Par Aldric
Dupaïs, Directeur Asset Management Europe chez Linedata.
Le règlement FIDA
marque un tournant pour la finance européenne, en élargissant l’ouverture des
données bien au-delà des paiements pour inclure crédits, assurances, épargne,
investissements et cryptoactifs. Ce cadre ambitieux vise à conjuguer
transparence, innovation et compétitivité, tout en répondant aux exigences
croissantes de protection et de souveraineté numérique. Mais cette avancée
s’accompagne d’un bouleversement pour les acteurs du secteur, confrontés à la
nécessité de réinventer leur relation client et de trouver un nouvel équilibre
entre conformité, agilité et différenciation dans un environnement toujours
plus encadré.
L’ouverture élargie des
données financières ouvre indéniablement la voie à une finance « augmentée »
par la donnée et l’intelligence artificielle, avec l’émergence de services plus
personnalisés et d’innovations dans la gestion des risques. Cependant, cette
évolution accélérée amène à s’interroger sur la capacité réelle des acteurs à
maîtriser la gouvernance de la donnée : multiplication des flux, contrôle
granulaire, gestion des droits d’accès… Autant de défis opérationnels qui
pourraient, à terme, créer de nouveaux risques ou altérer la confiance, si la
complexité prend le pas sur la clarté et la sécurité.
L’open finance favorise
la co-création entre institutions financières, fintechs, acteurs technologiques
et clients, réinventant la chaîne de valeur grâce à des collaborations plus
dynamiques et évolutives. Cette dynamique appelle à repenser les frontières
traditionnelles de la concurrence au profit d’écosystèmes ouverts et de
nouvelles formes de confiance. Là où d’autres régions du monde privilégient
souvent la dérégulation ou la domination technologique de quelques acteurs,
l’Europe cherche à instaurer un espace commun de confiance et de dialogue entre
institutions, entreprises et citoyens. Ce modèle par le consensus, parfois
perçu comme lent ou complexe, est porteur d’une vision : celle d’un écosystème
data-driven où la transparence, la réversibilité des choix et la maîtrise
individuelle de la donnée deviennent les socles d’une confiance renouvelée dans
la finance du XXIe siècle. Cette approche européenne devra démontrer sa
capacité à stimuler l’innovation sans se transformer en carcan.


