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Vers une amazonisation des services financiers européens

Selon un rapport exclusif de PwC pour Luxembourg For Finance, l’agence de développement de la place financière du Grand-Duché, 3 tendances domineront les services financiers européens au cours des 5 prochaines années :

1 - L’Amazonisation, c’est-à-dire le transfert du pouvoir vers le consommateur via des phénomènes de plateforme

2 - L'intégration et le développement de la finance durable

3 - La multi polarisation des centres financiers européens, conséquence du Brexit.

Le rapport exhorte les banques européennes, les gestionnaires d'actifs et de fortune, les services de paiement et les assureurs européens - qui forment un secteur qui a perdu beaucoup de terrain face à leurs rivaux asiatiques et américains depuis la crise financière mondiale - à adopter de manière proactive ces tendances ainsi que leurs thèmes sous-jacents. Les auteurs de ce rapport leur préconisent également d’investir au-delà des objectifs financiers à court terme s’ils souhaitent rester compétitifs. Pour preuve, en 2007, l’Europe et les États-Unis se partageaient les capitaux propres des 10 plus grandes banques mondiales. Aujourd’hui, la Chine possède à elle seule presque 53% des fonds, illustrant le besoin crucial du secteur bancaire européen de se réinventer rapidement.


Tous les secteurs sont confrontés au défi de l’Amazonisation

Le phénomène d’Amazonisation change considérablement les règles du jeu pour l’ensemble du secteur financier européen.

Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? À l’instar d’Amazon aujourd’hui, les nouvelles plateformes en ligne deviendront l’interface client dominant pour le secteur des services financiers en Europe. Les clients de la distribution de détail et les commerciaux pourront rechercher, acheter et gérer des produits sur mesure offrant le meilleur rapport qualité-prix et adaptés à leurs besoins spécifiques. Ces plateformes offriront de nouveaux standards en termes de transparence, de comparabilité et de commodité, qui affecteront directement les 4 principaux secteurs des services financiers.

1 - Les banques européennes devront, quant à elle, rapidement évoluer vers des fournisseurs de solutions complètes et des guichets uniques répondant aux besoins financiers spécifiques de leurs clients tout en agrégeant leurs propres produits aux côtés d’innovations uniquement disponibles auprès de tiers.

2 - Dans le secteur de la gestion d'actifs et de patrimoine, la pression s’intensifiera, due à un changement fondamental des préférences des clients et renforcée par des millenials héritant des milliards des baby-boomers. Cette génération d'investisseurs privilégiera les gestionnaires proposant des offres convaincantes, transparentes et intégrant des critères ESG (environnementales, sociales et de gouvernance). Ces offres devront être associées à une technologie personnalisée et simple d'utilisation. La pression qu’exerce cette nouvelle génération, combinée à un examen réglementaire plus approfondi, permettra de séparer le blé de l'ivraie et conduira à un mouvement toujours plus exigeant pour l’ensemble de ce secteur.

3 - Les sociétés de fintech et les banques alternatives exploiteront davantage les possibilités de paiement au point de vente dans une société européenne utilisant de moins en moins l’argent liquide tout en utilisant notamment l'IA pour tirer parti des inefficacités des transferts transfrontaliers de fonds. La valeur des transactions de paiement mobile mondiales devrait d’ailleurs atteindre environ 2,14 Mds$ en 2023, avec un taux de croissance annuel moyen de 32% à partir de 2018. Les acteurs traditionnels devront donc chercher à suivre ces tendances innovantes et dynamiques, les consommateurs et les petites entreprises cherchant à maximiser la valeur de chaque paiement.

4 - Le secteur des assurances devra se concentrer sur l'amélioration de l'expérience client, en offrant davantage de transparence sur ses produits et leur prix, tout en exploitant les données recueillies afin de fournir à leurs clients une assurance « à la demande » et « à la carte ».


L’Europe doit s’unir et investir pour rester compétitive

« Avec un mouvement global qui combine l’Amazonisation, les technologies qui l’accompagnent et des critères ESG de plus en plus impactants, les acteurs traditionnels doivent faire un effort concerté pour se rassembler, se concentrer et investir s’ils veulent continuer à faire face à la concurrence mondiale, explique John Parkhouse, Senior Partner chez PwC Luxembourg.  
Nous recommandons aux entreprises d’essayer de bousculer leurs codes pour devenir rentables, agiles et compétentes, en privilégiant l’utilisation efficace des données et des nouvelles technologies. Il faut également qu’elles valorisent les services transfrontaliers et accordent une nouvelle importance à l’innovation et à la numérisation, ce qui peut être réalisé en renforçant l’Union européenne des marchés des capitaux et des banques, ainsi qu’en alignant les efforts au niveau national ».


Nicolas Mackel, Directeur Général de Luxembourg for Finance, poursuit : « une démonstration de leadership est un autre élément clé pour assurer la prospérité du secteur des services financiers au-delà de 2025.
La menace posée par le changement climatique prouve à quel point il est important que l'Europe prenne à bras le corps tous les aspects de la finance durable, en intégrant par exemple la taxonomie d'investissement ou en comblant le déficit de financement nécessaire pour atteindre les objectifs de développement durable des Nations Unies. »  


Le Brexit, un mal pour un bien à terme ? 

Le rapport reconnaît que la perte de Londres par l’UE constituera un revers pour le secteur des services financiers du continent, ce qui pourrait nuire à sa compétitivité face aux principaux hubs américains et asiatiques de New York et de Shanghai, à court et moyen terme. Toutefois, le rapport souligne que le Brexit aura pour conséquence positive de renforcer les différents centres financiers de l'Europe - principalement Francfort, Luxembourg, Paris, Amsterdam et Dublin, avec leurs propres forces et spécificités.

Nicolas Mackel conclut : « le Brexit oblige les places financières européennes à affiner leurs spécialisations et à montrer comment elles sont complémentaires. Les entreprises de secteurs divers choisissent délibérément différents sites pour y placer une partie de leurs infrastructures et de leurs opérations, en fonction d'une longue liste de facteurs et en se fondant sur l'écosystème financier existant.

Avec le temps, alors que Londres voit une érosion progressive de son importance, cet effet de multipolarisation permettra à l'Europe de tirer parti de l'expertise combinée du continent afin de rivaliser avec les autres places mondiales ».

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