Par Dr Fajer Mushtaq, CEO et co fondatrice d’Oxyle, entreprise spécialisée dans le traitement
de l’eau.
La carte des eaux
contaminées par les PFAS — ces « polluants éternels » — publiée par le
ministère de la Transition écologique, a suscité une forte réaction du public
en révélant l’ampleur d’une menace longtemps sous-estimée. Les zones rouges
s’étendent sur tout le territoire, illustrant une contamination invisible mais
considérable. Au-delà du constat, la technologie permet déjà d’agir. Des
solutions existent pour éliminer ces polluants à la source ; la priorité est
désormais d’en accélérer le déploiement.
PFAS : une pollution
durable et systémique
Les PFAS (substances
per- et polyfluoroalkylées) regroupent plus de 10 000 composés chimiques
utilisés depuis des décennies pour leurs propriétés de résistance à la chaleur,
à l’eau et aux graisses. On les retrouve dans les textiles déperlants, les
emballages alimentaires, les cosmétiques et les mousses anti-incendie. Leur
structure moléculaire quasi indestructible leur a valu le surnom de « polluants
éternels ». Une fois relâchés dans l’environnement, ils persistent et
contaminent sols, nappes phréatiques et organismes vivants. Certains
s’accumulent dans le foie, le sang et le système reproducteur, provoquant des
effets sanitaires reconnus : perturbations hormonales, affaiblissement du
système immunitaire, baisse de la fertilité. Les cartes récemment publiées ne
sont donc pas de simples visualisations scientifiques : elles constituent un
véritable signal d’alerte pour la santé publique et l’environnement.
De la cartographie à
l’action
Cartographier la
contamination est une étape indispensable, mais insuffisante à elle seule.
Mesurer sans traiter revient à diagnostiquer sans soigner.
La véritable utilité de
ces cartes réside dans leur capacité à orienter une action ciblée et
intelligente : hiérarchiser les zones à risque, dépolluer là où c’est le plus
urgent et le plus efficace, et concentrer les efforts sur la réduction des
émissions à la source. Car nous disposons déjà des technologies capables de
traiter et de limiter les rejets supplémentaires de PFAS.
La technologie apporte
des solutions concrètes
Il existe aujourd’hui
un ensemble de technologies qui permettent de traiter la contamination par les
PFAS dans les eaux usées. Les méthodes traditionnelles, comme le charbon actif,
l’échange d’ions ou la filtration par membrane, constituent depuis longtemps la
base du traitement des PFAS à longues chaînes, tandis que de nouvelles méthodes
de destruction repoussent les limites de ce qu’il est techniquement possible
d’accomplir.
Chez Oxyle, nous
concevons des solutions modulaires combinant séparation et élimination pour
traiter même les PFAS les plus persistants, y compris ceux à chaînes courtes et
ultra-courtes. Au cœur de notre approche se trouve OxLight, un procédé de
réduction photochimique exclusif, conçu pour dégrader et défluorer ces
molécules, les transformant en sous-produits inoffensifs.
Le défi est désormais
stratégique : comment déployer ces solutions à la bonne échelle, aux bons
endroits, et assez vite pour faire la différence ?
La réglementation
progresse, mais la contamination continue
L’Union européenne a lancé plusieurs initiatives : la directive sur l’eau potable fixe des seuils stricts
(0,1 µg/L pour 20 PFAS prioritaires, 0,5 µg/L pour l’ensemble des
autres), et l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) prépare une
interdiction complète des usages non essentiels.
En France, un plan
national PFAS a été lancé pour renforcer la surveillance et initier des
opérations de dépollution. Ces avancées réglementaires sont nécessaires, mais
elles doivent être accompagnées de mesures concrètes et immédiates pour réduire
les émissions et assainir les milieux contaminés.
Du diagnostic à
l’action
Les PFAS constituent un
défi que nous pouvons, et devons, relever de manière responsable. S’il reste
encore beaucoup à apprendre sur l’ensemble de ces composés et sur leurs
traitements, nous progressons rapidement dans leur identification, leur
compréhension et leur élimination. Les cartes ont rempli leur rôle d’alerte, nous
entrons désormais dans l’ère de l’action.
Les PFAS appellent une
réponse stratégique, fondée sur les données pour prioriser les sites urgents
tout en réduisant les émissions futures, afin de maximiser l’impact sur
l’environnement et la santé publique.
Chez Oxyle, notre conviction est forte : la technologie disponible aujourd’hui nous permet d’agir et de protéger nos ressources en eau en éliminant durablement les PFAS, même les plus difficiles à traiter.


