Par
Antony Derbes, Président d’Open Lake Technology.
Et si la vraie fracture
numérique n’était plus entre ceux qui ont les outils et ceux qui ne les ont
pas, mais entre ceux qui savent les utiliser et ceux qui s’en servent mal ?
La transformation
numérique a longtemps été présentée comme une course : il fallait être rapide,
innovant, agile. Les entreprises se sont équipées, parfois à marche forcée.
Plateformes collaboratives, outils de visioconférence, solutions cloud,
intelligence artificielle… tout y est passé.
Mais à force d’empiler
les technologies, beaucoup ont oublié l’essentiel : l’adoption réelle par les
utilisateurs.
Aujourd’hui, le
paradoxe est criant. Les organisations n’ont jamais eu autant d’outils, et
pourtant jamais la productivité, la sécurité et la conformité n’ont autant
dépendu de leur bonne utilisation.
La question n’est plus
« que déployons-nous ? » mais « comment cela est-il réellement utilisé ? »
L’adoption, parent
pauvre de la transformation numérique
Les DSI ont souvent
mesuré la réussite d’un projet à la date de déploiement. Mais le succès d’un
outil numérique ne se décrète pas par contrat : il se construit sur le terrain,
dans les usages.
Trop souvent, la
conduite du changement est sous-estimée, faute de temps ou de moyens. Résultat
: des investissements sous-exploités, des équipes frustrées, et parfois des
risques réglementaires insoupçonnés.
Car mal utiliser un
outil, c’est aussi mal se protéger. Une visioconférence non conforme aux
exigences de conservation légale, un partage de fichier hors cadre RGPD, une
donnée client diffusée sur un canal non autorisé… autant de petits gestes
anodins qui peuvent coûter très cher.
Du pilotage technique
au pilotage de l’usage
Les directions
informatiques évoluent vers un nouveau rôle : celui d’architecte de la
confiance numérique.
Ce rôle ne consiste
plus seulement à maintenir l’infrastructure, mais à garantir la cohérence entre
usage, conformité et performance.
Cela suppose un
changement profond : mettre la donnée d’usage au cœur du pilotage IT.
Savoir qui utilise
quoi, comment, et pourquoi.
Non pas pour
surveiller, mais pour comprendre et accompagner.
C’est cette visibilité,
sur l’adoption réelle, sur la conformité des communications, sur la qualité
d’expérience, qui permet aujourd’hui de transformer la complexité technologique
en valeur mesurable.
Vers une culture
numérique responsable
Les entreprises
européennes, et françaises en particulier, ont une carte à jouer.
Elles peuvent faire de
cette exigence d’usage une force : un modèle d’équilibre entre innovation,
conformité et souveraineté.
Mais cela suppose de
repenser le rapport à la technologie : non plus comme un stock d’outils, mais
comme un écosystème vivant, où chaque utilisateur devient acteur de la
performance collective.
Former, accompagner,
écouter les usages réels : voilà le chantier stratégique des années à venir.
Car la transformation
numérique ne se gagnera pas à coups d’outils, mais à coups d’adoption.
En conclusion, nous
sommes entrés dans une ère où la technologie ne manque plus. Ce qui manque,
c’est le sens et la maîtrise de son usage.
Le véritable défi de la
transformation digitale, ce n’est plus la vitesse du progrès, mais la capacité
à en garder le contrôle.
Réconcilier l’humain et la technologie, redonner du sens à l’usage, replacer la confiance au centre des systèmes : voilà la clé d’une transformation durable, responsable et réellement performante.


