers davantage de croissance est une des solutions, on sait également qu’elle est souhaitée par d’autres Etats, tels que la France et pour les pays, dont les institutions favorisent une certaine instabilité politique, il est clair que cela stabiliserait les équipes gouvernantes ; cela ne peut être que favorable à l’activité économique. Si malheureusement ce schéma ne pouvait permettre à l’Italie d’échapper à une crise politique, une autre solution consisterait à appeler à nouveau les Italiens aux urnes, en ayant pris soin auparavant de modifier la constitution, pour favoriser une forme de bipartisme ou de scrutin majoritaire, en supprimant déjà la proportionnelle ; rappelons-nous, que ce mode de scrutin avait empoisonné la IVème République en France… M. Monti pourrait être l’artisan de cette réforme en expédiant « les affaires courantes ».

Car, à vouloir trop bien faire, la constitution italienne prévoit un bipartisme parfait, ce qui est très rare, mais conduit à des crises de régimes. Bien sûr ces conséquences politiques sont de nature à perturber les marchés au-delà même de la zone euro.

Nous pensons cependant que la solidarité continuera à jouer entre les différents partenaires et, nous l’écrivions encore récemment, l’euro ne sera plus remis en cause. Bien sûr, cela ravive la nervosité sur les marchés actions et sur les taux, mais quoi de plus naturel dans la mesure où le dénouement prendra encore quelques jours, voire plusieurs mois ?

Le taux de rendement du 10 ans italien s’est hissé à un plus haut de trois mois à 4.92%. C’est d’autant plus significatif que ce rendement se rapprochait des 4%, hier en début d’aprèsmidi, alors qu’un sondage donnait la majorité au centre gauche pour les deux chambres.

Cette volatilité a été visible également sur les actions au travers de la hausse violente (près de 5%) des indices de volatilité des bourses européennes et américaines (resp. V1X et VIX). Dans ce contexte tendu, les commentaires de Weidmann (Bundesbank) incitant la France à respecter la cible de déficit de 3% et montrer l’exemple en qualité de « poids-lourd » européen, accentuent la problématique de la crise de la dette en zone euro. C’est, il est vrai, un discours de pré-campagne.

L’eonia swap à 2 ans chute significativement ce matin à 0.18%, après un plus haut à 0.39%, le 28 janvier dernier. La politique monétaire de la BCE ne devrait pas être modifiée dans les prochains mois, voire pourrait être encore plus accommodante, afin de soutenir à la fois la mise en place des réformes et l’économie de la zone euro.

Nous restons confiants dans la résolution de la crise. Celle-ci ne sera pas linéaire et pourrait prendre un peu de temps. Compte tenu de cette conviction, nous considérons que les tensions sur les rendements obligataires, que nous observons aujourd’hui, sur l’Italie, l’Espagne et les indicesMarkit Itraxx, sont autant d’opportunités d’achat.

Sur les marchés actions, la nervosité est également montée d’un cran, mais, là encore, cela ne remet pas du tout en cause notre scénario pour les mois à venir. Nous sommes simplement confrontés à un problème de dosage entre réforme et rigueur d’une part, et maintien d’un certain niveau de croissance, d’autre part ; dès le début de la crise des dettes souveraines, nous avions mis l’accent sur la difficulté à réussir cette délicate alchimie. Comme tout dosage, il ne peut convenir à tous en même temps et suppose des ajustements. C’est ce qui caractérise cette convalescence.

De son côté, Wall Street a également marqué son impatience et sa déception hier soir mais la réaction était également due au fait que les intervenants s’aperçoivent aujourd’hui que le 1er mars est vendredi et qu’il sera marqué automatiquement par des coupes budgétaires et fiscales, avec leurs conséquences sur la croissance américaine. Donc le stress augmente dans cette perspective. Difficile qu’aucune solution ne soit trouvée pour le fiscal cliff, dût-elle encore être provisoire.

Par rapport à ces deux évènements nous demeurons positifs à moyen terme sur les marchés.

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