il y a quelques jours, 1% for the Planet France
et l’initiative 1% pour les Glaciers ont donné rendez-vous au Carreau du Temple
pour un événement exceptionnel visant à faire entendre « La Voix des Glaciers
», une voix trop longtemps étouffée malgré un effondrement silencieux bien
réel.
Alors que l’Année
internationale de la préservation des glaciers, proclamée par l’UNESCO, touche
à sa fin, l’initiative a dévoilé un dispositif aussi artistique qu’engagé : un
vinyle entièrement conçu en glace, issu de l’eau de fonte des glaciers alpins,
qui se consume inexorablement au fil de sa lecture. Une œuvre manifeste, à la
fois fragile et puissante.
Une œuvre unique : un
vinyle de glace qui fond en direct
« La Voix des Glaciers
» est portée par l’artiste Mosimann, qui prête sa voix au glacier lui-même. Le son original
repose sur un travail d’immersion mené par l’artiste sonore Aurélien Buiron
(projet Ghost in the Loop), partit enregistrer les vibrations internes des
glaciers. « Un appel à l’écoute du monde, dans ce qu’il a de plus secret et
de plus vivant », confie ce dernier.
Mosimann incarne la Mer
de Glace. Le message résonne au plus profond des êtres. « Je suis la
mer de glace, je suis la voix des glaciers. Ma voix a été créée avec ce qu’il
reste de mon corps pour défendre les miens. Je suis né au cœur des Alpes.
Depuis des millénaires, je suis le pilier d’un monde vivant. Les animaux, les
plantes, les humains, tous dépendent de moi. Mais la folie des hommes m’a
conduit à ma perte. On me brûle, on me lacère. En 50 ans, j’ai perdu 80% de
mon corps. Mais il n’est pas trop tard pour agir. Faites entendre notre voix
pour que le monde nous écoute enfin et comprenne que nous sauver, c’est aussi
vous sauver. »
L’objet vinyle, imaginé
par le designer Barthélémy Antoine-Loeff - éleveur d’icebergs, comme il
se définit - est conçu à partir d’eau de la Mer de glace récoltée au moment
précis où la fonte commence : « Sa pureté est essentielle. Au contact du
sillon, les cristaux se forment, les stries apparaissent… Le vinyle vit, puis
disparaît sous nos yeux. »
Un état des lieux
scientifique sans équivoque
La matinée s’est ouverte par une conférence rassemblant les acteurs engagés du projet. Isabelle Susini, directrice de 1% for the Planet France, a rappelé l’impact du réseau : plus de 87,7 millions d’euros reversés à des associations environnementales depuis 2002, 900 entreprises membres et plus de
850 associations agréées.
De son côté, le
glaciologue Jean-Baptiste Bosson a dressé un constat alarmant, « +2,2°C dans les
Alpes, -80% du volume des glaciers alpins, +14 000 nouveaux lacs glaciaires
depuis 1990, +23 cm d’élévation du niveau marin global. » Il poursuit : « C’est
une réalité difficile mais à l’heure actuelle nous n’arrivons pas à faire face
au changement climatique. Il s’agit pourtant du plus grand défi de l’histoire
de l’humanité. Le capitalisme n’aura pas d’avenir dans les prochaines décennies
si nous n’adressons pas la question du climat. C’est un leurre total de penser
que nous pouvons faire sans. » Il conclut en soulignant le rôle à jouer des
pouvoirs publics, un message imminent politique.
Un film, une
performance, un message
Le film de Maël
Sevestre, frère de la glaciologue Heidi Sevestre, a été projeté, retraçant
l’expédition sur la Mer de Glace et la création du vinyle. La voix de Mosimann
résonne, donnant corps à un récit où art, science et urgence climatique
s’entremêlent.
La matinée s’est
conclue par la performance de « La Voix des Glaciers » et la présentation du
vinyle de glace. Enfin, un espace d’échanges a permis aux médias de rencontrer
les intervenants.
Cette opération a été initiée et rendue possible grâce à l’agence de communication MNSTR dont le Directeur de création et co-fondateur Louis Bonichon a animé l’événement d’une main de maître en soulignent avec conviction la nécessité de faire entendre La Voix des Glaciers.


